Opposé au lancement d’une Super Ligue européenne du football, Frank McCourt s’est longuement exprimé sur le sujet dans une tribune publiée dans Le Monde, dressant un parallèle entre ce projet et le libéralisme économique.
Alors que ce projet était dans les tuyaux depuis plusieurs mois, le lancement de la Super Ligue a été officialisé le 19 avril dernier, suscitant un tollé parmi les amoureux du football. Moins de 48 heures après l’annonce de cette compétition semi-fermée visant à concurrencer la Ligue des champions de l’UEFA, les six clubs de Premier League (ManchesterCity, ManchesterUnited, Arsenal, Tottenham, Liverpool et Chelsea) ont décidé de se rétracter face à l'ampleur de la contestation, avant d’être suivis par l’Atlético de Madrid et l’Inter, et l’AC Milan. De leur côté, la Juventus, le RealMadrid et le FC Barcelone n’ont pas officiellement quitté ce projet, et FlorentinoPérez continue de plaider la cause de cette Super Ligue lors de ses prises de paroles. À l’inverse, le PSG et le BayernMunich ont clairement affiché leur opposition à ce projet, et les deux cadors européens ont été suivis par d’autres clubs, à l’instar de l’OM. Après avoir justifié dans un communiqué sa décision de ne pas soutenir la Super Ligue européenne, FrankMcCourt s’est de nouveau prononcé sur le sujet dans une tribune publiée dans Le Monde.
« Un groupe de clubs d’élite décidés à prendre le contrôle »
« Ces derniers jours le monde du football a assisté à la tentative d’un groupe de clubs d’élite décidés à prendre le contrôle de ce sport. Leur volonté affichée était de s’arroger le pouvoir, de multiplier leurs revenus en dressant des barrières pour protéger leurs membres contre la concurrence ouverte et la participation démocratique. Devant la réprobation des autres équipes, des responsables politiques et, surtout, des supporteurs, la Super Ligue européenne s’est effondrée », explique avec satisfaction FrankMcCourt. Le propriétaire de l’OM n’hésite pas à dresser un parallèle entre le projet des douze membres dissidents et la stratégie de certaines entreprises, visant particulièrement les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), pour justifier les méfaits d’une telle doctrine sur la société. « En tant que propriétaire américain d’équipes sportives des deux côtés de l’Atlantique, et membre de longue date de la communauté internationale des affaires, j’ai vu comment l’absence d’opposition a permis à des organisations et à des entreprises puissantes de truquer le système et de retourner le marché en leur faveur, au détriment des autres. En tant que propriétaire et serviteur de l’Olympique de Marseille, j’ai également vu le contraste avec l’approche européenne du football, qui n’est pas fondée sur la centralisation du pouvoir. Il ne reste pas dans les mains d’un petit cénacle, il est assis sur une communauté de partage et une admiration commune pour ce beau jeu. À Marseille, j’ai saisi l’importance de la parole des supporteurs depuis mon arrivée. C’est pourquoi nous nous sommes tous, à l’Olympique de Marseille, opposés, avec véhémence, à une Super Ligue antidémocratique et anticoncurrentielle. Et c’est pourquoi nous devons tous nous opposer aux tentatives de l’industrie technologique de faire la même chose : fixer les règles de la concurrence, entraver le capitalisme juste, et subvertir la vraie démocratie à son profit », explique l’homme d’affaires américain.
« La Super Ligue européenne représentait une menace existentielle pour le football »
« L’avenir sera meilleur s’il est plus décentralisé, plus démocratisé et plus ouvert à la participation de tous. Il y aura toujours des entreprises, des organisations et des communautés plus fortes ou plus faibles, mais elles doivent évoluer dans le cadre d’une concurrence loyale. Nous ne pouvons pas laisser un petit club de dirigeants influents décider, à huis clos, de qui est autorisé ou interdit. Au contraire, nous devons l’affirmer : le temps du huis clos est révolu, assure FrankMcCourt dans Le Monde. La Super Ligue européenne représentait une menace existentielle pour le football, mais la consolidation de l’industrie technologique représente une menace existentielle pour l’humanité. Si l’on n’y prend garde, elle étouffera notre économie et consumera notre démocratie. Nous devons donc nous opposer à cette centralisation et soutenir un mouvement mondial garantissant que la richesse et le pouvoir ne peuvent être captés par une élite autoprotégée. Si nous voulons créer une société plus équitable et plus juste, nous devons nous assurer que chaque voix soit entendue. » Frank McCourt n’est pas le seul à Marseille à afficher sa désapprobation au projet de la SuperLigue puisque Jorge Sampaoli avait également critiqué avec véhémence la réunion d’un « groupe de puissants » visant à perturber « l'égalité des chances ».