Transferts : Coup de tonnerre, un piège attend le PSG
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Depuis le début de l’ère QSI, le PSG peine à trouver de la stabilité autour de ses gardiens de but. Plusieurs joueurs ont tenté de cohabiter dans la capitale, en se partageant parfois le statut de numéro 1. Une stratégie qui n’a jamais porté ses fruits au PSG et qui pourrait pourtant reprendre dans les prochaines semaines avec Luis Enrique.

Le chantier des gardiens de but va repartir de plus belle au PSG. Après le grave accident de SergioRico, la formation parisienne prépare le transfert d’un nouveau portier mais reste en pleine réflexion sur le profil recherché. Si le recrutement d’une simple doublure pour remplacer l’Espagnol n’est pas exclue, les dirigeants n’écartent pas l’idée de miser sur un numéro 1 bis capable de concurrencer GianluigiDonnarumma et relancer la hiérarchie. D’après L’Équipe, cette option ne laisse pas insensible les dirigeants, conscients que plusieurs opportunités de marché se présentent à eux (Lloris, De Gea, Kepa…). Le champion d’Europe italien n’est pas parvenu à faire l’unanimité après ses deux premières saisons au PSG, et sa situation pourrait se compliquer avec la nomination de Luis Enrique, réputé pour sa grande exigence avec les gardiens et notamment leur jeu au pied. En bousculant sa hiérarchie, le club de la capitale renouerait avec une tradition qui n’a pourtant jamais porté ses fruits.

2015 - 2016 : Ça chauffe entre Sirigu et Trapp

Installé dans les cages parisiennes au début de l’ère QSI sans que son statut soit remis en question durant quatre saisons (2011/15) après avoir relégué NicolasDouchez sur le banc, Salvatore Sirigu a vu son aventure parisienne basculer avec le recrutement de KevinTrapp à l’été 2015, devenant de ce fait le nouveau portier titulaire du PSG, à la grande surprise de l’Italien. « On m'a répété que j'étais titulaire et que je n'avais pas à m'inquiéter », déclarait-il deux ans plus tard dans les colonnes de L’Equipe, taclant le PSG pour le traitement qui lui avait été réservé. « Le PSG a-t-il tué ma carrière, non, mais il a fait beaucoup pour me donner des coups dans la gueule », lâchait celui qui ne disputera que 12 matches toutes compétitions confondues (dont 3 en Ligue 1) en 2015/16, contre 46 pour son concurrent allemand, pas exempt de tout reproche avec des boulettes contre Bordeaux ou encore le Real Madrid et qui a lui aussi mal vécu l'union forcée. « La situation était un peu tendue. Quand tu as derrière toi quelqu’un qui ne te souhaite que du mal, c’est aussi désagréable pour l’ambiance dans l’équipe des gardiens », révélait-il dans Kicker en 2022.

Salvatore Sirigu enchaînera les prêts en Espagne (Séville et Osasuna) avant de quitter définitivement le PSG en 2018 par la petite porte. « On a appelé mon agent pour lui dire que je devais dégager, sans plus de discussions. Il y a juste eu un manque de respect du PSG, regrettait-il dans L’Equipe. Certaines personnes se sont mal comportées avec moi. (…) C'est comme dans la vie, quand on quitte quelqu'un, il faut être juste. (…) J’ai été traité comme un jeune de la CFA à qui l’on dit de partir. »

2016 - 2018 : Areola prend la place de Trapp

Salvatore Sirigu parti, AlphonseAreola en profite pour retrouver son club formateur après un prêt concluant à Villarreal. Le titi parisien entre en concurrence avec KevinTrapp et parvient à disputer 27 rencontres sous le maillot rouge et bleu lors de la saison 2016/17, dont les 6 matchs de poule de la Ligue des champions. L’Allemand, lui, apparaît à 31 reprises et se retrouve titulaire pour la double confrontation face au FC Barcelone en Ligue des champions, dont la remontada qui lui collera à la peau avec six buts encaissés.

Lors de l’exercice suivant, AlphonseAreola chipe pour de bon la place de titulaire à Kevin Trapp (43 matches au compteur pour le Français contre 14 pour sa doublure) mais déçoit et se fait surtout remarquer par sa fragilité. La cohabitation entre les deux hommes apparaît donc comme un échec sur un plan sportif, bien que leur relation ait été bonne à en croire Kevin Trapp, interrogé en 2022 par Canal+ avant des retrouvailles avec le joueur de WestHam : « Alphonse, c’est un très bon mec, très gentil. On a vécu un certain moment ensemble au PSG. On s’est bien entendu. La concurrence est normale dans un club comme le PSG, on le voit aujourd’hui. »

2018 - 2019 : Buffon vient tout relancer

Et le PSG n’a pas l’intention ensuite d’apporter davantage de stabilité dans ses cages en décidant de recruter Gianluigi Donnarumma (40 ans) à l’été 2018. Les cartes sont alors redistribuées, Kevin Trapp retournant à l’Eintracht Francfort après avoir été relégué en tant que numéro 3 le temps de quelques semaines. AlphonseAreola et la figure historique de la Juventus se partagent quant à eux le temps de jeu sans qu’aucune hiérarchie claire ne soit établie. Un pari perdant, marquée surtout par l’élimination parisienne contre ManchesterUnited en huitièmes de finale de la Ligue des champions dont GianlugiBuffon est l’un des grands responsables avec sa faute de main sur une frappe de Marcus Rashford.

Une saison et puis s’en va pour le champion du monde 2006, refusant d’être la doublure attitrée la saison suivante. « Je dois dire que mon départ a probablement été la plus grosse erreur de ma carrière. Pourquoi? Ils m'ont dit ‘Gigi, nous sommes très heureux, mais tu ne commenceras pas en tant que titulaire en Champions League. Areola jouera’. Je me suis dit que ce n'était pas juste, confesse Buffon en mars 2023 sur la chaîne YouTube Bobo TV. C’était une question de respect, poursuit-il. Comment peut-on vous dire en mars que vous ne jouerez pas l'année prochaine? Qu'est-ce que c'est que ce jeu? Ce n'est pas du sport. »

2019 - 2021 : Le PSG tient enfin sa pièce maîtresse avec Navas, puis recrute Donnarumma

Durant l’été 2019, le PSG frappe fort en s’attachant les services de KeylorNavas, barré par ThibautCourtois au Real Madrid. AlphonseAreola fait alors le chemin inverse, permettant au club de la capitale d’établir pour la première fois depuis longtemps une hiérarchie claire, faisant de SergioRico son suppléant. Les deux joueurs nouent alors une amitié forte, permettant au Costaricien de s’épanouir sans être menacé. « Ils sont un peu comme deux frères, confiera un proche du vestiaire du PSG dans Le Parisien. C’est rare de voir ça, ça bosse, ça rigole, il y a un respect mutuel. Rico joue très bien son rôle de numéro 2, il fait tout pour pousser Navas. C’est magnifique pour un numéro 1 de voir sa doublure comme ça. »

Un binôme qui restera en place deux ans, jusqu’à l’arrivée de GianluigiDonnarumma. Libre après la fin de son engagement avec l’AC Milan et porté par le titre de l’Italie à l’Euro à l’issue duquel il sera élu meilleur joueur du tournoi, le gardien transalpin s’engage en faveur du PSG et oblige KeylorNavas à partager son temps de jeu (24 rencontres pour l’Italien, 26 pour le Costaricien). Un sacré casse-tête à gérer pour Mauricio Pochettino, qui choisira de ne jamais trancher formellement, n'aidant pas les principaux concernés à s’affirmer, les deux joueurs étant insatisfaits de cette situation. « C'est sûr, ce n'est pas facile, tu dois savoir gérer cette situation particulière, confiera plus tard DonnarummaKeylor et moi sommes deux bons garçons, on s'entendait bien, mais c'est normal que ce soit difficile. »

Barré par le champion d’Europe italien, avec qui les relations auraient parfois été tendues, Keylor Navas s’envole pour l’Angleterre et Nottingham en janvier 2023 après une première partie de saison sur le banc. Donnarumma, lui, n’a pas profité de ce départ pour s’imposer pleinement du côté du Parc des Princes, de quoi amener aujourd’hui le PSG à envisager aujourd’hui une nouvelle cohabitation qui peine pourtant à lui réussir.

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