F1 : Hamilton «volé», il retrouve son ennemi
Arthur Montagne -
Journaliste
Affamé de sport, il a grandi au son des moteurs de Formule 1 et des exploits de Ronaldinho. Aujourd’hui, diplomé d'un Master de journalisme de sport, il ne rate plus un Grand Prix de F1 ni un match du PSG, ses deux passions et spécialités

La saison 2021 restera dans la annales de la Formule 1 comme l'une des plus palpitantes de l'histoire. Il faut dire que le titre s'est joué dans le dernier tour de l'année, ce qui a engendré de nombreuses polémiques, notamment à l'encontre de Michael Masi, alors directeur de course de la FIA. Ce dernier, écarté de la F1 après cette saison folle, fait d'ailleurs son retour sur un Grand Prix ce week-end et il en a profité pour raconter la façon dont il a vécu cette situation. Lewis Hamilton ne devrait toutefois pas aller le saluer.

Ce week-end, à l'occasion du Grand Prix d'Australie, Michael Masi sera de retour dans le paddock, un peu plus d'un an après sa mise à l'écart par la FIA. Ce nom ne parle peut-être pas au grand public, mais l'Australien est désormais bien connu des fans de Formule 1. Et pour cause, il était directeur de course en 2021 qui restera comme l'une des plus palpitantes saisons dans l'histoire de la F1. Mais dont le dénouement a également donné lieu à l'une des plus grosses polémiques de ces dernières années.

Abu Dhabi 2021, l'histoire d'une course folle

Pour tout comprendre, il faut faire un petit retour en arrière. Nous sommes le 12 décembre 2021 à Abu Dhabi pour le dernier Grand Prix d'une saison légendaire qui a vu Lewis Hamilton et Max Verstappen se livrer l'une des plus belles batailles que ce sport aient connu. A tel point que les deux pilotes arrivent à égalité parfaite et l'issue du championnat se jouera donc sur ce dernier rendez-vous de la saison. Les calculs sont très simples. Celui qui termine devant l'autre sera champion du monde. En pole position, Max Verstappen voit toutefois Lewis Hamilton prendre la tête dès le premier virage. Et le Britannique, au volant d'une Mercedes en grande forme, va s'envoler et prendre une avance que le Néerlandais ne pourra pas combler à la régulière malgré les efforts de Sergio Pérez qui, au volant de l'autre Red Bull, proposera une défense héroïque pour faire perdre du temps à Lewis Hamilton. Mais à quelques tours de la fin de la course, le signe du destin attendu par l'écurie autrichienne se produit. Nicholas Latifi fracasse sa Williams dans le mur et engendre l'intervention de la voiture de sécurité. Le Grand Prix prend alors des allures de folie.

La voiture de sécurité la plus polémique de l'histoire

Alors deuxième, Max Verstappen n'a rien à perdre et se précipite dans les stands afin de chausser des gommes tendres dans l'espoir que la course soit relancée. Mais l'espoir est mince. Il ne reste que cinq tours et la procédure légale ne devrait pas permettre une reprise de la course qui pourrait se terminer sous régime de voiture de sécurité. Pas très vendeur pour boucler une saison exceptionnelle. C'est alors que la direction de course à une idée. Michael Masi, qui est donc le directeur de course de la FIA, décide de laisser se dédoubler uniquement les retardataires présents entre Lewis Hamilton et Max Verstappen alors que la procédure exige que tous les pilotes à un tour se dédouble pour rattraper la queue du peloton. Un choix surprenant et inédit qui va permettre à la course de reprendre. Mercedes prend à alors conscience de ce qui est en train de se produire. Le titre va se jouer sur un tour entre Lewis Hamilton, chaussé de gommes dures vieilles de 44 tours, et Max Verstappen avec ses pneus tendres à peine rôdés. Furieux, Toto Wolff explose son casque sur la table en lâchant un désormais célèbre « No Micky ! No » directement adressé à Michael Masi. « C'est tellement injuste », insiste le patron de Mercedes dans les oreilles du directeur de course. Il faut dire que comme tout le monde, Toto Wolff a compris ce qui allait se passer. Bien évidemment la Red Bull ne fera qu'une bouchée du septuple champion du monde qui se voit priver de l'opportunité de dépasser Michael Schumacher.  

Mercedes assure qu'Hamilton s'est fait voler

Un plus d'un an plus tard, le traumatisme est toujours présent chez Mercedes d'autant plus que l'écurie de la marque allemande n'est plus en course pour le titre depuis la saison dernière. Toto Wolff confiait encore récemment qu'en « 2021 où tout était fait pour le divertissement avec une décision rapide et cela nous a volé, cela a volé Lewis, d’un titre. » Michael Masi, écarté de la direction de course par la FIA, en prend donc pour son grade, et alors qu'il est de retour ce week-end à l'occasion du GP d'Australie, Lewis Hamilton n'entend pas le croiser. « Je n’ai pas l’intention de le voir ou de m’entretenir avec lui parce que je n’ai rien à lui dire. Je préfère me préoccuper du futur que me tourner vers le passé, car on ne pourrait plus le changer », assure le septuple champion du monde en conférence de presse.

Masi de retour, il a vécu un calvaire

De son côté, Michael Masi a très mal vécu la situation. Il faut dire que sa décision a engendré de nombreuses réactions et notamment des menaces sur les réseaux sociaux où les fans de Lewis Hamilton se sont déchaînés. « J'avais dit à mes parents de ne pas prendre la peine de lire ou de regarder quoi que ce soit. Ce n'est pas bon pour la santé. Cela peut être très toxique. À bien des égards, les médias sociaux peuvent être un excellent outil, mais pas si bien à d'autres. J'ai passé du temps à m'occuper de moi. Ça m'a fait du bien. C'est ce dont j'avais besoin. J'ai passé beaucoup de temps à me mettre en forme physique mais je n'ai pas passé assez de temps sur le plan mental pendant longtemps. Mes proches ont été d'une aide incroyable. Quant à l'aide professionnelle, je l'ai obtenue, mais probablement un peu tard - vers la fin de l'année dernière, mais les choses s'étaient largement calmées à ce moment-là », confie l'ancien directeur de course de la F1 qui restera donc bien malgré lui dans l'histoire du sport automobile.

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