Alors que le projet de la Super Ligue européenne né la semaine dernière a concentré de nombreuses critiques, Florentino Pérez a tenu à répondre à celles-ci en apportant sa version quant au projet qu’il aimerait lancer.
Longtemps un serpent de mer, le projet de la Super Ligue européenne a officiellement été lancé la dernière par douze des plus grandes écuries européennes. Seulement voilà, le moins que l’on puisse dire est que la montagne a finalement accouché d’une souris. Effectivement, à peine quarante-huit heure après l’annonce en grande pompe de la compétition, l’immense majorité des clubs concernés a annoncé son départ face à la vague d’indignation qu’a suscitée le projet. Les six clubs de Premier League ont emboité le pas (Manchester City, puis Manchester United, Arsenal, Tottenham, Liverpool et Chelsea), avant d’être suivis par l’Atlético de Madrid et l’Inter, tandis que l’AC Milan a émis un communiqué qui semble laisser en suspend sa participation à la Super Ligue européenne. Ainsi, les seuls clubs encore pleinement impliqués sont les deux instigateurs que son la Juventus et le Real Madrid ainsi que le FC Barcelone. Fort logiquement, ces trois clubs concentrent toujours des critiques pour leur attitude, mais FlorentinoPérez a tenu à assurer sa défense en rappelant l’objectif de son projet.
Pour Florentino Pérez, la Super Ligue n’est pas morte !
« La société existe et les partenaires qui composent la Super Ligue aussi. Ce que nous avons fait, c'est de nous donner quelques semaines pour réfléchir face à la virulence avec laquelle certaines personnes qui ne veulent pas perdre leurs privilèges ont manipulé le projet », lâche en premier lieu le président du Real Madrid au cours d’un entretien paru dans AS ce samedi. Le ton est donné : la Super Ligue européenne existe toujours, n’en déplaise à l’UEFA et à tous les clubs qui n’ont de cesse de s’indigner contre son projet qualifié d’égoïste et de cupide. Des accusations réfutées par Florentino Pérez, qui assure que l’objectif de cette compétition est aussi d’aider les plus petits clubs. « Tout a été manipulé. Ce n'est ni un plan d'exclusion et il ne va pas à l'encontre des ligues. Le projet Superligue est le meilleur possible et a été fait pour aider le football à sortir de la crise. Le football est gravement blessé parce que son économie est en train de sombrer et que nous devons nous adapter à l'époque dans laquelle nous vivons. La Super League ne va pas à l'encontre des championnats nationaux et vise à verser plus d'argent pour tout le football. Il a été conçu pour donner plus d'intérêt aux parties. Et je crois que la nouvelle réforme de l'UEFA ne résout pas non plus le problème parce que ce qui a été présenté n'est même pas meilleur que ce qu'il y a. Et d'ailleurs, nous ne pouvons pas attendre 2024. Mais en fin de compte, quelque chose que nous aurons mal fait. Faisons un tour et confrontons les idées. Peut-être que les quatre premiers de chaque pays sont la solution. Je ne sais pas, mais il faut faire quelque chose parce que les jeunes, âgés de 14 à 24 ans, abandonnent le football parce qu'il les ennuye devant d'autres divertissements qu'ils préfèrent. Il y a 4 milliards de fans de football répartis dans le monde entier et la moitié d'entre eux sont fans de clubs de Superligue. Le football est le seul sport mondial », martèle Florentino Pérez.
« Il faut le faire aussi vite que possible, mais il faut d'abord expliquer le projet à des gens de bonne foi »
Le discours est clair, le patron du Real Madrid entend grandement renouveler le football européen par le biais de cette Super Ligue qui, selon lui, ne lèsera jamais les plus petites équipes. « La réalité est que s'il y a des matchs plus intéressants et compétitifs, plus d'argent entrera dans le football. Et ce sera pour tout le monde, pas seulement pour quelques-uns, car les ligues nationales vaudront beaucoup plus. Et nous avons également des montants importants pour la solidarité, qui est un pilier très important du projet », indique Florentino Pérez. Une théorie du ruissellement appliquée au football donc, et ce dans un contexte où le football va très mal économiquement selon lui : « Passons aux données : le rapport du cabinet de conseil KPMG, au cours des trois mois de pandémie qui ont touché la seule saison dernière, a entraîné des pertes des douze clubs de Superligue pour 650 millions d'euros. Cette année, avec la saison complète en pandémie, les pertes iront entre 2 et 2,5 milliards d'euros. Les Girondins viennent de faire faillite. Soit nous faisons quelque chose bientôt, soit de nombreux clubs feront faillite ». Toute la question est maintenant de savoir à quel moment cette Super Ligue pourrait bien être lancée, si tant est qu’elle puisse l’être de manière durable. Mais aux yeux de Florentino Pérez, le temps presse plus que jamais. « Il faut le faire aussi vite que possible, mais il faut d'abord expliquer le projet à des gens de bonne foi, qui ont été manipulés par ceux qui n'avaient d'autre objectif que de défendre leurs privilèges. Peut-être pensent-ils que c'est comme ça qu'ils vont bien faire, mais ils ont tort », affirme le président du Real Madrid. Encore faudra-t-il qu’il n’ait pas perdu toute crédibilité face à la vague de contestations que son idée a subi ces derniers jours.