Mercato - PSG : Mbappé, UEFA... Cette énorme révolution qui change tout pour le Qatar !
Arthur Montagne -
Journaliste
Affamé de sport, il a grandi au son des moteurs de Formule 1 et des exploits de Ronaldinho. Aujourd’hui, diplomé d'un Master de journalisme de sport, il ne rate plus un Grand Prix de F1 ni un match du PSG, ses deux passions et spécialités

La réforme du fair-play financier a été validée par l'UEFA et entrera en vigueur dès le mois de juin avec une période de transition de trois ans. Et alors que l'ancienne version du gendarme financier européen défavorisait les clubs comme le PSG ou Manchester City, ce nouveau format, sur lequel Nasser Al-Khelaïfi a travaillé, change la donne. Explications.

C'est une petite révolution dans le monde du football. Et pour cause, le fair-play financier, qui avait été introduit par l'UEFA en 2010, évolue de façon drastique. En effet, comme on peut le lire sur le site officiel de l'UEFA, « le Comité exécutif de l'UEFA a approuvé aujourd'hui le nouveau Règlement de l'UEFA sur l'octroi de licence aux clubs et la viabilité financière lors de sa réunion à Nyon. Le règlement est la première réforme majeure du règlement financier de l'UEFA depuis son introduction en 2010. » Plus qu'une réforme, c'est une révolution. Ce nouveau format du fair-playfinancier semble clairement être un système qui s'attaque à la dette et non plus à l'investissement. Un changement qui devrait profiter aux clubs qualifiés de nouveaux riches comme le PSG, Manchester City ou encore Newcastle, dont la capacité d'investissement était freinée par l'ancien format du FPF pendant que de nombreux clubs s'endettaient sans compter, ce qui est par exemple impossible en France avec la DNCG. Et ce n'est probablement pas un hasard si Nasser Al-Khelaïfi a participé à l'élaboration de ce nouveau projet en ca qualité de président de l'ECA.

Le fair-play financier fait peau neuve

Mais concrètement, qu'est-ce qui change ? La principale nouveauté concerne l'instauration d'une limite salariale qui sera incluse dans les dépenses générées par les clubs. A terme, il ne sera plus autorisé de dépenser plus de 70% de revenus générés. Il s'agit des dépenses « consacrées aux salaires, aux transferts et aux commissions des agents », comme le précise l'UEFA. Un cap qui sera atteint en douceur puisqu'il sera fixé à 90 % des recettes jusqu'en 2024 puis à 80% lors de la saison 2024-2025 avant d’atteindre les 70% souhaités par le nouveau FPF à partir de 2025-2026. Président de l'UEFA, Aleksander Ceferin a présenté ces nouvelles mesures : « Pour faciliter la mise en œuvre pour les clubs, le calcul des gains du football est similaire au calcul du résultat d'équilibre. L’écart accepté est passé de 30M€ sur trois ans à 60M€ sur trois ans, les exigences visant à garantir la juste valeur des transactions, à améliorer le bilan des clubs et à réduire les dettes ont été considérablement renforcées. La plus grande innovation de la nouvelle réglementation sera l'introduction d'une règle de coût de l'équipe pour apporter un meilleur contrôle des coûts en ce qui concerne les salaires des joueurs et les coûts de transfert. Le règlement limite les dépenses sur les salaires, les transferts et les frais d'agent à 70% des revenus du club. Des évaluations seront effectuées en temps opportun et les manquements entraîneront des sanctions financières et des mesures sportives prédéfinies. » 

Pour le PSG, ça change tout

Et ce nouveau règlement change beaucoup de choses pour le PSG comme l'explique Le Parisien. Jusque-là, la limite de 30M€ de perte, sans que l'actionnaire puisse combler les trous, réduisait clairement la marge de manœuvre du Qatar et favorisait les grands clubs historiques, qui génèrent plus de revenus que les clubs récemment rachetés par de puissants investisseurs. Désormais, la limite de déficit autorisée passe à 60M€ sur trois ans, et même à 90M€ pour les clubs jugés en bonne santé financière. Mais surtout, cette nouvelle version du fair-play financier s'attaque de manière frontale à la dette, et c'est bien là le grand avantage du PSG. Et pour cause, grâce à QSI, son actionnaire richissime, le club de la capitale n'a pas besoin de faire appel à des créanciers extérieurs en empruntant par exemple à des banques. Un critère qui est en revanche beaucoup plus problématique pour les clubs espagnols, à commencer par le FC Barcelone qui cumule plus d’un milliard d’euros de dettes. Avec le nouveau fair-play financier, les clubs déficitaires seront dans l'obligation de rembourser 10% de cette dette chaque saison. Et bien évidemment, consacrer une part importante de ses revenus à un remboursement de crédits contraint à faire des économies sur d'autres dépenses, comme les transferts ou les salaires. Le nouveau règlement prévoit également des sanctions inspirées des sports nord-américains à savoir des amendes graduées infligées en fonction du montant dépassé. Par conséquent, comme c'est déjà le cas en NBA, certains clubs pourraient choisir de payer des amendes, même élevées, plutôt que de respecter les limites salariales. Là aussi, un club très riche comme le PSG est avantagé.

Une victoire pour Nasser Al-Khelaïfi

Par conséquent, ce nouveau format du fair-play financier semble être une victoire pour Nasser Al-Khelaïfi. Et pour cause, en sa qualité de président de l'ECA, la patron du PSG a largement contribué aux discussions avec l'UEFA. Alors que la précédente version du FPF favorisait clairement les clubs historiques comme le Real Madrid, le FC Barcelone ou encore Manchester United, le nouveau règlement semble cette fois-ci profiter aux clubs disposant d'actionnaires puissants à l'image du PSG, de Manchester City et désormais de Newcastle. Des clubs qui peuvent aisément contrôler leur dette. Cela offre également une marge de manœuvre supplémentaire aux Parisiens pour convaincre Kylian Mbappé de prolonger puisque la limite de 70% n'entrera en vigueur qu'en 2026. Ces derniers jours, Nasser Al-Khelaïfi expliquait d'ailleurs à The Athletic en quoi ce nouveau règlement était nécessaire. « Nous pouvons parler du FPF, mais nous devrions également examiner d'autres modèles d'investissement, notamment la dette. Un grand club espagnol est venu me voir ici à Vienne (à l'assemblée générale de l'ECA) et m'a dit : "Nasser, Barcelone a 1,5 milliard d'euros de dettes, maintenant ils prennent un autre prêt, maintenant ils peuvent faire des choses sur leur stade pour un autre milliard. C'est la clé, pour empêcher les clubs de faire faillite et avoir un contrôle des coûts". C'est ce que m'a dit un autre club espagnol hier ! Personne ne veut payer des millions en salaires, mais la relation avec la législation européenne n'est pas facile. Nous ne pouvons pas avoir des plafonds comme la NBA », assurait le président du PSG qui semble bien être le grand gagnant de cette révolution. Nasser Al-Khelaïfi s'était rapproché de l'UEFA après son refus catégorique de s'associer à plusieurs clubs européens pour créer la Super Ligue. Il avait ainsi récupéré le poste de président de l'ECA pour remplacer Andrea Agnelli. Et il en récolte aujourd'hui les fruits.

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