Après avoir sauvé sportivement le club belge du KSV Roulers, Christophe Gamel regarde attentivement le marché pour installer un nouveau projet. Et pour cet entraîneur au parcours atypique (Qatar, Fidji, PSG féminines) qui fait partie de la nouvelle vague des coachs, la France reste un objectif qu’il espère atteindre rapidement.
Aux commandes du KSV Roulers, avec pour mission de sauver le club, vous avez réussi l’exploit de vous maintenir sur le terrain. Mais les finances n’ont pas suivi derrière, c’est ça ? On a effectivement réussi à se maintenir sportivement, mais administrativement, ça n’a pas suivi. En Belgique, vous devez payer une licence pour évoluer dans le monde professionnel. Et comme le club n’a pas payé… Il y a 4 clubs dans ce cas-là, malheureusement, nous en faisons partie. Donc ça c’est terminé pour moi. Votre travail et vos résultats ont dû parler pour vous, du côté de la Belgique notamment ? En effet, j’ai plusieurs contacts, plusieurs appels depuis que je suis « sur le marché ». On verra. Mais le contexte est particulier, avec le Covid. J’ai l’impression qu’il y a une peur vis-à-vis des joueurs et techniciens étrangers. La peur de les voir rentrer dans leur pays en fonction de l’évolution sanitaire et donc de ne plus pouvoir les avoir pour disputer les rencontres. Du coup, on a tendance à favoriser les locaux, ceux qui resteront, quoi qu’il arrive. Pourtant, moi, peu importe ce qui se passe, je reste là où je travaille et je continue de bosser, quoi qu’il se passe (rire). Est-ce que des clubs français ont pris la peine de vous contacter et s’intéressent à vous ? Des clubs de Ligue 2 ou National, notamment ? Des choses très concrètes, pas encore. Mais effectivement, je pense pouvoir intéresser des clubs en Ligue 2 ou National. En Ligue 1, ça me parait compliqué car je ne fais pas partie de ces entraîneurs « connus », à qui on pense quand il est question de mettre un projet en place. Sur un poste d’adjoint, oui, c’est possible. Mais je fais partie de la nouvelle génération de coach qui arrive en France, avec une méthodologie tournée vers des pratiques modernes. Peut-être que ça intrigue certains dirigeants, que ça « fait peur ». Comme mon parcours, quelque peu atypique. Mais moi, ce que je vois, ce sont mes qualités d’adaptation. Vous ne passez pas du Qatar aux Îles Fidji, en passant par l’équipe féminine du PSG, sans avoir cette capacité à vous adapter aux Hommes, aux environnements, aux moyens.
« L’entraîneur omnipotent, c’est terminé »
Cette « nouvelle génération de coach », cette « nouvelle vague » elle propose quoi de différent ? C’est une génération beaucoup plus connectée que la précédente, et c’est logique. Notre monde l’est bien plus donc on se doit de suivre la mouvance. Nous sommes beaucoup plus dans le dialogue, la communication. On propose une approche différente, avec un coach qui délègue et qui fait confiance. L’entraîneur omnipotent, c’est terminé. L’entraîneur à l’ancienne aussi. Sans ordinateur, sans vidéo ni outil statistique, ce n’est plus possible à haut niveau. Le degré de performance l’exige. Pour autant, je ne suis pas plus laxiste ou permissif. Je sais être dur et je le suis. Vraiment, je ne fais pas de cadeau. Votre référence dans le milieu, ce coach qui incarne le plus cette nouvelle vague ? Vous en avez cotoyé quelques-uns au PSG… Oui, j’ai vu Laurent Blanc travailler de très peu. Carlo Ancelotti, aussi, avec des aspects de son travail et de sa méthode, franchement impressionnant. La nouvelle vague ? Je pense à Thomas Tuchel. Il met en place quelque chose de moderne. Avec des résultats, ce qui reste un point fondamental à haut-niveau. Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné lors de vos quatre années passées au PSG ? Je suis arrivé au tout début du projet donc j’ai vu toutes les choses se mettre en place. Le plus impressionnant, c’est la mise à disposition des moyens pour travailler. De tous les moyens. Et quand il est question de la compétence des personnes, c’est assez bluffant de voir que sur chaque domaine, ils font appel à quelqu’un qui maîtrise son sujet. Les moyens, les compétences et la vitesse à laquelle tout avance. Paris a toutefois attendu près de 10 ans avant de disputer sa première finale de Ligue des Champions ? Parce que l’institution a besoin de plus de temps pour grandir. Manchester City, Chelsea… Tous ont mis des années avant de soulever un trophée majeur. Le PSG n’a pas fini de grandir et avec le nouveau centre de formation qui arrive, c’est encore une évolution du projet. Je trouve les critiques à l’égard du PSG très injustes. Ça se passe partout comme ça, dans le monde entier. Pas uniquement dans le football. C’est difficile de changer les mentalités, les habitudes. Ça prend du temps. Mais je suis très confiant pour leur avenir.