Nommé président de l’Olympique de Marseille en février, Pablo Longoria se montre très motivé à l’idée de lancer le nouveau chapitre du projet McCourt, qui se veut proche des valeurs de la ville et de la passion des supporters pour le club phocéen.
Accusé d’être trop éloigné des valeurs de l’Olympique de Marseille après ses nombreuses déclarations polémiques, Jacques-Henri Eyraud a été mis à l’écart par FrankMcCourt en début d’année, peu après les débordements survenus à la Commanderie. Un moyen pour l’homme d’affaires américain de mettre fin à la crise profonde qui sévissait à Marseille et repartir d'une feuille blanche. Outre les résultats sportifs décevants, un désaccord profond existait entre André Villas-Boas et PabloLongoria sur la politique sportive du club. La guerre entre Jacques-Henri Eyraud et les supporters a donc été la goute d’eau qui a fait déborder le vase, obligeant McCourt à réagir. Longoria a ainsi été nommé président de l’OM, tandis que JorgeSampaoli a pris la succession de Villas-Boas, après un intérim assuré par NasserLarguet. Plusieurs changements de taille nécessaires pour repartir sur de nouvelles bases saines en vue de la saison prochaine. À l’occasion d’un entretien pour le quotidien El Pais, Pablo Longoria s’est prononcé sur ses ambitions à la tête de l’Olympique de Marseille.
« Marseille est une ville très passionnée »
Nommé à la présidence du club phocéen dans un contexte très tendu, PabloLongoria a notamment expliqué comment il comptait faire remonter la cote de popularité de l’OM chez les supporters : « Pour la direction d'un club de football, la seule façon de réagir est d'essayer de faire du football pour les gens, en respectant les valeurs historiques et les particularités du club pour lequel vous travaillez. Il est fondamental de retrouver l'essentiel : jouer au football pour donner du plaisir à ses fans. Quand vous êtes manager, c'est comme si les fans vous donnaient quelque chose : "gérez ma passion et mes sentiments". Le football est un véhicule social qui vous permet d'éprouver une série de sentiments que votre vie quotidienne ne vous procure pas. En tant que manager, vous êtes le garant des sentiments des gens. » Une ambition qui justifie ainsi l’arrivée de JorgeSampaoli sur le banc de touche. La nomination de l’Argentin a rapidement suscité l’emballement du public grâce à ses idées de jeu et à sa filiation avec MarceloBielsa, qui a laissé un grand souvenir à l’OM. « Si je l’ai choisi, c’est pour revenir à la sensation pure de Marseille. Il est fondamental que tout spectateur qui se rend au stade ressente une identification, explique Longoria à El Pais. La décision a été prise sur deux points : un point sentimental, car Sampaoli s'adapte parfaitement à la mentalité de la ville et du club, en récupérant les valeurs historiques ; et d'autre part avec une proposition footballistique que les gens d'ici exigent. Une pression haute, une agressivité après la perte du ballon, essayer de garder la possession du ballon pour être une équipe qui peut défendre en bloc haut dans la plupart des actions... Ce modèle est beaucoup plus ancré dans la mentalité de ses supporters que chez les autres. Ce n'est pas du suprématisme. Mais Marseille est une ville très passionnée et vous devez avoir une approche tout aussi passionnée du jeu. »
« L’OM, le Boca Juniors d’Europe »
Même s’il n’a réellement découvert Marseille qu’en 2020, lorsqu’il est devenu head of football, l’Espagnol semble tout de même avoir rapidement compris qu’il débarquait dans une ville singulière, un atout à ses yeux : « Quand je vais signer un joueur, surtout s'il s'agit d'Américains du Sud, je leur dis : "Vous venez jouer à Boca Juniors d'Europe." À Marseille, l'effort n'est pas négociable. Il y a trois villes très similaires dans le monde : d'une part Naples, d'autre part Buenos Aires et Montevideo. Pas totalement Naples, car Marseille est un point d'entrée pour les immigrants et une ville de travail et un mélange de cultures. C'est pourquoi la comparaison avec Boca est très bonne », précise PabloLongoria. Au cours de ce long entretien pour le média espagnol, le nouveau boss de l’OM a détaillé l’importance des valeurs de la cité phocéenne pour le projet que souhaitait mettre en place le club : « La langue officielle du club est et devrait être le français. Mais le langage du football est universel : ce qui importe, ce sont les concepts qui sont transmis et non le discours qui entoure les concepts, répond-il lorsqu'on l'interpelle sur le fait que MarceloBielsa et JorgeSampaoli ne parle pas le français. Si vous définissez ces concepts, toutes les personnes vous suivront. Comment les partager ? Marseille est une ville d'intégration dans laquelle chacun a sa place ; et c'est donc peut-être là que nous sommes tous autorisés à parler dans notre langue maternelle afin de pouvoir vivre ensemble. C'est l'une des villes d'Europe qui, sans être une capitale, a le plus grand nombre de nationalités différentes, poursuit Longoria. Sampaoli est ici pour créer une culture du travail. Marseille n'est pas une ville sophistiquée. C'est une ville d'essence, authentique. Le projet que nous essayons de mener à bien est un retour à l'amateurisme, à l'essence du plaisir de jouer au football, à l'essence de s'amuser à jouer et de penser que vous faites du football pour vos fans et que vous pouvez provoquer des émotions chez les gens. Et que si nous allons tous dans la même direction, ces émotions sont un catalyseur pour que nous réussissions tous. La spéculation rationnelle est-elle importante ? Oui, mais les valeurs sont plus importantes : ce qui nous a fait tomber un jour amoureux du football. » Un discours ambitieux qu’il faudra désormais matérialiser.