EXCLU - Emile Ntamack : «Les Blacks ne sont pas malades, lls seront prêts !»
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

A quatre jours de l’ouverture de la Coupe du monde en France, Émile Ntamack se confie au 10 Sport sur l'absence de son fils Romain, privé de Mondial en raison d'une blessure au genou. L’ancien international et entraîneur des arrières des Bleus finalistes en 2011, nous parle aussi de l'attente autour des Bleus qui joueront le premier match face aux All Blacks vendredi.

Émile, pouvez-vous nous donner des nouvelles de Romain suite à son opération ?
Il est en pleine rééducation. L’opération du genou s’est bien passée jeudi dernier. L’intervention du chirurgien a été satisfaisante. Le ménisque était touché aussi, donc ils ont tout nettoyé. Maintenant, tout est propre. Le genou n’était pas gonflé. Et dès le lendemain, il a commencé la rééducation à Médipôle. Et il y est actuellement.

Romain a impressionné tout le monde dans l’acceptation de sa blessure. Il s’est montré fort malgré la déception. Cela vous a-t-il surpris ?
Oui et non. Sa réaction nous a fait du bien à tous. Cela ne m’a pas surpris. Je vois qu’il est grand aussi en dehors du terrain. Il est assez exemplaire. Il sait prendre les choses à leurs justes valeurs. Il sait prendre la distance quand il faut. Il sait relativiser. Même si c’est douloureux. Il ne cache pas forcément sa déception. Mais il a basculé sur autre chose. Et puis il faut relativiser avec des moments plus difficiles, plus importants. Pour lui, l’important était de dire que ce n’était pas la fin du monde non plus. C’est malheureux. C’est le premier déçu. Mais demain il fera jour, et la vie continue.

«Le groupe doit rester fort, même dans la tempête»

On imagine que vous avez été triste de le voir quitter les Bleus à quelques jours du Mondial ?
Ça a marqué beaucoup de personne. Romain fait partie de cette équipe depuis quatre ans. Il fait partie des éléments sur lesquels on pouvait s’appuyer pour aller chercher ce titre tant convoité. Quand on perd un joueur de ce calibre, c’est forcément dur pour le groupe, et dur pour le joueur avant tout. Mais Fabien Galthié a raison de dire aussi que l’objectif continu. C’est pour cela qu’il a préparé un maximum de joueurs, pour pouvoir suppléer. La vie sportive a ses raisons. Elle a aussi ses travers. Il faut savoir anticiper ce genre de bobo. C’est malheureux quand ça arrive. Mais il faut continuer à avancer. Et on est de tout cœur derrière ce groupe, qui doit rester fort, même dans la tempête.

Fabien Galthié a eu un mot pour vous lorsqu’il a annoncé officiellement le forfait de Romain. Cela vous a-t-il touché ?
C’est gentil. Souvent, quand on connaît les personnes, on sait comment ils peuvent réagir et l’attention est forcément touchante. Mais voilà, moi aussi j’ai su passer à autre chose en voyant Romain. Ce qui m’inquiétait le plus, c’était ses sensations, les douleurs qu’il pouvait avoir. Et finalement, de le voir fort comme ça, cela nous a ragaillardi à tous. Donc ça fait du bien.

L'affaire Chalureau : «Forcément, ça fait tache!»

Malheureusement, Romain n’est pas le seul blessé dans le groupe France cet été. Êtes-vous inquiet par cette hécatombe de blessés ?
On a toujours connu des épisodes comme ça. Les petits bobos des uns et des autres avant la compétition. Mais je le répète, le bateau avance malgré tout. Il ne faut pas trop se poser de questions. Ce qui est sûr c’est que l’équipe de France va se présenter à quinze sur le terrain, avec des joueurs sur le banc prêts à rentrer à tout instant. Est-ce que cela suffira ? Ça, je n’ai pas la réponse. Mais le groupe doit continuer à croire en lui comme il l’a fait, malgré les petits écueils. Il faut continuer à avancer. Les blessures étaient envisagées. C’était trop beau jusqu’à présent. Tout se passait trop bien. Ça ne pouvait pas durer. Et ce n’est que le début, il y aura d’autres écueils, il y aura des bobos, et il y aura peut-être aussi des mauvais résultats. Mais le but reste le même. Il faut être champion du monde au bout.

Parmi les écueils, il y a actuellement la polémique autour de Bastien Chalureau, que vous avez connu lorsqu’il était joueur au Stade Toulousain. Quel est votre position par rapport à cette histoire ?
Forcément, nous, à Toulouse, on a suivi l’affaire un peu plus précisément. Donc je ne vais pas prendre parti. Le staff savait ce qu’il en était. L’affaire est en cours. On verra le jugement. Forcément, ça fait tache. Mais c’est comme ça. Je pense que les personnes ont plutôt été censées jusqu’à présent, ils ont su faire la part des choses, c’est le cas du staff, des dirigeants. A eux de voir, de prendre toute la mesure de ces décisions-là.

«Une chose est sûre, les Blacks seront prêts!»

Vendredi, match d’ouverture contre la Nouvelle-Zélande. Après le revers contre l’Afrique du Sud, pensez-vous que les All Blacks sont moins compétitifs qu’avant ?
C’est illusoire de croire qu’on va jouer contre une équipe des Blacks malade. Malade de rien du tout. J’ai vu le match contre les Springboks, même s’ils se font bousculer, en première mi-temps ils collent au score, ils peuvent marquer. On leur refuse un essai. Mais, ce n’est pas du tout une équipe amoindrie qui va se présenter. Il ne faut pas croire ça. Psychologiquement, ils savent très bien l’enjeu. Ils savent très bien depuis le tirage, ce que ça va être de jouer contre la France, pays hôte, en match d’ouverture. Une chose est sûre, les Blacks seront prêts. Quel que soit l’équipe qu’ils présenteront, ils n’auront qu’un objectif, c’est de gagner. On sait tous où on va. Ce match, plus qu’un enjeu de qualification, qui n'en est pas un, c’est un enjeu psychologique très fort. C’est un message envoyé à l’adversaire et à toutes les autres équipes. C’est indéniable. C’est écrit comme ça depuis le début. On sait où on va. Les Blacks aussi.

Sur le papier, avec les All Blacks et les Bleus, l’Irlande et l’Afrique du Sud font figurent de favoris. Ces quatre équipes-là sont-elles au-dessus du lot ?
Oui sans aucun doute. Même si d’autres équipe vont tirer leur épingle du jeu, vont venir jouer les trouble-fêtes. Mais sur la durée et l’enchaînement des matchs, dans la régularité, et dans la qualité du groupe qui va pouvoir voyager sur un mois et demi, ces équipes-là me paraissent bien au-dessus des autres.

Le 8 septembre approche. Sentez-vous l’engouement monter ?
Oui, c’est chouette. On y est. On a attendu ça tellement longtemps. On a compté les années, les mois, les semaines. Depuis que le compte à rebours est amorcé, c’est excitant. Et on y est enfin. Dans les conditions qui sont les nôtres. On aurait aimé être dans de meilleures conditions. On aurait préféré avoir tous nos joueurs sur la ligne de départ. Mais c’est comme ça. En tout cas, on aura une équipe extrêmement déterminée et puis surtout il y aura un peuple derrière, un peuple français qui attend ça et qui est à fond derrière son équipe. On l’a vu sur les matchs d’entraînement, on l’a vu sur les rassemblements. Tout le monde en parle. Tout le monde a énormément d’attente. Pour le moment il y a aucune pression. Mais on attend d’eux qu’ils fassent ce qui n’a jamais été fait. Le bon résultat, c’est le titre de champion. Le reste a déjà été fait. Et sincèrement on y croit. C’est pour cela que cela reste quelque chose de merveilleux et d’excitant.

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