Mercato - Barcelone : Faillite, dette... Neymar à l’origine d’une terrible crise au Barça !
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Déjà dans le rouge financièrement, le FC Barcelone n’a pas vu sa situation s’améliorer avec la crise du Covid-19. Aux yeux de différents économistes, cette dérive financière était prévisible en regardant les décisions prises ces dernières années, mais le départ de Neymar aurait clairement précipité cette crise.

En 2017, le PSG réalisait ce que certains considèrent comme le transfert du siècle. Quelques mois après la remontada, les propriétaires qataris mettaient la main sur leur bourreau, Neymar, en réglant sa clause libératoire fixée à 222M€ par le FC Barcelone. Un scénario que n’avaient pas imaginé les dirigeants catalans, qui ont ensuite tenté de remplacer le Brésilien, sans grand succès. Depuis l’arrivée de Neymar au PSG, les Blaugrana se sont en effet montrés actifs sur le marché en réinvestissant rapidement les 222M€ lâchés par le PSG, pour Ousmane Dembélé, Philippe Coutinho ou plus récemment Antoine Griezmann. Sportivement, ces choix n’ont pas été payants, et financièrement, cela est encore plus grave. Aujourd’hui, le FC Barcelone affiche de grosses pertes financières, et la dette du club est passée de 217M€ en juin 2019 à 488M€ comme l’indiquait Marca dernièrement, des chiffres inquiétants également provoqués par la crise du Covid-19.

Le départ de Neymar, un tournant dramatique pour le Barça

Dans un long dossier, El Confidencial a voulu comprendre les origines et les conséquences de la crise financière rencontrée par le FC Barcelone, « à un pas de la faillite » selon le média, en interrogant plusieurs économistes. Et à leurs yeux, le départ de Neymar a été la goute d’eau qui a fait déborder le vase catalan. « Le Barça se lance dans l'achat de joueurs après la vente de Neymar, qui n'ont pas donné le résultat escompté. Dembélé, Coutinho, Griezmann... Ce sont 400 millions d'euros de transferts qui ne vous servent pas, et une partie de ces transferts entrent aussi dans la dette à court terme », explique José María Gay de Liébana. Marc Ciria i Roig, également économiste et qui a pris part à la candidature de Joan Laporta pour la présidence du Barça en 2015 assure également que le départ de Neymar en 2017 est à l'origine des maux actuels du club culé. « Le club se retrouve avec une seule issue, une clause de paiement qui l'oblige à laisser partir le joueur. Pour contrecarrer l'effet de son départ, au lieu de parier sur un modèle sportif, ils parient sur la "Playstation" (recrutement de gros noms, NDLR). Le Barça commence à s'endetter à court terme, plus une série de prolongations pour y modifier les clauses afin de ne pas revivre ce qu’il s’est passé avec Neymar. Cela donne lieu à une masse salariale exorbitante. Cette année 2017, bien que les lignes de trésorerie soient déjà tendues, la direction du club a un peu perdu ses repères et s'est endettée au-delà des niveaux cohérents », explique le spécialiste bancaire à El Confidencial

« Lorsque le flux d'argent cesse d'arriver, la structure s'effondre rapidement »

Ce même été, le FC Barcelone décide notamment de prolonger le bail de Lionel Messi jusqu’en juin 2021, afin de gonfler sa clause libératoire à 700M€. L’Argentin voit donc ses émoluments grimper, tout comme la masse salariale de l’écurie catalane qui augmente de 200M€ selon Albert Deulofeu, économiste et fondateur de Marca Cardinal, évoquant un « scandale » de la part de la direction de l’époque. « En 2018/19, le Barça avait presque deux fois la masse salariale du Real Madrid. (…) Il y a des joueurs qui sont vraiment chers et qui ne sont pas rentables », indique Gay de Liébana, avant d’ajouter : « Les grands clubs fonctionnent ainsi. Ils dépensent beaucoup d'argent parce qu'ils savent qu'ils ont un flux de revenus régulier. Le problème est que lorsque ce flux s'arrête, comme cela pourrait arriver avec le coronavirus ou d'autres circonstances dans une moindre mesure, les équipes ne disposent pas d'outils pour réduire leurs dépenses, une grande partie de celles-ci sont des coûts fixes. Puis, lorsque le flux d'argent cesse d'arriver, la structure s'effondre rapidement. » 

« Coutinho ou Griezmann ont aujourd'hui une valeur marchande nettement inférieure »

« Les mandats des deux derniers présidents de la dernière décennie n'ont pas été à la hauteur de la tâche, mais le grand déclin est venu des cinq années de la dernière directive. Tout s'explique par les dépenses, elles sont incontrôlables et ont provoqué une augmentation de la dette », résume l'historien et économiste du football David Valero Carreras, pointant ainsi clairement du doigt Josep Maria Bartomeu, qui a quitté son poste il y a quelques semaines. Le prochain président devra donc récupérer l’énorme dette du FC Barcelone, dont « le volume dépasse le milliard », estime Gay de Liébana, alors que Valero Carreras est plus préoccupé par la manière dont elle sera traitée : « La dette est difficile à payer en raison de l'incapacité à générer des profits. » Un énorme dégraissage de l’effectif pourrait-il alors permettre au FC Barcelone de s’en sortir ? Le départ de Lionel Messi allégerait la masse salariale, mais les ventes d’autres joueurs n’arrangeraient finalement pas les choses. « Les joueurs achetés pour 100 ou 120M€, comme Coutinho ou Griezmann, ont aujourd'hui une valeur marchande nettement inférieure. Leur valeur comptable ne reflète pas la réalité, lorsque vous les vendez vous aurez une perte supplémentaire. De nombreux clubs attendent que les saisons puissent se déprécier d'année en année, afin que la dépense soit plus diluée », explique Albert Deulofeu au média espagnol.

« Le club ne pourra pas concourir au plus haut niveau pendant les 3 ou 4 prochaines années »

La crise du Covid-19 n’arrange donc absolument pas les affaires du FC Barcelone, avec un marché des transferts fortement impacté par la crise sanitaire et la baisse considérable des revenus. « Je pense que le Barça aurait tenu le coup sans pandémie », confie l’économiste José María Gay de Liébana. « Si vous ajoutez à la situation pré-covidienne, avec un compte de résultat dépendant de la vente des joueurs, une telle baisse de revenus... C'est la tempête parfaite. Le marché s'arrête, et il sera beaucoup plus difficile de vendre les joueurs, et leur prix sera plus bas, parce que tous les clubs sont touchés par le virus », ajoute Deulofeu. Alors que la prolongation de Lionel Messi est promise par certains candidats à la présidence du Barça, tout comme l’arrivée de gros noms à l’instar de Neymar ou Erling Haaland, la réalité est bien différente. Le club catalan devra ainsi se serrer la ceinture pour espérer assainir ses comptes. « On peut supposer que le club ne pourra pas concourir au plus haut niveau pendant les trois ou quatre prochaines années », prévoit déjà l’économiste David Valero Carreras.

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