Alors que la WWE débarque en France cet été à l’occasion de "Clash in Paris" à la Paris La Défense Arena, le 10 Sport s’est entretenu avec l’une des stars de la compagnie de catch : Aleister Black. L’occasion de revenir avec lui sur son retour au sein de l’organisation, ses ambitions pour la suite mais également ses souvenirs dans l’Hexagone, lui qui connaît très bien le pays.

Fort du succès rencontré les 3 et 4 mai 2024 du côté de la LDLC Arena de Décines-Charpieu pour Smackdown et Backlash, la WWE, première organisation de catch dans le monde, sera de retour en France cet été pour trois shows. Les stars de la compagnie s’arrêteront d’abord près de Lyon le 29 août dans une salle qui leur ont porté bonheur l’année dernière pour Smackdown, avant de prendre la direction de la Paris La Défense Arena le 31 août pour "Clash in Paris", premier grand événement de la WWE organisé dans la capitale, puis Raw le lendemain. A cette occasion, le10sport.com a pu s’entretenir en exclusivité avec Aleister Black, qui a fait son retour au sein de la compagnie en avril dernier et qui connaît bien la France pour y avoir combattu des dizaines de fois au début de sa carrière.
Avec deux jours de retard, bon anniversaire ! (entretien réalisé le 21 mai)
Aleister Black : Oh, merci beaucoup !
Ce retour à la WWE est un beau cadeau.
Oui, oui, c'est vrai. Vous avez tout à fait raison, à 100%.
Pourquoi avez-vous décidé de revenir à la WWE ?
Il y a beaucoup de réponses possibles, mais je vais vous donner ma version la plus concise. J'ai toujours eu l'impression qu'au moment de mon départ de la WWE, la première fois, j'avais encore beaucoup à offrir. Ma femme travaille à la WWE (Zelina Vega est l’actuelle championne des États-Unis, NDLR), et je lui ai dit que si jamais j'avais l'opportunité de revenir, je considérerais l’option. J'ai toujours senti qu'il y avait beaucoup plus à accomplir pour moi. Je ne vais pas entrer dans les détails sur les raisons de mon départ, mais ce que je peux vous dire, c'est que mon départ initial n'était pas vraiment prévu, c'était un peu une négligence ici et là. Les choses arrivent, n'est-ce pas ? La vie continue. Et tout va bien. C’est parfait parce que nous sommes de retour là où nous devons être, et je suis extrêmement enthousiaste d'être de retour. En revenant ici, j'ai des objectifs qui sont à la fois personnels et professionnels, comme "puis-je encore faire ceci ? Et cela ? Puis-je me mesurer à cette personne ? Puis-je avoir tel programme ?" Etc… Il y a beaucoup de raisons personnelles et professionnelles pour lesquelles je voulais revenir. Mais avant tout, évidemment, parce que c'est la WWE, et c'est la plus grande entreprise au monde en matière de catch. La première fois, j'ai eu un avant-goût prolongé de la WWE, et cela a suffi pour me donner envie de revenir. Quand on m'a offert cette opportunité il y a quelques mois et que nous avons eu de bonnes conversations, elles étaient extrêmement positives, il n'y avait aucun doute dans mon esprit. J'ai simplement suivi cette voie parce que c'était le bon choix pour moi, pour ma famille, professionnellement, personnellement, et tout cela avait du sens pour moi.
Est-il vrai que Triple H vous a dit « bienvenue à la maison » après votre retour à Smackdown ?
Oui, c’est correct.
Quel est votre objectif principal avec ce retour ? Avez-vous un match de rêve en tête, ou un titre que vous visez ?
Si ma réponse n'est pas d'être en tête d'affiche de WrestleMania et remporter un titre, alors à quoi bon ? Donc, je vais vous donner l’échelon le plus haut possible, c'est-à-dire figurer en tête d'affiche de WrestleMania et remporter un titre. Je pense que chaque catcheur qui a un objectif devrait viser cela s'il veut atteindre l’échelon le plus haut possible dans notre industrie. C'est l'objectif. Mais peu importe le titre, peu importe l'adversaire, peu importe la rivalité, peu importe l'histoire. Ce qui compte, c'est que je veux accomplir tout ce que je peux pendant le temps qu'il me reste en tant que catcheur, soit, je l’espère, entre cinq et huit ans. Je me sens bien. Je pense être dans la meilleure forme de ma vie. Mentalement, je me sens si bien. La compagnie a été si accueillante et accommodante pour tout. L’horizon est plus intéressant que jamais avec un mélange de jeunes talents et de talents établis, avec le nombre de Premium Live Event que nous avons maintenant, avec les ponts qui sont construits... La WWE est plus populaire que jamais. Il n'y a jamais eu de moment dans le catch où la WWE était aussi bouillante à travers le monde. Il n'y a pas de meilleur moment pour quelqu'un comme moi d’être dans la position où je suis. Donc, je veux tout faire, y compris pouvoir discuter avec vous, y compris faire des interviews. Tout ce que je dois faire, je veux le faire parce qu'au final, vous n'avez qu'un temps limité dans votre vie, et j'ai beaucoup de chance de pouvoir le faire une deuxième fois. Peu de gens ont cette opportunité. Je veux faire autant que possible parce que je ne veux pas quitter le milieu du catch en me disant que j'aurais dû dire oui à ceci ou que j'aurais dû faire cela... Non, je ne veux pas de "peut-être". Je veux des "oui". Je veux pouvoir dire "Je l'ai fait". "Oui, j'ai essayé". Je le dis souvent à mes étudiants (Il a ouvert sa propre école de catch, NDLR). Si au final, vous avez échoué, au moins, ne laissez pas cela être à cause de vos propres choix, car ce sont les choix qui ont un impact sur votre réussite ou non.
« J'espère sincèrement que mes amis français me réserveront le même accueil qu'AJ Styles ou Randy Orton »
Vous parlez de WrestleMania… Avant votre retour, il y a eu des rumeurs vous concernant pour affronter Randy Orton à Las Vegas (le 20 avril dernier) après la blessure de Kevin Owens. En avez-vous entendu parler ?
D'après ce qu'on m'a dit, il y a eu une discussion à ce sujet. Mais pour des raisons évidentes, ça n’est pas allé plus loin car ils avaient un autre plan. Mais l'option a été envisagée. C'était une réflexion du genre : "Et si on le faisait ? Bon, peut-être pas, ok". C'est tout ce que j'ai entendu. Le fait qu'ils aient échangé sur le sujet est plutôt cool. Et j'aurais sauté sur l'occasion à bras ouverts parce que chaque fois que j'ai l'occasion de catcher contre Randy, c'est un bon moment, parce que Randy, c'est... c'est Randy Orton quoi ! C'est Randy Orton. A WrestleMania. Comment pourrais-je refuser ? Vous voyez ce que je veux dire ? J'aurais une peur bleue, mais je le ferais. Ce serait fou.
La WWE revient en France cet été. Avez-vous vu Smackdown et Backlash l’année dernière, qui avaient lieu à Lyon ?
Oui, j’ai vu, et c’était fou ! Cela a toujours été fou en France. La France a fait exactement ce que j'attendais des fans français (rires). J’ai une longue histoire avec la France. Chaque fois que je suis venu, c'était synonyme de plaisir parce que les Français sont dans une catégorie à part. Certains de mes meilleurs souvenirs remontent à l’époque où j'ai travaillé pour une compagnie appelée "ICWA" (compagnie du nord de la France, NDLR) pour (Pierre) Booster Fontaine. Et même à l'époque, je parle de 2007, 2008, il y avait entre 25 et 5 000 personnes présentes qui perdaient la tête. Je ne sais pas ce qu'il y a de particulier entre les Français et le catch, peut-être que ça s’explique par la grande histoire du "catch wrestling" (première forme de catch apparu en France au début du XXe siècle, NDLR) et d'autres choses comme ça, mais les Français, depuis que je suis catcheur, ont toujours été absolument incroyables. Les réactions folles à Smackdown et Backlash Lyon dépassent de loin ce que je pensais que les Français feraient. C'est l'une des choses les plus folles que j'ai jamais vues. Je pense que tout le monde se demandait ce qui se passait en France. C'est fou, mais c'est quelque chose que j'ai toujours plus ou moins su. Et c'est pareil avec la partie francophone de la Belgique, ça a toujours été comme ça. Je ne sais pas ce qu'il y a chez les Français. Ils adorent le catch, et nous vous aimons pour cela. C'est génial.
Comme vous dites, vous avez eu de nombreux matchs en France, y compris à la WWE, avec NXT, il y a sept ans (11 juin 2018). Vous vous en souvenez ?
Contre Lars Sullivan ?
Oui, vous étiez champion de NXT...
Oui, je l'ai fait passer à travers une table, non ?
Oui...
Oui, je m'en souviens (rires).
L'année dernière, Jey Uso, AJ Styles ou encore Randy Orton ont eu une entrée magique en France. Voulez-vous également une entrée marquante en France, à Smackdown, à Clash in Paris ou à Raw ?
Oui, bien sûr ! On ne va rien changer, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de changer quoi que ce soit. Je pense que si nous faisons cette entrée en France, alors évidemment, j'espère sincèrement que mes amis français qui écoutent ça me réserveront le même accueil que ces gentlemen, ces grands professionnels. Car je pense que mon entrée apporte quelque chose de différent, si nous faisons ce que j’appellerais « l'entrée rituelle d'Aleister Black », ce serait un spectacle à voir dans un endroit comme la France. Comme je l'ai dit, la réaction des Français a toujours été incroyablement folle, et je ne peux qu’imaginer le bruit qu’il y aurait si nous devions le faire là-bas. parce que vous êtes enthousiastes pour littéralement tout.
« Travailler en France a été une partie très importante de ma carrière »
Et si vous pouviez affronter l’adversaire de votre choix à Clash in Paris, qui choisiriez-vous ?
Oh mon dieu. Vous me demandez de choisir dans un vestiaire si talentueux. Jacob Fatu, Damian Priest, une revanche contre Carmelo Hayes, Cody Rhodes… Je veux juste catcher, avoir des matchs, Je veux juste faire des matchs. Connaissant votre style, ça me donne envie de faire mon meilleur match devant vous. Et quel que soit l'adversaire, cela n'a pas d'importance parce que le haut du panier est déjà à la WWE, et quand vous me demandez quel adversaire je voudrais, je me dis qu'il y a tellement de talents dans le vestiaire. Il y a tellement d'options.
En parlant de Cody Rhodes, vous avez une longue histoire avec lui (les deux se sont affrontés en 2021 à l’AEW, la compagnie concurrente). Vous lui avez parlé avant de revenir à la WWE ?
Oui, je suis toujours resté en contact avec Cody. Il a toujours été très gentil avec moi. Quand on s’est rencontrés, c’était l'une des personnes les plus ouvertes aux idées. J'ai passé pas mal de temps au téléphone avec lui. Toujours ouvert à la conversation, c’est quelqu'un que je considère comme un leader dans les vestiaires. Pour moi, il n'est pas surprenant qu'il ait gravi les échelons au sein de la WWE aussi rapidement, car Cody Rhodes, à mes yeux, est le professionnel par excellence. Il aime ce business, il est ce business. Il vend énormément de produits dérivés. Il est très populaire. Un homme aux multiples talents qui reste toujours lui-même. Je ne l'ai jamais vu ne pas être une personne gentille. Je ne l'ai jamais surpris à être autrement que ce qu'on attend de lui, c'est-à-dire un professionnel à plein temps et un être humain bienveillant.
Vous n’avez jamais affronté John Cena. C’est l’un de vos rêves avant la fin de sa carrière à la WWE en décembre ?
Bien sûr. J'ai l'impression que John Cena est le dernier d'une époque où le catch était d'un autre calibre. Si vous regardez le parcours de John, c'est fait de hauts et de bas. Et puis tout d'un coup, quand il est monté, il a continué à monter, il a trouvé son rythme et il a porté cette industrie le plus longtemps. Et d'une certaine manière, il portera toujours cette industrie parce qu'il est devenu un chef de file incontournable de ce milieu, pas seulement de la WWE, mais de l'industrie tout court. Tout le monde, au-delà du catch et de la WWE, sait qui est John Cena. Avec ses talents d'acteur, tous les films dans lesquels il a joué et toutes les choses qu'il a faites en dehors de la WWE, il a transcendé le monde du catch. Je serais idiot de ne pas vouloir catcher contre lui et même simplement m'asseoir avec lui. J'ai eu quelques conversations avec lui lors de mon premier passage à la WWE, et il a toujours été une personne aimable, toujours disponible pour donner des conseils, prenant du temps pour vous et il a d'excellentes réponses. Je sauterais sur l'occasion de me mesurer à John.
Vous connaissez bien la France, avez-vous une ville préférée ou un endroit que vous affectionnez particulièrement ?
J'aime beaucoup Lyon. Paris, pour des raisons évidentes. J'ai aussi beaucoup catché dans le sud de la France, c’est très joli, presque tropical. La France est un pays tellement beau. Je dirais que, aussi cliché que cela puisse paraître Paris est… C’est déjà l'un des endroits les plus fous pour conduire une voiture, d'ailleurs. Mon dieu ! Il y a une raison pour laquelle c'est une ville si célèbre : l’architecture, les gens, les lieux, les structures, les sites, les monuments... C'est un endroit vraiment unique en son genre. Les gens ont une manière très accessible de communiquer avec vous. J'ai toujours vraiment apprécié mon temps en France.
Si l’on revient du temps de Tommy End (son nom avant d’être à la WWE, NDLR)... Je pense à toutes ces années passées, on se souvient du Royaume-Uni, on pense à l'Allemagne, évidemment, mais la France… Parce que j'ai appris à travailler devant un gros public, à ressentir cette énergie, en France, car les fans français ont toujours donné beaucoup d'énergie. J'ai joué un méchant pendant une grande partie de ma carrière en France, et ça m’a appris la manière de ralentir, de laisser les fans entrer dedans. Je suis très reconnaissant envers Booster Fontaine pour cela, car il me faisait revenir constamment et travaillait constamment avec moi. Il attirait des foules massives. Travailler en France, avoir ce privilège, a été une partie très importante de ma carrière.
J'espère que les gens réalisent maintenant, après avoir vu Smackdown, Backlash, et avec le prochain show à Paris, à quel point le marché français est important pour le catch. C'est l'un des endroits les plus incroyables pour se produire et il y a tellement de potentiel. J'attends avec impatience de voir cette croissance dans les années à venir, car cela ne se résumera pas à un seul show supplémentaire. J’imagine une croissance si importante qu'à terme, de plus grands événements, si vous voyez ce que je veux dire, prendront place en France parce que de mon point de vue, c'est naturel que, dans trois à cinq ans, nous puissions avoir WrestleMania à Paris ou quelque chose de similaire, en raison de l'évolution, des réactions et de l'importance de ce marché. Je pense que la France va devenir l'un des acteurs clés du marché. Et à bien y réfléchir, elle est déjà un acteur clé, mais elle est exploitée d'une manière inédite, ce qui est fantastique et conforme à ce que j'ai toujours pensé qu'elle devait être parce que je sais à quel point vous êtes fous. Je le savais avant de venir à la WWE.
Propos recueillis par Bernard Colas