NBA : L'histoire folle de Joel Embiid, loin d'être prédestiné au titre de MVP
Florian Barré

C’est dans la nuit de mardi à mercredi que Joel Embiid a enfin reçu le titre de meilleur joueur de la saison NBA 2022-2023, devenant ainsi le deuxième Africain de l’Histoire à être désigné comme tel. Un moment suspendu hors du temps pour le pivot des 76ers, qui a fondu en larmes devant ses coéquipiers. Le Camerounais s’est rappelé le chemin tortueux emprunté pour en arriver là où il en est désormais.

C’est au terme d’un travail de dur labeur que Joel Embiid a décroché son premier titre de MVP en NBA. Il devance ainsi Nikola Jokic et Giannis Antetokounmpo, déjà sacrés à deux reprises chacun. Si les larmes ont pris le pas sur le sourire du pivot de 29 ans à l’annonce du vainqueur, c’est parce que le Camerounais en a bavé pour mériter ce trophée. Joel Embiid a par ailleurs justifié ses émotions par son parcours dans l’émission NBA sur TNT : « Il a fallu longtemps. Beaucoup de travail. Vous savez, j'ai traversé beaucoup de choses, et je ne parle pas que de basket. Je parle de la vie dans son ensemble, de mon histoire ; d'où je viens, ce qu'il m'a fallu pour arriver ici. »

La découverte du basket

À l’origine, rien ne prédestinait Embiid à devenir une star de la NBA. Fils d’un joueur de handball professionnel, il adorait le foot et excellait au volley-ball, avant de s’improviser basketteur à l’âge de 16 ans. L’appétence du géant camerounais pour le basket arrive donc sur le tard, lorsqu’il regarde les Finales NBA entre les Los Angeles Lakers et les Boston Celtics en 2008 (où il trouve Kobe Bryant incroyable). « Je n'avais jamais rien vu de tel, se souvient Embiid. La façon dont ils se déplaçaient, je pensais que c'était la chose la plus cool au monde. J'ai eu à ce moment comme un « je veux juste faire ça ». » L’adolescent a par la suite trouvé un cerceau délabré à proximité et a commencé à jouer régulièrement. Il criait « Kobe! » après chaque tir et allongeait son poignet droit en le figeant dans les airs, comme il l'avait vu à la télé.

Embiid reçoit l’aide de son oncle

Didier Yanga, oncle de celui que l’on surnomme aujourd’hui The Process, a raconté que son frère Thomas Embiid souhaitait par-dessus tout que son fils réussisse à l’école et qu’il entreprenne par la suite une potentielle carrière de volleyeur. Il lui interdisait même de se coucher tard pour regarder les matchs de NBA : « Je n'avais même pas d'ami parce que tout ce que je faisais, c'était dormir et faire mes devoirs », se souvient Embiid. En vieillissant, Joel est devenu plus rebelle. Après l'école, il posait ses manuels sur la table de la cuisine de sa famille et se glissait sur un terrain à proximité. Il jouait jusqu'à apercevoir la Mercedes de sa mère qui roulait dans la rue, puis se précipitait, cachait ses baskets et la saluait derrière son matériel d'étude, comme si de rien n’était. Joel s’en fichait. Ce qui lui importait c’était de jouer au basket comme son idole, Kobe Bryant. Impossible donc de penser à cette époque qu’il deviendrait le joueur qu’il est aujourd’hui.

Par la suite Didier Yanga, qui a aussi joué au basket en Côte d’Ivoire, a décidé d’écrire à l’une de ses vieilles connaissances. Il contacte alors Joe Touomou, célèbre entraîneur de basket au Cameroun. À partir de ce moment-là, tout s’accélère pour Joel puisque ce dernier, ayant travaillé pour les Indiana Pacers par le passé en tant que recruteur à l’international, connaissait bien la NBA. Il a reconnu un certain potentiel chez l’adolescent de 2m06 à l’époque et l’a envoyé se former dans un club local dirigé par un entraîneur nommé Guy Moudio. Celui-ci, sous le charme de Joel, a contacté François Nyam, ancien basketteur professionnel français pour lui parler de son protégé. De fil en aiguille, le rêve devient réalité. Quelques mois plus tard, en 2010, après avoir continué d’impressionner ses pairs, Joel Embiid quitte Yaoundé pour la Floride où il intègre un lycée, sans parler un mot d’anglais.

Et si c’était l’année du Process

La suite on la connaît. Drafté en 3e position en 2014 par Philadelphie, il n'a fait ses débuts en professionnel que deux années plus tard, la faute à une blessure au pied droit et une hygiène de vie déplorable. Surnommé The Process, il est aujourd’hui le guide des 76ers et celui qui porte tous les espoirs de la franchise sur ses épaules avec en ligne de mire un titre NBA. Avec ses 33.1 points en moyenne cette saison, Joel Embiid fait tout pour emmener Philadelphie au point culminant de la ligue, au fameux sacre tant convoité depuis 1983. Après avoir éliminé les Nets au premier tour des playoffs, les 76ers (3e) s’attaquent désormais aux Celtics (2e). Oui, la route est encore longue… mais le destin semble définitivement sourire à Joel Embiid. Alors l’espoir s’expand peu à peu dans toutes les têtes à Philly.

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