Plus de dix ans après le fiasco de l'équipe de France à Knysna, Raymond Domenech a retrouvé un banc en s'engageant en fin d'année dernière avec le FC Nantes. Malgré tout, l'ancien sélectionneur des Bleus n'oublie pas ce qu'il a vécu après la Coupe du monde 2010.
La Coupe du monde 2010 restera comme le plus grand fiasco de l'histoire du football français. Eliminé dès la phase de groupes après trois matches ratés, les Bleus se sont surtout ridiculisés en entamant une grève afin de protester contre la mise à l'écart de Nicolas Anelka. Les joueurs de l'équipe de France ont ainsi refusé de sortir de leur bus et ont séché l'entraînement, envoyant même Raymond Domenech face aux médias pour lire une lettre surréaliste rédigée par les 22 acteurs. Un fiasco qui colle à la peau de Domenech qui a subi un déferlement de haine durant les mois et les années qui ont suivi. Après ce fiasco, il a bien évidemment quitté son poste de sélectionneur et aura finalement attendu plus de dix ans avant de retrouver un banc. En décembre dernier, Waldemar Kita lui confie effectivement les rênes du FC Nantes pour succéder à Christian Gourcuff. Un choix qui n'a pas fait l'unanimité. Loin de là. Mais Raymond Domenech y est habitué.
«J’ai mis deux ans pour vivre normalement»
Dans une interview accordée à 20 Minutes, Raymond Domenech s'est ainsi livré sur la façon dont il avait vécu l'après-Knysna : « J’ai mis deux ans et jusqu’à la parution de mon livre pour vivre normalement. Après, j’ai repris une vie normale. Jusque-là je vivais toujours au rythme des entraînements, des matchs, des collations. » L'entraîneur du FC Nantes explique qu'après ça il a dû prendre du recul avec sa famille. « Pas tout seul non… avec la famille, les amis. De revivre une vie normale. C’est ce que je dis souvent aux entraîneurs : "N’ayez pas peur de couper une année !" On est bien plein d’énergie quand on revient. Ce métier est usant pour tous les coachs à tous les niveaux. Il faut aussi apprendre à couper pendant le temps où on est en poste. Souvent, les entraîneurs font du 24 heures sur 24. Il faut être capable de fermer le téléphone deux jours, d’aller au cinéma, etc., mais les entraîneurs ont du mal », ajoute-t-il.
«On est tous habitués à ça»
Malgré tout, cela ne signifie pas pour autant qu'il a bien vécu les critiques parfois très violentes à son égard. Toujours pour 20 Minutes, Raymond Domenech confirme que cela a été très violent, pour lui et pour ses proches : « Ce n’est pas pour moi que ça a été le plus violent. C’est pour Estelle et les enfants, et plutôt les plus âgés. Les deux autres étaient trop petits pour en voir les conséquences. Mais j’ai deux enfants qui ont plus de 30 ans, 40 ans même pour l’une aujourd’hui, et pour eux, ça a été très dur. Et pour mon entourage aussi. De lire, d’entendre ça. Ma mère quand elle a lu le titre de L’Equipe [«Va te faire enculer sale fils de pute »], oui, ça a été dur. C’est cette forme de culpabilité qui a été dure pour moi. De se dire : "Je suis responsable de tout ça, de ce qu’ils vivent !" Après, je ne le suis pas car ce sont les conséquences de ce qu’il y a autour. Mais c’est par mon intermédiaire qu’il arrive ça sur les gens qu’on aime. Et eux souffrent. Nous, on est habitués à ça les entraîneurs… On est tous habitués à ça. Ce qu’a pris Rudi [Garcia] à Lyon ou à Marseille. Claude Puel. Tous à un moment ou à un autre… » Cela fait plus de 10 ans et depuis l'équipe de France a décroché un deuxième titre de Champion du monde, mais Knysna collera toujours à la peau de Raymond Domenech...