ASO devrait délivrer les trois dernières invitations pour le Tour 2019 à la fin de Paris-Nice. Trois grosses écuries françaises, Direct-Energie, Arkea-Samsic et Vital Concept, sont à la lutte. Il y aura forcément un déçu. Pourtant, une solution existe…
Pourquoi le choix de Cofidis et de Wanty Groupe Gobert ?
Pour ces quatre invitations, le groupe ASO a pris le parti d’en délivrer deux suivant le classement Continental pro de la saison dernière, qui place Cofidis et Wanty Groupe Gobert aux deux premières places. Ce choix présente le mérite d’une légitimité sportive puisqu’il est déterminé par les résultats des équipes l’an dernier ? Pour autant, il ne tient absolument pas compte de plusieurs autres critères. La défense du cyclisme français tout d’abord. Aujourd’hui, le projet de l’équipe belge Wanty est solide, et sa présence sur le Tour n’est pas contestable. Mais l’équipe Direct-Energie, qui a depuis tant d’années porté l’étendard du cyclisme hexagonal, avec FDJ et Cofidis, qui a régulièrement obtenu des résultats probants sur le Tour, bien plus que l’équipe belge, n’aurait-elle pas mérité plus de considération ? D’autre part, pourquoi ne tenir compte que des résultats de l’an dernier et pas des forces en présence ? Vital Concept a recruté Pierre Rolland, Cyril Gautier et Arthur Vichot. Direct-Energie compte désormais dans ses rangs l’un des meilleurs coureurs de classique au monde, Nicky Terpstra. Areka-Samsic a fait signer André Greipel, un sprinter de niveau mondial, qui vient s’ajouter à Warren Barguil. Tout cela n’aurait-il pas mérité un regard différent ? Enfin, la logique du résultat à tout crin est une logique dangereuse dans le cyclisme. Le critère des points UCI (ou équivalent Conti pro) est-il le seul valable en matière de cyclisme ?
Qui est le mieux placé aujourd’hui ?
Bien sûr, Paris-Nice pourrait avoir valeur de juge de paix pour déterminer les deux derniers tickets pour le Tour. Aujourd’hui, tant compte tenu de son histoire que de son début de saison, Direct-Energie arrive en tête. Même si l’équipe présente le point faible de ne pas avoir une grosse présence en haute montagne, son bilan de début de saison est excellent, avec cinq victoires. Sans compter qu’avec les courses flandriennes en approche, l’un des gros points forts de l’équipe, Direct Energie devrait marquer des points si le Tour décide de se laisser un peu de temps après Paris-Nice. Vital-Concept n’arrive pas loin derrière. Bryan Coquard a prouvé qu’il retrouvait la grande forme, alors que le trio Rolland-Gautier-Vichot est déjà opérationnel, surtout les deux premiers. Une donnée qui pourrait être décisive. Arkea-Samsic de son côté, aurait besoin d’un grand Warren Barguil, mais ce n’est pas encore le cas. Paris-Nice pourrait être décisif sur ce plan.
Et pourquoi pas cinq invités ?
Interrogé récemment dans les colonnes de L’Equipe sur la course aux invitations pour le Tour de France, Jérôme Pineau, le manager de Vital Concept, a lancé une piste de réflexion, comme un rêve, mais qui mérite que l’on s’y attarde : « J’y pense en permanence, je m'endors avec, je me réveille avec. J’essaie de l’absorber pour protéger le staff, les coureurs. Ne pas aller au Tour serait un coup d’arrêt. On aurait du mal à garder certains coureurs, cela nous fragiliserait mais pas que nous. Je milite pour qu’il y ait les 3 équipes au lieu de seulement 2. Il faudrait une dérogation de la part de l’UCI car réglementairement on ne peut pas aller au-delà de 176 coureurs, a-t-il déclaré. On fait aussi la course aux points UCI, car il y a une nouvelle réforme, les deux premières équipes de la seconde division seront directement qualifiées pour le Tour. Mais quand tu te fais voler 12 vélos lors du Tour d’Andalousie tu ne peux pas en marquer. De même lorsque dans le Tanneron trois de tes mecs jouent la gagne, avec Vichot comme potentiel vainqueur de l’étape et patatra les trois ne sont pas à l’arrivée, j’avoue que...», continue-t-il. Jerôme Pineau soulève à fort juste titre beaucoup de points. Compte tenu de la très haute qualité des trois projets français à la lutte pour les deux derniers tickets, le Tour ne pourrait-il pas faire une exception en invitant cinq équipes au total ? De plus, comme le dit le manager de VitalConcept, le barème des points UCI ne mérite pas autant d’importance, tant une course de vélo ne tient pas qu’à son classement : en vélo pour gagner, il faut prendre le risque de perdre. Le classement des points UCI va à l’encontre de cette logique.