Mercato - OM : PSG, LFP, Qatar... Le projet de Mourad Boudjellal se complique !
Arthur Montagne -
Journaliste
Affamé de sport, il a grandi au son des moteurs de Formule 1 et des exploits de Ronaldinho. Aujourd’hui, diplomé d'un Master de journalisme de sport, il ne rate plus un Grand Prix de F1 ni un match du PSG, ses deux passions et spécialités

Porteur d'un projet de rachat de l'Olympique de Marseille, Mourad Boudjellal serait accompagné d'investisseurs venus du Moyen-Orient, notamment saoudiens. Mais entre la méfiance de la LFP et la défiance du Qatar, ce projet n'est pas de tout repos.

Depuis deux semaines, Mourad Boudjellal est au cœur de toutes les discussions. Omniprésent dans les médias, l'ancien président du RC Toulon a confirmé être porteur d'un projet de rachat de l'Olympique de Marseille. Mohamed Ayachi Ajroudi, homme d'affaires franco-tunisien, est d'ailleurs à l'origine de ce projet appuyé par des fonds d'investissements venus du Moyen-Orient, notamment d'Arabie Saoudite. Et c'est bien là que tout repose. L'identité des investisseurs n'a pas été dévoilés, mais si des saoudiens venaient à être impliqués dans ce dossier, nul doute que le Qatar, propriétaire du PSG, regarderait de très près cette situation. Mais les Qataris ne seraient pas seuls. 

La LFP prévient Boudjellal, le Qatar pourrait refaire le coup de Newcastle

En effet, la LFP se penchera sérieusement sur les conditions de rachat. Contactée par Le Parisien, la Ligue assure pour le moment n’avoir « aucun élément sur le dossier » de rachat de l’OM, avant d'avertir Mourad Boudjellal : « Quels que soient les investisseurs, tout projet de reprise doit au préalable être validé par la DNCG, en vertu de la loi Braillard ». Un premier écueil à franchir pour racheter l'Olympique de Marseille, mais ce ne sera pas le seul. Et pour cause, le Qatar pourrait bien mettre des bâtons dans les roues de ce projet si l'Arabie Saoudite est impliquée. Les relations entre les deux Etats du Golfe sont glaciales, et alors que les Saoudiens comptent racheter Newcastle, les Qataris retardent la concrétisation de ce deal par le biais de Youssef Al-Obaidly, directeur de beIN SPORTS. « L'implication du principal fonds souverain du pays qui depuis presque trois ans a ouvertement facilité l'opération la plus grande et sophistiquée de piratage sportif jamais vue - beoutQ - nous inquiète grandement », écrit le dirigeant dans une lettre adressée à Richard Masters, le patron de la Premier League, afin de faire annuler le rachat des Magpies. D'ailleurs, la FIFA a reconnu que beoutQ, système de piratage saoudien afin de diffuser gratuitement beIN SPORTS, était dangereux, demandant « à l'Arabie Saoudite de prendre les mesures nécessaires pour se conformer à ses obligations en matière de droits à la propriété intellectuelle dans le but de protéger les détenteurs légitimes de droits et le football lui-même. » Par conséquent, la Premier League hésite à valider le projet de rachat de Newcastle. « Dans un monde parfait, les rachats se passeraient proprement, clairement et rapidement. Parfois, ça devient plus compliqué », a expliqué Richard Masters devant des députés. Une telle situation peut-elle se reproduire en France ?

Le Qatar ne veut pas d'un PSG-OM version Moyen-Orient

C'est probablement la principal crainte de Mourad Boudjellal et des supporters de l'OM. Et l'analyse de Nicholas McGeehan, le directeur de l’ONG FairSquare Projects, ne risque pas de les rassurer. « L'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis ont coupé leurs relations diplomatiques avec le Qatar, principalement pour des divergences politiques à propos de leur vision sur la manière dont le Moyen-Orient devrait être gouverné. Il y a aussi un réel antagonisme personnel entre les monarques. Ils ne s'aiment pas. Le football est devenu un terrain de bataille pour exprimer cette rivalité. Le PSG est un joyau de la couronne pour le Qatar et le pays utilise ce club de manière très efficace au niveau politique. La dernière chose qu’il veut, c’est voir leur plus grand club rival racheté par leur plus grand pays rival », confie-t-il dans les colonnes du Parisien. Et il y a un autre volet sur lequel le Qatar s'appuie en coulisses afin de discréditer l'Arabie Saoudite : la situation des droits humains. Cela peut paraître osé compte tenu des critiques dont l'état gazier fait régulièrement l'objet à ce sujet, mais d'après Nicholas McGeehan « la situation en matière de droits de l'homme est bien pire en Arabie saoudite qu'au Qatar sur beaucoup de volets. » « Toutes les libertés fondamentales sont bafouées. La plupart des défenseurs des droits humains sont derrière les barreaux ou en exil », renchérit même Katia Roux, chargée de plaidoyer pour Amnesty International, toujours dans les colonnes du Parisien. Autrement dit, les obstacles sont nombreux pour le rachat de l'OM, surtout si l'état saoudien est impliqué comme le pense une source proche du Qatar au quotidien francilien : « Nous avons des informations sur le fait que l'Arabie Saoudite cherche par tous les moyens à entrer dans le football. Les investisseurs privés agissent en service commandé, les dirigeants tentent d'arriver derrière des sociétés écran. » Une chose est sûre, la vente de l'OM risque de nous tenir en haleine encore plusieurs semaines...

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