OM - Polémique : Nice, Lyon... Le témoignage très fort de Payet après les incidents en Ligue 1
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Victime à plusieurs reprises de jets de projectiles cette saison, Dimitri Payet reste touché par ces affaires. Le milieu offensif de l'OM reconnaît avoir changé depuis et regrette par la même occasion le manque de soutien en Ligue 1. 

Le 21 novembre dernier, la rencontre opposant l’OL à l’OM prenait fin prématurément, dès la 5e minute de jeu, après un jet de bouteille d’eau sur Dimitri Payet par un supporter lyonnais présent dans les travées du Groupama Stadium. Un événement survenu trois mois après les précédents débordements survenus à Nice, avec un envahissement de terrain. Pour dénoncer ces agissements, Dimitri Payet avait notamment publié une tribune dans Le Monde. « Est-ce que je dois arrêter de tirer les corners? Est-ce que je dois arrêter de jouer au football? Dites-moi », s’interrogeait alors le milieu offensif de l’OM. À l’occasion d’un entretien accordé au magazine L’Équipe, Dimitri Payet est revenu sur ces incidents, expliquant comment ces événements l’avaient changé.

« Aujourd'hui, j'essaie de contrôler mes émotions »

« Si ça se trouve, je me trompe, ce n'était pas moi qui étais spécialement visé, c'est parce que je tirais les corners. Mais je me suis dit, on m'a visé deux fois, la première OK... La deuxième, ils étaient déjà au courant de la première, on est d'accord ? Je me suis dit qu'il fallait peut-être commencer par l'autocritique, en me demandant comment on avait pu en arriver là, et trouver les premiers éléments pour que cela cesse. Pour moi comme pour n'importe quel autre joueur du Championnat, explique Dimitri Payet, estimant que son côté grande gueule avait pu avoir une influence. Bien sûr. Quand vous dites quelque chose qui est mal repris, voire transformé, pour que ça fasse le buzz, je peux comprendre que le supporter adverse le prenne au premier degré et que cela attise la haine. En tant que victime à deux reprises, il faut bien que je mette un terme à tout ça. » Ainsi, alors qu’il fêtera ses 35 ans dans quelques jours, Dimitri Payet reconnaît avoir appris à se contenir, conscient des répercussions néfastes de certaines sorties : « Il y a des choses qu'on ne peut plus faire aujourd'hui. Il n'y a plus de second degré, ça cherche toujours le buzz. Honnêtement, j'aimais bien quand ça charriait avant les derbys ou les matches, sans animosité. Désormais, non seulement on s'en sert contre vous mais ça peut amener de la haine et de la violence dans les stades. (…) Je me fais un peu plus violence. Je suis quelqu'un d'explosif, qui aimait parler à chaud. J'essaie de prendre du recul désormais et de réfléchir avant de parler car ça peut vite s'envenimer et se retourner contre vous. Aujourd'hui, j'essaie de contrôler mes émotions. » 

« Ce manque de solidarité m'a rendu triste »

Le numéro 10 de l’Olympique de Marseille est également revenu plus en détail sur l’interruption brutale du match à Lyon, qui avait entraîné sa sortie remarquée dans les colonnes du Monde. Néanmoins, Dimitri Payet regrette le manque de soutien des acteurs de la Ligue 1 après cette prise de parole. « La deuxième fois, non seulement j'ai été touché par la bouteille, plus brutalement que la première, mais, mentalement, ça a été encore plus difficile. Parce que c'est une deuxième fois, parce que j'avais l'impression d'être coupable d'avoir arrêté le match et qu'on banalisait quelque chose qui n'était pas banal. Pendant plusieurs semaines, il y avait chaque week-end des arrêts de match à cause de violences ou de jets de projectiles. Je me suis dit : si les décideurs ne prennent pas leurs responsabilités, c'est à nous, joueurs, de les prendre. Ces images-là, je ne veux plus les voir. J'ai eu du soutien, malheureusement pas assez à mon goût. Les seules excuses sincères que j'ai reçues sont venues du coach Galtier avec qui j'ai des relations particulières... (Il a été son entraîneur à Saint-Étienne.) Aucun joueur de Nice n'est venu me voir, ni le président. À Lyon, pareil. Au contraire, ils incitaient à venir rejouer le match ! On a essayé de parler à nos supporters pour que cela n'arrive plus, notamment avant un Clasico, et je trouve que le dernier s'est très bien passé, hormis le mec qui est entré sur le terrain. (Il sourit.) Je préfère ça à des jets de projectile. On doit montrer l'exemple et prendre des décisions pour laisser ça derrière nous. C'est un combat qui me tient à coeur. Ce manque de solidarité m'a rendu triste. C'est une même cause qui doit nous unir pour que cela soit banni de nos tribunes. On connaît peut-être cette année le Championnat le plus attractif depuis mes débuts. On a des joueurs extraordinaires qui sont arrivés et c'est cette saison-là qu'on gâche, au point qu'on se moque de nous en Europe ? » 

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