Il y a quelques semaines, le départ d'André Villas-Boas ne faisait aucun doute, dans la foulée de celui d'Andoni Zubizarreta. Et pourtant, le technicien portugais a décidé d'honorer sa dernière année de contrat sur le banc de l'OM. Un revirement de situation qui s'explique par trois raisons précises, comme il l'explique.
Le 14 mai dernier, l'Olympique de Marseille a annoncé se séparer d'Andoni Zubizarreta d'un commun accord. Un départ qui semblait clairement sceller l'avenir d'André Villas-Boas qui n'a jamais caché qu'il liait son futur à celui de son directeur sportif. Et pour cause, les deux hommes sont très proches et le technicien portugais a plusieurs fois rappelé que s'il avait accepté de rejoindre l'OM, c'était en grande partie grâce à Andoni Zubizarreta. Par conséquent, les spéculations concernant le nouvel entraîneur olympien ont rapidement fait parler... avant qu'André Villas-Boas ne fasse machine arrière. Contre toute attente, l'entraîneur lusitanien a décidé d'honorer sa dernière année de contrat, en refusant tout de même une prolongation. Dans les colonnes de L'Equipe, il livre d'ailleurs les raisons de cette volte-face.
Le forcing des joueurs
Et sans surprise, comme l'expliquait ces derniers jours Alvaro Gonazlez, les joueurs ont eu une énorme influence sur le choix d'André Villas-Boas. « Ces moments ont été très difficiles pour moi, c’est très dur de revenir sur ma parole alors que je m’étais exposé publiquement. Tu perds un peu la face. Les joueurs, et seulement les joueurs, ont été la clé pour me faire changer d’avis. C’est d’ailleurs la première chose que j’ai voulu faire le jour de la reprise, leur rendre hommage. J’ai fait une petite réunion à la Commanderie, après les tests Covid, et je leur ai dit merci. J’ai eu beaucoup d’entre eux au téléphone, pendant des jours d’incertitude par rapport à mon futur à l’OM, et ils ont fait en sorte que je change d’avis. Parfois, une personne peut changer d’avis. J’espère qu’à la fin de la saison on dira que c’était une bonne chose. On a bien travaillé cette saison, on mérite la deuxième place, et je suis heureux d’avoir reçu tous ces appels qui,petit à petit, m’ont aidé à changer mon opinion », confie-t-il avant d'ajouter que la Ligue des Champions a également pesé dans sa décision : « Oui, la Ligue des champions, un peu, j’y ai pensé. »
L'hommage à Zubizarreta
Mais alors qu'il voulait absolument partir dans le cas où Andoni Zubizarreta partait, comment expliquer ce revirement de situation ? André Villas-Boas, qui a plusieurs fois assuré que son destin était lié à celui du Basque, fait comprendre qu'en restant à l'OM, il rend un plus bel hommage à son ancien directeur sportif en continuant le travail qu'ils avaient commencé ensemble : « C’est dur, mais le plus grand hommage que je peux faire est de continuer à penser à leur présence ici, à mes côtés. Par exemple avec le mercato qu’on est en train de faire, sur des joueurs que nous avions ciblés en janvier. Ce travail, qu’ils ont fait, est toujours là. Aujourd’hui, j’ai des rapports un peu plus directs avec le président et le propriétaire. Pendant ce moment d’incertitudes, pour la première fois, j’ai parlé directement au téléphone à Frank McCourt. Cela n’était pas arrivé de la saison, il a d’autres choses à penser. On a une ligne directe qui n’était pas là avant, parce qu’on avait une direction sportive qui fonctionnait bien. » Mais il y a bien un autre homme qui a pesé dans le choix du technicien portugais.
La promesse de McCourt
En effet, toujours dans les colonnes de L'Equipe, André Villas-Boas raconte que Frank McCourt a eu une grande influence sur son choix. Le propriétaire de l'OM l'a effectivement directement contacté afin de lui témoigner sa confiance et la volonté de le voir rester, tout en le rassurant sur son implication sur le long terme à Marseille alors que les rumeurs de vente s'intensifient. « Il m’a dit quelque chose de marquant : il voudrait continuer à faire des investissements pour l’OM mais il est mis en difficulté par le fair-play financier. J’ai senti qu’il était sincère, qu’il voulait continuer à investir mais que juridiquement il ne peut pas. De toute façon, Andoni, Albert et moi avions plutôt pensé à l’équilibre des comptes de l’OM, on a toujours su qu’on devait vendre et acheter des joueurs pas trop chers, ou libres, ou prêtés. Moi, j’ai expliqué à Frank que, si je restais, cela aurait un effet direct sur le groupe. Comme on a un bon groupe, établi, des bons rapports entre nous, cela donne envie aux joueurs de rester avec le coach. Si je quittais l’OM, cela pouvait donner envie aux joueurs de chercher des sorties. J’ai voulu bien l’expliquer à Frank et Jacques-Henri. Ils m’ont dit qu’ils voulaient absolument que je reste, et ils m’ont proposé une prolongation (il lui reste un an de contrat). Mais ils sont avertis de l’effet que cela pourrait avoir sur le groupe », assure André Villas-Boas. Ainsi, le pressing des joueurs et le contact direct avec Frank McCourt ont fait la différence afin de le convaincre de faire machine arrière.