Longtemps associée au projet de rachat de l'OM présenté par Mohamed Ayachi Ajroudi, l'Arabie saoudite était jusqu'ici concentrée sur ses négociations pour prendre la tête de Newcastle. Mais coup de théâtre ce jeudi, le pays de Mohammed Ben Salmane a annoncé qu'il renonçait à ce projet. De quoi relancer l'avenir du club phocéen ? Analyse.
Si comme chaque été, les rumeurs de transferts enflamment les supporters, l'avenir de certains clubs est également au cœur de l'actualité cette année. En France, c'est la situation de l'Olympique de Marseille qui fait réagir depuis l'annonce de Mohamed Ayachi Ajroudi il y a un mois, associé à Mourad Boudjellal pour prendre les rênes du club phocéen. Si les deux hommes se sont montrés bavards, ils ont toutefois évité avec adresse l'origine des fonds qui proviennent « du Moyen-Orient » à en croire Boudjellal. Une sortie qui a nourri les fantasmes des supporters de l'OM, d'autant que le Franco-Tunisien a affiché de grosses ambitions en cas d'arrivée sur la Canebière. Très vite, l'ombre de l'Arabie saoudite a plané autour de ce projet, et les versions divergentes se sont multipliées sur le sujet, sachant que le pays de Mohammed Ben Salmane semblait focaliser sur le rachat de Newcastle. Cependant, la piste saoudienne pourrait rapidement refaire surface à Marseille...
Finalement, les Saoudiens tirent un trait sur Newcastle
En effet, après plusieurs mois de discussions pour mettre la main sur Newcastle, le fonds d'Investissement Public (PIF) saoudien a annoncé ce jeudi renoncer à ce projet alors qu'une offre d'achat d'environ 330M€ était jusqu'ici évoquée. « Avec une profonde reconnaissance pour la communauté de Newcastle et l'importance de son club de football, nous avons pris la décision de retirer notre intérêt à acquérir le Newcastle United Football Club. Nous le faisons avec regret, car nous étions enthousiastes et pleinement déterminés à investir dans la grande ville de Newcastle et pensons que nous aurions pu ramener le club à la hauteur de son histoire, de sa tradition et du mérite de ses fans », peut-on lire dans un communiqué dévoilé par Sky Sports. « L'absence de clarté sur les circonstances dans lesquelles la saison à venir démarrera et sur les normes qui seront imposées pour les matches, les entraînements et d'autres activités », justifie le PIF. Il faut dire que ce dossier était mal embarqué dès le début en raison de l'image de l'Arabie saoudite. Amnesty International et HaticeCengiz, veuve de JamalKhashoggi, un journaliste saoudien assassiné fin 2018 dans le consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul, avaient notamment pris position contre ce projet tout comme le Qatar, propriétaire de beIN SPORTS, en conflit avec l'Arabie saoudite. Le piratage de la chaîne sportive par BeoutQ, diffuseur pirate saoudien, avait été confirmé par l'Organisation mondiale du commerce et n'a pas joué en faveur du pays de Mohammed BenSalmane (MBS). Richard Masters, président de la PremierLeague, avait d'ailleurs admis ces dernières semaines que ce dossier était « compliqué » à boucler. L'Arabie saoudite n'aura donc pas (encore ?) son club de football, de quoi braquer désormais les projecteurs sur l'OM.
L'OM, le plan B de Mohammed Ben Salmane ?
Si plusieurs spécialistes, à l'image du journaliste RomainMolina, assurent que l'Arabie saoudite n'est pas intéressée par l'OM, ce n'est pas le même son de cloche chez tout le monde. Ces dernières semaines, HasniAbidi, spécialiste de la stratégie de l'Arabie saoudite et professeur au Global Studies Institute de l'université de Genève, assurait auprès de Foot Mercato que l'Olympique de Marseille était bien dans le viseur des Saoudiens et du prince héritier MohammedBen Salmane en particulier : « Absolument que l'OM retient son attention. Le projet a été présenté. Dans les dossiers d'investissement, du public investment fund (PIF), l'OM, comme Newcastle, est sur la table. Est-ce que MBS a tranché ? L'OM a toujours été un projet de haute importance, pas comme Newcastle. Le championnat français, en termes de retombées, n'est pas le championnat britannique vu par Riyad. On sait qu'il y a plus de flexibilité en termes législatifs du côté britannique. Mais l'OM a deux atouts. Le premier est que la France a un président qui peut convaincre les Saoudiens. Quand un fonds souverain investit, c'est la meilleure des options. Le fonds est public et sous le contrôle du pouvoir politique ce qui offre une garantie. Ce n'est pas comme quand un investisseur achète un club et peut le revendre trois ans plus tard. Un financement étatique rassure tout le monde, notamment l'état français parce qu'il y aura, en parallèle, d'autres investissements souhaités par la France. » La présence du Qatar dans le Championnat de France aurait également son importance ici, de quoi permettre à l'Arabie saoudite de perturber les plans du PSG à moyen terme. D'ailleurs, d'après Le Parisien, le Qatar se méfierait du projet mené par Mohamed Ayachi Ajroudi et serait convaincu de l'implication de l'Arabie saoudite et du prince héritier Mohamedben Salmane dans ce dossier. « Les Saoudiens sont très jaloux des différents succès du Qatar dans le monde du sport, avec ce grand symbole qu'est l'organisation de la Coupe du monde, confiait récemment sur France InfoPascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques, et auteur de plusieurs ouvrages sur la géopolitique du sport. Cette hypothèse de rachat s'inscrirait dans ce que font les Saoudiens depuis deux-trois ans, en investissant massivement dans le sport en hébergeant des grands événements chez eux, comme le Dakar ou la Supercoupe d'Italie. » « Le Qatar a racheté le PSG il y a une dizaine d'années et ça lui a donné une formidable vitrine dont il se sert. Depuis 3 ans, l'Arabie saoudite et les Émirats sont en guerre avec le Qatar, et les Saoudiens veulent se payer un club en France pour essayer de contrer cette offensive en matière de sport, comme les Émirats arabes unis qui en ont un en Grande-Bretagne », expliquait pour sa part GeorgesMalbrunot sur RMC il y a un mois. Malgré l'annonce du retrait de l'Arabie saoudite dans le projet Newcastle, le grand reporter du Figaro ne tire aucune conclusion pour l'heure, expliquant ce jeudi sur Twitter qu'il n'est « pas sûr » que le PIF parvienne à récupérer l'OM via investisseurs méditerranéens. Alors que le flou régnait déjà autour de Mohamed AyachiAjroudi et de ses intentions, cette nouvelle ne risque pas d'arranger les choses.