Depuis le début de la Coupe d'Afrique des Nations, plusieurs grosses cylindrées ont été surprises par des révélations. En effet, l'Algérie, la Tunisie et le Ghana sont sortis dès le premier tour, tandis que le Sénégal, le Cameroun, le Maroc et l'Egypte ne joueront pas les quarts de finale de la compétition. Contacté par Le 10 Sport, Guy Roland Ndy Assembé a expliqué pourquoi les outsiders font forte impression lors de cette édition de la CAN. Durant cet entretien, l'ancien gardien du Cameroun s'est également livré sur la déroute des Lions Indomptables, avant de se prononcer sur les dossiers chauds du moment. Interview.
Que devenez-vous depuis votre retraite sportive ? J'ai arrêté il y a deux ans, en 2021. J'ai fini au Luxembourg, puis j'ai passé mes diplômes d'entraineur, et là aujourd'hui, je passe mon diplôme d'entraineur des gardiens. Maintenant, je suis entraineur des gardiens au Stade Lavallois. Pensez-vous que le FC Nantes a bien fait de vendre Quentin Merlin à l'OM ? Je sais que le club a besoin de finances par moment, et peut-être qu'ils ne pouvaient pas attendre. Peut-être que pour eux, une opportunité comme ça ne se rate pas. Ça dépend de leurs besoins. Après, c'est vrai que pour la continuité et la formation du joueur, avoir un peu plus de matchs, d'expérience, et jouer dans un club où il a été formé aurait pu être bien aussi. Le joueur a envie d'autre chose, il a ses ambitions. Marseille, ce n'est pas rien non plus, c'est autre chose, c'est une autre dimension. Nantes est un grand club aussi, de par son histoire, mais c'est vrai qu'en étant jeune, les joueurs veulent beaucoup jouer au PSG ou à l'OM. Ce sont un peu les clubs phares. Après, est-ce qu'ils ont bien fait ? Je n'ai pas réellement la réponse. Ça dépend s'ils avaient besoin d'argent ou non.
«Aujourd'hui, il y a beaucoup de pays où les joueurs évoluent en Europe»
Le Cameroun a eu chaud lors de la phase de groupes de la CAN, comment l'expliquez-vous ? Toutes les équipes évoluent. Avant, il n'y avait pas beaucoup de joueurs qui évoluaient dans les championnats européens. Il n'y avait que quelques nations où les joueurs évoluaient en Europe : le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Mali... Aujourd'hui, il y a beaucoup de pays où les joueurs évoluent en Europe. Les pays se structurent, se développent et développent leur football. C'est normal que les différences soient devenues beaucoup plus réduites. Ça donne des groupes où on se dit au départ que les qualifiés seront untel ou untel, et quand ça joue on se dit que quand même, le niveau commence à être relevé. Qu'est-ce qu'il a manqué au Cameroun contre le Nigeria (en huitième de finale de la CAN) ? Peut-être que le Nigeria avait beaucoup plus de détermination. On sentait que ça courait un peu plus. Quel bilan faites-vous du parcours du Cameroun ? Il a manqué des joueurs. Le Cameroun s'est qualifié difficilement. Le premier match (ndlr : contre la Guinée), ça lance la compétition, et de faire match nul, ça a posé quand même un doute, et ce doute a continué sur le deuxième match contre le Sénégal, où il y a une défaite 3-1. Même si dans le match ça peut basculer et le Cameroun peut revenir à 2-2, je pense que le doute a continué à persister sur ce deuxième match. Et pareil au troisième match, avec une équipe qui joue avec la pression du résultat, parce qu'elle doit gagner pour passer, et avec les mauvais résultats précédents, la confiance est difficile à avoir. On joue un match où on doit tout donner, avec le risque de prendre un but, de pas pouvoir revenir. Ça s'est joué dans les dernières minutes. Le bilan est assez mitigé parce que le premier match a semé le doute dans l'équipe, même si elle a su se relever sur le dernier match. Après, c'est très difficile. Il y a quand même eu une débauche d'énergie. Attaquer le huitième de finale aussi rapidement en plus, c'est compliqué mentalement. Est-ce que Rigobert Song est toujours l'homme de la situation au Cameroun ? Je ne peux pas vous dire s'il va quitter la sélection. Le seul qui pourrait vous répondre, c'est Samuel Eto'o, le président de la fédération camerounaise de football. Après, ce n'est pas parce qu'on a juste atteint les huitièmes qu'il faut tout changer. La tendance a changé rapidement parce que le résultat n'est pas celui qu'on attendait. Mais après on travaille comment ? On sait que les résultats payent sur la durée, donc je pense qu'il faut continuer. Il faut lui laisser le temps de bien travailler, de remettre encore des choses en place, et faire le bilan de ce qui a été et n'a pas été. Ensuite, il faut avancer, tout simplement. Mais changer à tout va parce qu'il n'y a pas eu un résultat, je ne sais pas si c'est un bon choix. Que pensez-vous du travail de Samuel Eto'o en tant que président de la fédération camerounaise de football ? Je sais juste qu'il intervient pas mal dans le championnat camerounais. Au niveau de la sélection, je pense qu'il essaie de mettre les joueurs dans les meilleures conditions, de faire les choses bien. Il a quand même connu la sélection bien avant les gens qui sont là. Il connait les dysfonctionnement du passé. Je pense qu'avec ça, il essaie de faire avancer l'équipe nationale du Cameroun au niveau administratif. Si je suis prêt à donner un coup de main au Cameroun ? Oui, bien sûr. C'est le Cameroun, c'est mon pays. Si on m'appelle pour ça, oui. Dans un rôle d'entraineur des gardiens ? Aujourd'hui, je suis entraineur des gardiens, donc je pense que ce sera ce rôle-là. Mais avant de voir ça, j'ai le temps. J'ai le temps de penser à tout ça. Pour l'instant, je ne suis pas du tout orienté là-dessus. Je veux me construire en tant qu'entraineur. Je passe des formations en ce moment. Je veux avoir de l'expérience avec les jeunes. Ça viendra, mais je ne suis pas focalisé là-dessus. Si ça se présente, je verrais en temps et en heure. Pour l'instant, je veux me construire en tant qu'entraineur des gardiens.
«Il faut continuer avec Rigobert Song»
Si je suis surpris par l'élimination du Sénégal contre la Côte d'Ivoire ? Oui, leur sans-faute (ndlr : en phase de groupes) montrait que c'était une équipe costaud, bien huilée, bien rôdée tactiquement. On a bien vu que c'était solide, mais l'élimination en huitième pose quand même un doute, parce qu'il était favoris, on le voyait en finale. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais les Lions de la Teranga ont ouvert le score très tôt dans le match et ce que je trouve dommage, c'est qu'ils n'ont pas continué à jouer. Ils se sont arrêtés de jouer et ça a donné la force aux Ivoiriens de revenir dans le match. Qui va remporter la CAN ? Je pense que ce sera une surprise. Ce ne sera pas une équipe qu'on attend. Je vais dire Nigeria avec une équipe qu'on n'attend pas. La Guinée joue bien, la RDC (ndlr : République démocratique du Congo) fait ses matchs et avance. Ils surprennent tout le monde à chaque fois. On se dit que le Congo ne va pas passer, puis finalement ils sont là. Je pense que ce sera une équipe qu'on n'attend pas. Est-ce que Zinedine Zidane pourrait relancer l'Algérie ? Je ne sais pas, parce que entrainer un club et une sélection, c'est totalement différent. Les joueurs dans les clubs, on les a tous les jours. On a le moyen de faire passer un message plus facilement. En sélection, on supervise les joueurs de loin, on rassemble. Est-ce que tout le monde adhère ? Après Zidane, on connait le parcours du monsieur, du joueur, et le parcours de l'entraineur... c'est vrai que ça peut faire rêver des gens, ça peut changer. Rien que le fait d'entendre son nom, ça change les choses. Après, une sélection, je ne sais pas si ça peut le faire. La FFF a refusé de prêter Hervé Renard à la Côte d'Ivoire. Est-ce que les Eléphants peuvent gagner la CAN sans lui ? Oui, il y a des gens qui sont en place et qui œuvrent pour ça. Ils ont les diplômes, les connaissances footballistiques. Pourquoi pas ? Ils ont leur chance, donc bien sûr qu'ils peuvent gagner sans Hervé Renard. Je sais qu'ils ont fait appel à lui parce qu'il les a fait gagner une fois. On connait son parcours avec les sélections, on sait quel entraineur il est, mais ils peuvent gagner sans lui. S'il n'est pas là, ce n'est pas un drame. Il y a des gens qui sont aptes aussi à mener une sélection au plus haut. Si Emersé Faé, coach intérimaire de la Côte d'Ivoire, fait l'affaire ? Oui, il a joué pour la sélection, il a été pro et il entraine depuis quelques années déjà, même si c'était beaucoup de jeunes. Il a une très bonne connaissance du foot. Après, c'est tôt et il a peu de temps. Il a quelques semaines pour emmener l'équipe au plus haut. C'est sûr que niveau résultat, c'est tout de suite. On ne lui a pas laissé le temps. Il n'a pas eu le temps de préparer, de sélectionner les joueurs qu'il veut, de mettre en place son jeu. C'est un truc rapide, mais à lui de voir comment manager son équipe pour arriver au plus haut.