«Paul Pogba a de véritables qualités d’acteur»
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

22 ans après la sortie du mythique film « 3 zéros », Fabien Antoniente revient à l’affiche avec le second opus qui sortira en salles le mercredi 23 octobre prochain. A l’affiche de « 4 zéros », un casting XXL avec Rolland Courbis, Paul Pogba, Guy Roux, Karim Benzema ou encore les stars du PSG. Interview.

« 3 zéros » est l’un des rares films parlant du monde du football à avoir connu un succès. Pourquoi est-ce compliqué de faire des films sur ce sujet ?

Quand on a la passion, et la motivation, rien n’est compliqué. Après, ce qui peut faire réfléchir certains réalisateurs, c’est de se dire que le foot est déjà en soi un feuilleton permanent, avec des matches tous les trois jours, une multiplication des compétitions, etc... Mais il y a des moments où les gens, et pas seulement les passionnés de foot, ont besoin d’autres regards sur ce sport qui reste LE sport universel. Un regard à la fois lucide sur l’évolution de l’univers du foot professionnel et qui utilise aussi l’humour pour détendre l’atmosphère parfois pesante qui se dégage du foot actuel, de ses enjeux énormes, de ses polémiques incessantes.

Pourquoi avoir attendu autant de temps, plus de 20 ans, avant de sortir la suite ?

Justement parce qu’il était nécessaire de prendre un peu de recul et de mesurer l’évolution du milieu du foot, de tous ces personnages qui peuvent graviter autour des joueurs, des clubs, tout en faisant ressortir le poids croissant des médias au passage. En vingt ans, le foot, « il a changé » comme l’a dit un jour Kylian Mbappé et c’est d’ailleurs cette déclaration qui a eu l’effet d’un déclic dans ma tête. C’était finalement le signe que le temps était venu de réaliser ce film. Avant, cela aurait eu moins de sens car le foot n’avait pas encore assez changé.

«Une seule mauvaise décision peut avoir un impact désastreux sur toute une carrière»

Depuis « 3 zéros » (2002), quelle est la chose qui la plus changer dans ce monde mystérieux et passionnant qu’est celui du football ? S’il ne fallait retenir qu’un détail, qu’un élément, à vos yeux ?

Le film tourne beaucoup autour de la rivalité qui s’est faite jour entre les agents de « l’ancien monde », une génération incarnée par Gérard Lanvin, et ces nouveaux agents ou pseudo-agents que Kaaris représente. On voit bien, à travers le film, l’impact que ces conseillers peuvent avoir sur la carrière et le destin d’un jeune joueur. Parfois, une seule mauvaise décision peut avoir un impact désastreux sur toute une carrière. L’entourage peut et doit aider un jeune sportif à défendre ses intérêts mais il peut aussi malheureusement briser ses rêves, et c’est aussi cette ligne de crête que le film a voulu mettre en lumière.

Rolland Courbis, Guy Roux, David Ginola, Raï… Quelle personnalité, vivante ou disparue, auriez-vous rêvé de faire tourner dans ce « 4 zéros » ?

Quand on voit l’émotion soulevée par la disparition récente de Didier Roustan, je pense à ce journaliste qui était hors norme. Sa façon de s’exprimer, de s’habiller, son regard sur le foot d’hier et d’aujourd’hui, son approche esthétique des reportages surtout à ses débuts dans ce métier… Didier était un personnage et, à ce titre, le lien avec le cinéma aurait été facile à tisser. Et parmi les joueurs que j’adore, il y a Antoine Griezmann. J’aime ce qu’il dégage et sa vision du foot.

Une anecdote de tournage qui vaut un doublé en finale de Coupe du Monde ?

Pour tourner au Parc des Princes, j’avais droit à huit heures, sous le regard du responsable de la pelouse, Jonathan Calderwood, un Nord-Irlandais ferme mais adorable, qui m’a laissé un tout petit peu de rab’. On ne pouvait pas marcher avec n’importe quelles chaussures sur la pelouse, mais le PSG a été cool, vraiment, il faut le dire. Il faisait froid, on tournait la nuit, et j’avais une dizaine de joueurs sur la pelouse. J’ai mis le focus sur Presnel Kimpembe, et j’ai mélangé avec des images tournées par Jean-Jacques Amsellem.

«Je voulais que ce film, comme les JO, rassemble au lieu de diviser»

Vous cumulez un tout petit peu moins de 13,5 millions d’entrées au cinéma. Avec « 4 zéros », vous pensez passer la barre des 15 millions ?

J’ai toujours de grandes ambitions pour mes films. Je réalise des films qui ont vocation à toucher le public le plus large possible. Je revendique mon attachement à un cinéma populaire, qui rassemble les gens. « 4 zéros » a tout pour plaire à un large public, pour mélanger les générations, pour aller se voir entre amis ou en famille. J’ai monté le film pendant les Jeux Olympiques et cela a renforcé mon envie. Je voulais que ce film, comme les JO, rassemble au lieu de diviser, que le vivre-ensemble l’emporte sur le reste.

Paul Pogba est à l’affiche de votre film, son apparition est très attendue. Tout comme son retour sur les terrains, pour mars 2025. C’est plus qu’une bonne nouvelle ça ? Est-ce que le supporter parisien acceptera de la voir sous les couleurs de l’OM… ? Si vous étiez son agent, vous lui conseilleriez de signer dans quel club, en France ou ailleurs ?

Je n’ai pas de conseils à lui donner, il est bien entouré pour cela ! Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai énormément apprécié de tourner avec lui. Paul est une véritable star mais quelqu’un de très humble et qui possède en plus de véritables qualités d’acteur, avec un grand charisme. Autant de vous dire que c’était un régal de travailler avec lui sur ce film !

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