Longtemps, les Américains ont cru que Nikola Jokic était un simple joueur empoté, dont la forte corpulence n’avait pas d’égal en NBA. Drafté en 2014 à la 41e position, le Serbe n’était pas très attendu dans la Grande Ligue et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a fait mentir tous ses détracteurs. À quelques jours de ses premières Finales NBA, petit tour d’horizon pour se souvenir de qui est vraiment Nikola Jokic.
Rien ne prédestinait Jokic à la NBA
« Il est un peu grassouillet, ne saute pas haut, ne court pas vite, mais il est l’un des joueurs les plus intelligents de la ligue »… Voilà comment Gregg Popovich, mythique coach des San Antonio Spurs, définit le Joker. Né à Sombor, petite ville située dans la province autonome de Voïvodine au nord de la Serbie, Nikola Jokić est d’abord un enfant en surpoids. « J’étais plus grand que les autres, et plus gros aussi », a-t-il raconté au Bleacher Report. « J’aimais les maths, l’histoire, mais pas les activités physiques. Au lycée, je ne pouvais pas faire une pompe. »
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— le10sport (@le10sport) May 26, 2023
Pourtant, lorsqu’il suit les traces de ses frères sur les parquets, il fait preuve d’un sens du jeu certain. Aussi certain qu’il aime boire, du Coca-Cola, trois litres par jour et manger, se gaver à toute heure de böreks, des spécialités serbes riches en calories. Lorsqu’il rejoint la pépinière de talents de Mega Basket, à Belgrade, à 17 ans, le staff l’interdit d’entraînements pendant deux semaines, tant sa condition physique est atroce. Verdict d’un des préparateurs physiques : « obèse ». À l’époque, la balance affiche 135 kilos.
Un physique à toute épreuve… ou presque
Parmi les arguments que Nikola Jokic peut mettre en valeur sur son CV, on peut parler de sa résistance physique. En huit ans en NBA, le pivot n’a manqué que très peu de rencontre liée à des blessures. Finalement sa plus longue blessure est aussi la plus étrange. Alors qu’il évoluait encore du côté de Mega, il a signé tellement d’autographes que le tendon de son bras s’est enflammé, ce qui lui a fait manquer une semaine d’entraînement et quelques matchs.
Nikola Jokic dépasse Wilt Chamberlain
Assez parlé de sa vie pré-NBA. Nikola Jokic règne aujourd’hui dans la Grande Ligue et ses deux titres de MVP peuvent en témoigner. S’il n’a pas été désigné meilleur joueur de la saison régulière en 2022/2023, le Joker a tout de même établi de nouveaux records exceptionnels. En novembre dernier, il dépassait Wilt Chamberlain pour le plus grand nombre de triple-doubles par un pivot dans l’histoire de la NBA. Mais Jokic ne s’est pas arrêté-là cette saison. En mars, alors que le Big Dipper détenait cette marque all-time depuis 55 ans, Jokic est devenu le pivot ayant réalisé le plus grand nombre de matchs à 10 passes décisives sur une saison. Chamberlain était resté au maximum à 32 passes lors de la saison 1967-68. Wilt doit d’ailleurs faire des cauchemars du Joker puisque ce dernier vient tout juste de lui prendre un nouveau record. Face aux Lakers en finale de Conférence, il a réussi ses 6e, 7e et 8e triple-doubles lors de ces playoffs. Un record détenu auparavant par… Wilt Chamberlain (7). Conclusion des performances individuelles all-time de Jokic, les Nuggets de Denver vont jouer les premiers NBA Finals de leur histoire.
Jokic, simple et fidèle à lui-même
Il est possible que le Serbe soit le double MVP qui s’admire le moins. Ses déclarations modérées ne sont pas très vendeuses. Sa vie en dehors du terrain n’a rien de fascinant. Jokic ne force pas le trait et ne s’intéresse pas à grand-chose d’autre qu’à la balle orange et ses chevaux. « Pourquoi j’ai supprimé les réseaux sociaux ? Parce que c’est une perte de temps » avait lâché Jokic en conférence de presse après sa dernière victoire face aux Lakers. De surcroît, on l’entend rarement critiquer ses coéquipiers et s’inclut dans un « nous » général quand il le fait. Il entretient la même forme de respect pour ses adversaires. « Il n’y a pas de place pour la jalousie. […] Je suis bon avec tout le monde, je n’ai pas d’ennemis et je ne pense pas avoir d’ego », avait-il assuré dans une interview pour Arena Sport TV en janvier.
Une saison 2022/2023 légendaire
Pour conclure ce tour d’horizon sur la carrière que mène Nikola Jokic, comment ne pas parler des stats qu’il a réalisé cette saison. En régulière, le Joker a inscrit 24.5 points à 63.2% au tir, 11.8 rebonds et 9.8 passes. En postseason, il a considérablement élevé son niveau atteignant un triple-double de moyenne : 29.9 points, 13.2 rebonds et 10.1 passes. Dans l’histoire de la ligue, seuls trois autres joueurs avaient déjà réussi à compiler au moins 10 points, 10 rebonds et 10 passes de moyenne en playoffs, d'après les données de Basketball Reference. Oscar Robertson et Russell Westbrook, les deux spécialistes du domaine, l’ont déjà fait. Mais les deux meneurs sont sortis dès le premier tour avec leur équipe. Jason Kidd lui avait été jusqu’en demi-finales de Conférence. Nikola Jokic est donc le premier joueur de l’histoire à emmener sa franchise en Finales NBA avec un triple-double de moyenne. Exceptionnel !