Je suis né à Mazamet, dans le sud du Tarn, au pied de la Montagne Noire. Une terre de caractère et d'ovalie. Et comme j'aimais nager à contre-courant, et que mes parents étaient basketteurs dans une région de rugby, j'ai choisi le foot pour m'amuser avec les copains. Laissant le rugby le plaisir des matches du Tournoi à la télé et des dimanches après-midi à La Chevalière ou à Pierre-Antoine.
Avec le recul, je regrette un peu de ne pas avoir toucher un peu plus le ballon ovale dans mon enfance. La faute à des capacités footballistiques qui m'ont conduit à de nombreuses sélections et l'intérêt de clubs professionnels. Inconcevable de filer au Havre ou à Cannes, alors je choisis le Téfécé pour ma formation. J'y intègre une équipe de mammouth qui ira jusqu'en finale du championnat de France. Malgré ma belle patte gauche, je ne perce pas et reviens un peu trop vite chez maman. La suite est gâchée par trop de blessures pour espérer raccrocher le wagon.
L'avenir sportif s'inscrit alors ailleurs que sur un terrain. Prof ? Pourquoi pas. Je tente. Journaliste ? Intéressant. L'actu me passionne. Je fonce. Je toque à toutes les portes et inonde mon CV de stage ou expérience dans toutes les rédactions. La Dépêche du Midi, Le Nouvel Obs, Télé Matin, Sud Radio, RMC, France Bleu... Diplôme de journalisme en poche, je signe à Europe 1 Sport et m'installe à Paris. La radio c'est mon dada. Mais l'expérience tourne court. Europe 1 ne veut plus d'Europe 1 Sport, il faut quitter le bateau avant qu'il ne coule. Le 10 Sport m'offre une opportunité, je la saisie, avant de tout quitter et retourner à Toulouse. On est en 2011. La suite du match, c'est avec Sud Radio que je la joue. Mais là encore, la météo n'est pas bonne. Le plan social siffle le renvoie aux vestiaires. Heureusement, Canal+ m'offre des prolongations. Direction les bords de terrains de Top14 et de ProD2. Radio France aussi fait appel à moi, pour commenter le rugby, ou le Téfécé. Mes deux amours. On y revient.
Expertises
A jouer au foot dans une région de rugby, et aimer le rugby dans une société de foot, je suis la preuve même qu'on peut partager son amour entre les cochons et les manchots et rêver autant de Dragan Stojkovic que de Philippe Sella. Ne me demander pas de trancher entre les deux sports, je ne le ferai pas. A chacun ses spécificités et ses valeurs. Je sais où prendre quoi. Je préfère d'ailleurs dire que je suis avant tout un passionné de sport et d'aventures humaines. J'ai d'ailleurs pris autant de plaisir à Roland Garros ou sur les routes du Tour de France. J'aime les événements sportifs, voilà tout. Comme un gamin, je frissonne encore devant les chants bayonnais, les attaques au sommet, les buts de Mbappé, et les relances désespérés depuis les 22 mètres. Je ne m'en lasse pas. Ni d'un match à Aurillac en plein hiver, ni d'un 32e de finale de Coupe de France. J'ai trop de respect pour les acteurs. Alors comprenez que j'ai encore les larmes aux yeux parfois. Parce que je vis le moment de toute sa force. Et que quand le XV de France pénètre sur la pelouse de Saint-Denis, au milieu d'une enceinte bouillante et plongé dans le noir, je pleure.
En bref
Un sportif : Philippe Sella. Un joueur magnifique, élégant et efficace. Le meilleur centre de son époque. Une posture parfaite ballon en main. Trop gamin pour tout voir et tout comprendre de son talent, j'ai ensuite connu l'homme, discret, humble et chaleureux. La classe !
Un footballeur : Andrès Iniesta. La preuve que le football est un sport collectif, que la technique est essentielle et magnifique quand elle permet de faire briller les autres. Zidane, Modric, dans le même style...
Un club : Le Toulouse Football Club. Plus jeune, j'ai porté le maillot comme une récompense, et le brassard avec honneur. Quand on a le sang violet, c'est pour la vie.
Un entraîneur : J'ai beaucoup d'estime pour Erik Mombaerts et Christophe Pelissier, deux techniciens professionnels que j'ai eu l'honneur de côtoyer, et qui ont jugé pendant un temps que mon pied gauche méritait considération. Merci à eux.
Un président : J'en ai connu des bons, des sympas et des pas drôles. Je leur trouve du mérite. Mais à mes yeux, le plus charismatique reste Bernard Tapie. Vous connaissez d'autres présidents qui sont acteurs, chanteurs, animateurs, ministres, et qui dans le monde du sport ont gagné le Tour de France et la Ligue des Champions ?
Une victoire : France - Brésil, le 12 juillet 1998. Indélébile. J'y étais, avec mon paternel. Du départ en métro vers le Stade de France à la nuit brouillonne sur les Champs Elysées, tout reste en mémoire, malgré les années.
Une défaite : Finale de la Coupe du monde de rugby 2011 : France - Nouvelle-Zélande. Le XV de France ne méritait pas vraiment d'être en finale, mais ne méritait pas non plus de la perdre. Dans les dernières minutes, Richie McCaw est mille fois hors-jeu. Et Mr Joubert ne siffle rien.
Une compétition : Le Top 14. Le meilleur championnat du monde. Mieux qu'une série sur Netflix. Impossible de savoir qui va gagner. Des surprises tous les week-ends. Les meilleurs joueurs du monde. Des matchs magnifiques. Et le plus beau des trophées : le Bouclier de Brennus. Je ne m'en lasse pas.
Un souvenir d'enfance : Le titre du Castres Olympique en 1993. Le lendemain, le peuple tarnais attend les héros au stade Pierre-Antoine pour voir le Bouclier. J'y suis. La patience est de mise. L'avion des joueurs tourne au dessus de nos têtes et tarde à atterrir. La fête est folle. Vingt ans plus tard, le CO est au Stade de France pour un nouveau Bouclier. Cette fois je commente le match à la radio. Et le CO gagne. J'ai repensé au gamin impatient sous le soleil de 93.
Un rêve : L'automne prochain, la France du rugby va enfin avoir droit à son titre mondial. La bande à Antoine Dupont et Romain Ntamack va logiquement surclasser l'Irlande, l'Afrique du Sud et les All Blacks. Un peu comme les Bleus de 98, une équipe tricolore va triompher sur son sol. C'est écrit.
