EXCLU : La WWE débarque en France, les coulisses d’une première historique
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Évoqué par le 10 Sport il y a quelques jours, le premier pay-per-view français organisé par la WWE est désormais officiel, avec l’annonce ce jeudi de "Backlash" qui aura lieu le 4 mai 2024, et la tenue la veille du show hebdomadaire Smackdown. Et ce n’est pas Paris qui sera la ville hôte de ce week-end catch mais Lyon avec la LDLC Arena. Révélations sur ce projet tenu secret. 

Les fans de la WWE ont été entendus ! Alors que l’engouement autour de la discipline alliant le sport au divertissement revient en force dans notre pays depuis plusieurs années, la première organisation de catch au monde a officialisé ce jeudi la tenue du pay-per-view (ou Premium Live Event comme elle aime l’appeler) "Backlash" le 4 mai 2024, précédé la veille du show "Smackdown" diffusé chaque vendredi aux États-Unis (et en France le samedi sur la chaîne AB1). Contrairement à la tendance qui se dégageait, la WWE a choisi de se rendre près de Lyon, du côté de la LDLC Arena, et non à Paris, pour aller plus loin dans sa stratégie d’internationalisation et proposer pour la première fois une grande soirée de catch en France, après s’être arrêté à Cardiff durant l’été 2022 au Principality Stadium (ex-Millennium Stadium) puis au Canada (Montréal pour "Elimination Chamber" en février 2023), Puerto Rico (San Juan pour "Backlash" en mai 2023), l’Angleterre (Londres pour "Money in the Bank" en juillet 2023), avant l’Allemagne en août prochain, et donc l’Hexagone trois mois plus tôt. Les Jeux olympiques qui se tiennent dans la capitale en 2024 n’ont pas arrangé la tâche des organisateurs, qui ont pris leurs habitudes à Paris, mais la cité des Gones n’apparaît pas pour autant comme un choix de secours. 

Lyon n’est pas un choix par défaut pour la WWE

Une fois l’excitation passée, les fans de la WWE se sont interrogés sur le choix de la LDLC Arena, salle omnisports située à Décines-Charpieu appartenant à OL Group qui sera inaugurée le 23 novembre 2023 à l’occasion du match de basket d’Euroleague LDLC ASVEL - Bayern Munich. Celle-ci peut accueillir jusqu'à 16 000 personnes selon le type d’événement, bien loin des 80 000 places du Stade de France et de la plus grande salle d’Europe, la Paris La Défense Arena, qui peut recevoir 40 000 personnes en configuration concert et jusqu’à 30 000 places pour les rencontres sportives, deux lieux qui nourrissaient les fantasmes du public tricolore.

Il est vrai que les Jeux olympiques de Paris 2024 ont joué un rôle important dans les plans de la WWE, la piste menant au Stade de France étant rapidement écartée alors que l’enceinte de Seine Saint-Denis n'accueillera aucun événement sportif avant les Olympiades en raison de travaux de rénovation qui y sont prévus, même si le lieu « a été envisagé » pendant un temps d’après une source consultée. Difficile aussi, visiblement, de trouver un créneau disponible à l’Accor Arena ou à Paris La Défense Arena, d’autant qu’en parallèle, la WWE a rapidement envisagé l’idée de s’éloigner de la capitale pour son show. « La décision s’est toujours portée sur Lyon, nous assure même une source à la WWE. C’était en discussion depuis longtemps. Je ne pense pas que cela ait quelque chose à voir avec Paris. » 

L’entreprise américaine a effectivement hésité entre Paris et Lyon avant de porter son choix sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, décision facilitée par l’obstacle des JO. Il est en revanche trop radical d’affirmer que seuls les JO ont incité la WWE à considérer Lyon comme un simple Plan B. La LDLC Arena flambant neuve est effectivement une option attrayante pour les décideurs de la compagnie reine de catch, celle-ci répondant aux critères recherchés pour un grand show télévisé à l'instar de l’O2 Arena de Londres qui a reçu le PPV "Money in the Bank" en juillet dernier ou bien de la Mercedes-Benz Arena pour "Bash in Berlin" en Allemagne le 31 août prochain. La région lyonnaise est également attrayante aux yeux de la WWE pour sa capacité à séduire le public italien et suisse, mais également les fans parisiens et d’autres villes de France grâce à son réseau ferré. Des éléments qui ont fini par convaincre l’organisation de choisir ce point de chute pour un projet qui lui tient à cœur. 

La naissance du projet PLE en France

Comme vous l’avait expliqué le10sport.com, l’idée d’un PLE en France trotte dans la tête des dirigeants depuis un certain temps. Selon nos informations, la réussite des deux derniers house shows (des spectacles de moindre ampleur non télévisé) du côté de l’Accor Arena a enthousiasmé les membres de la WWE, répétant dans les coulisses qu’ils n’avaient pas connu une telle ambiance depuis plusieurs années.

« Depuis 2007, on en a croisé des officiels, on a l’occasion d’échanger avec eux et ils étaient vraiment euphoriques ces deux dernières années, nous confirme Christophe Agius, commentateur des shows de la WWE en France depuis plus de vingt ans, interrogé ce jeudi après l’annonce de "Backlash France" à Lyon. Ils sortaient de Bercy en transe, littéralement, j’exagère à peine. Du côté des superstars, c’est pareil. Elles ne sont pas forcément toutes proches de nous, mais on en connaît certaines depuis longtemps, et il y en a plusieurs à Bercy qui sont venues nous voir pour nous dire que c’était incroyable. Et ça, c’était jamais arrivé ».

Présente au WWE Paris de 2023, l’ancienne championne du monde Bayley s’était effectivement souvenue d’une « énergie différente » dans la salle lorsque nous évoquions avec elle cette soirée, en marge de "Money in the Bank". « Tu pouvais littéralement sentir la salle bouger » lâchait-elle. « L’accueil que j’ai reçu la dernière fois a été le point culminant de ma carrière. J’en ai encore des frissons en y pensant, s’enthousiasmait pour sa part au début du mois Baron Corbin, l’un des catcheurs les plus acclamés par la foule en avril 2023. Les Parisiens m'ont fait sentir vraiment spécial et je ne peux pas imaginer à quel point ce serait incroyable lors d'un match important à l'occasion d'un PLE. »

Face à un tel souvenir laissé par la France, Philippe Chereau, l’autre grande voix du catch dans l'Hexagone qui prend le micro chaque semaine sur AB1, n’était donc pas surpris en apprenant la grande nouvelle du jour. « Cela faisait déjà deux ou trois ans que la WWE envisageait de venir en France », nous a-t-il dit ce jeudi. « C’est quelque chose qu’on sentait car on voyait l’effervescence, acquiesce son binôme Christophe Agius. Les officiels de la WWE étaient très motivés pour ce projet, après c’est toujours le problème de l’organisation. Trouver la bonne date, le bon lieu ». Et les deux hommes ont eu leur rôle dans cette victoire pour les spectateurs tricolores. « Nous échangeons depuis des années avec les officiels sur la volonté que nous avons Christophe et moi d’avoir un PLE. Un vrai travail de fond depuis plus de 10 ans, souligne Philippe Chereau. Une volonté renforcée, surtout quand on a vu que, dans un premier temps, Smackdown ou RAW (les deux émissions télévisées phares de la WWE, NDLR) pouvait être diffusé en direct depuis un pays européen, au Royaume-Uni, et surtout depuis ces deux dernières années avec le PLE au Pays de Galles (à Cardiff, NDLR). Rien d’officiel, que des discussions encourageantes… En fait, on a patiemment mis la pression, effectué un vrai travail de lobbying et les fans français ont fait la différence dans la salle. » Les commentateurs ne manquent pas aussi de souligner le travail de l'ombre du producteur des shows français depuis 2007, année marquant le retour de la WWE dans notre pays au Zénith de Paris. « Son travail est exceptionnel, il est un atout majeur et il a une vraie responsabilité dans cette annonce, juge Philippe Chéreau. Lui aussi a poussé depuis des années pour que cela se fasse et la WWE sait qu’il est de bon conseil ». Christophe Agius souligne quant à lui le « boulot incroyable » d’un « travailleur besogneux de l’ombre » qui « ne veut pas forcément la lumière ». On comprend mieux alors l’attente autour du premier pay-per-view français de la WWE, fruit d’un travail de longue haleine.

"Elimination Chamber" était dans les plans de la WWE pour Paris

Et quid de Paris ? D’après les informations récoltées, aucun house show ne se tiendra à l’Accor Arena en 2024, comme il en est coutume habituellement chaque année. Le public parisien devra donc se déplacer à Lyon pour voir de ses propres yeux les superstars de la WWE, qui ne sont pas passées loin pourtant d’un événement de grande ampleur près de la capitale. En effet, "Backlash" n’a pas été l’unique projet étudié par la WWE. Plusieurs sources concordantes nous ont révélé que le grand show "Elimination Chamber" qui se tient habituellement en février avait été pensé à la Paris La Défense Arena. « On est passé très très près », nous assure l’une d’elles. C’est finalement l’Australie et la ville de Perth qui a hérité du PPV où se tient le match éponyme dans lequel six catcheurs et catcheuses se font face dans une cage.

« Je sais que plein de discussions et de tentatives ont été faites, mais ces maudits Jeux olympiques ont peut-être ralenti certaines discussions à des moments, estime avec le sourire Christophe Agius. Après, je pense que c’est d’autant mieux car on commence, et c’est cool je trouve, à Lyon dans une salle toute neuve. En sachant que si tout se passe bien, il y a encore de la marge derrière ». Un avenir encore plus glorieux pour la France qui dépendra de l'ambiance mise par l'univers français de la WWE dans la métropole lyonnaise en mai 2024 et du succès commercial de "Backlash".

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