6 Nations : Pourquoi les Bleus vont enfin s’imposer à Twickenham
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Comme toujours à Twickenham, les Bleus vont plonger dans le traquenard anglais. Mais cette fois, le Crunch londonien peut réellement tourner en faveur des Bleus.

Pas la meilleure Angleterre 

Paradoxe de la situation, cette Angleterre dans le creux de la vague, qu’on annonce moribonde et en reconstruction, humiliée par l’Ecosse sur son terrain en ouverture du Tournoi, est encore devant la France au classement du Tournoi et encore en course pour la victoire. Sauf que ses deux dernières victoires ont été acquises contre l’Italie et au Pays de Galles. Deux équipes qui vont s’affronter ce week-end pour désigner le propriétaire de la cuillère de bois 2023. Pire, ce XV de la Rose n’a plus autant épine qu’avant. Collectivement, l’équipe manque de confiance et de certitude pour prétendre dominer les Bleus. Individuellement, les cadres habituels ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. Mario Itoje n’est plus le meilleur deuxième-ligne du monde. Il pèse moins sur le rendement de son équipe. L’ouvreur Owen Farrell n’est plus aussi clinique face aux perches. Le pilier Kyle Sinckler est largement prenable en mêlée. Et le demi-de-mêlée actuel Jack Van Poortvliet est loin du niveau d’un Antoine Dupont. Le nouveau sélectionneur Steve Borthwick a encore du boulot avant que l’Angleterre redevienne un candidat crédible pour la prochaine Coupe du monde. 

Un rugby anglais en souffrance 

« Le départ d’Eddie Jones a démontré que cette équipe était vraiment en souffrance, confie l’ex-international français Aubin Hueber. Tout simplement aussi parce qu’il y a des joueurs qui sont en train de vieillir. Il y a une nouvelle génération qui arrive mais qui a du mal à s’exprimer. Un peu comme tout le championnat anglais en ce moment. Le XV de la Rose est à l’image de son rugby de club, un rugby un peu en difficulté ». La situation économique du rugby anglais oblige certains joueurs à l’exode, avec notamment de nombreux internationaux qui débarquent en Top 14. Mais le mal du rugby anglais n’est pas que d’ordre économique selon Aubin Hueber. « Il y a une nouvelle génération intéressante avec des joueurs comme l’ouvreur Marcus Smith ou l’arrière Freddie Steward, reconnaît l’ancien 9 du XV de France. Mais je pense que Borthwick est plus en train de préparer le Coupe du monde plutôt que le Tournoi des 6 Nations ».  

Des Bleus requinqués 

Le plus gros argument qui laisse penser que les Bleus vont s’impose à Twickenham, c’est leur faculté de gagner malgré l’adversité. Car, si l’on met de côté le match en Irlande, exceptionnel par son intensité et par la qualité de l’adversaire, le XV de France arrive toujours à ses fins. Pour preuve les matchs du dernier Tournoi ou les tests de l’automne contre l’Australie et l’Afrique du Sud. « On a une équipe très complète, explique Aubin Hueber. Une équipe capable d’aller chercher la victoire à Twickenham ». Et même si les Bleus ont souffert sur leurs trois premiers matchs du Tournoi, la semaine de repos après l’Ecosse a surement servi de régénérer les corps et retrouver un peu de fraîcheur nécessaire. « J’avais trouvé quelques joueurs un peu émoussés en début de compétition, confie Aubin Hueber. Mais ça devrait aller mieux ce week-end. Et la France possède de très bons finisseurs ».  En conclusion, sur le papier, pour une fois, le XV de France est bien meilleur que l’Angleterre. Et possède plus de certitudes sur son jeu. Et plus de talents dans ses rangs. Les planètes sont enfin alignées pour un douzième succès des Bleus à Twickenham en plus de cent ans d’histoire.

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