Mercredi à l’occasion du contre-la-montre du critérium du Dauphiné, remporté assez largement par Remco Evenepoel, on pourrait avoir assisté à un grand renversement dans le rapport de force psychologique entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, à trois semaines du grand départ du Tour de France. Explication.

Depuis sa large victoire dans le Tour de France la saison dernière, Tadej Pogacar avait pris un sérieux avantage psychologique sur Jonas Vingegaard. Quand bien même le leader danois de la Team Visma-Lease A Bike pouvait avancer l’excuse légitime d’une préparation tronquée suite à sa grave chute au Tour du Pays Basque, le différentiel entre les deux coureurs était apparu tel qu’il avait forcément laissé des traces dans les esprits de chacun. Et ce d’autant plus que Pogacar n’a pas paru marquer le pas ensuite, avec son titre de champion du monde et sa victoire au Tour de Lombardie.
A minima un rééquilibrage dans le rapport de force psychologique
Tout pourrait avoir changé ces dernières heures sur les routes du Dauphiné. Alors qu’il semblait habité d’une nouvelle confiance et d’une conviction depuis quelques semaines, sans doute du fait d’excellentes données lors de ses entraînements, Jonas Vingegaard en a trouvé la confirmation lors d’une confrontation directe avec son rival sur le contre-la-montre mercredi. Deuxième de l’étape à 21 secondes de Remco Evenepoel, Vingegaard a en effet pris 28 secondes à Pogacar dans un exercice habituellement favorable au Slovène.
La réaction logique de Pogacar...
Psychologiquement, l’étape pourrait bien constituer un point de bascule entre les deux hommes, ou a minima un net rééquilibrage du rapport de force, d’autant qu’outre Vingegaard, Matteo Jorgenson, le lieutenant du Danois, a lui aussi fait mieux que le champion du monde (pour 11 secondes). Logiquement, Pogacar a minimisé cette « défaite » au lendemain de l’étape, déclarant dans des propos rapportés par cyclismactu.net : « C'était un bon contre-la-montre, il faisait assez chaud, et oui, un peu déçu d'avoir perdu autant de temps. Mais je pense qu'au final, je peux tirer un bilan positif de la journée d'hier. Il reste encore quelques progrès à faire sur le vélo de contre-la-montre. Donc, une journée plutôt solide, je pense. En raison de la saison des classiques, je me suis concentré davantage sur la préparation en altitude et la préparation pour les grandes montagnes. C'était donc peut-être un peu insuffisant sur le contre-la-montre. Nous avons plutôt bien analysé hier, où nous avons perdu du temps. Je pense donc que nous pouvons également améliorer cela pour le Tour. Remco Evenepoel est toujours aussi bon en contre-la-montre, alors je m'attendais à ce qu'il soit aussi performant, je ne suis pas surpris. J'ai été impressionné, notamment sur les sept premiers kilomètres : j'ai perdu énormément de temps sur Remco et, surtout, sur Jonas, mais ensuite, j'ai été vraiment bon dans la montée et aussi dans la descente. Je verrai bien comment je me sens. Hier, juste après l'arrivée, j'étais déçu. Je me disais : ‘’Bon, maintenant je vais tout donner pour le week-end, mais on verra bien, je ne suis pas pressé’’. Bien sûr, je veux gagner le Dauphiné un jour, mais si ce n'est pas cette fois, je ne stresserai pas, car je veux vraiment être en pleine forme pour le Tour ». Pogacar pouvait avancer à juste titre que l’essentiel se jouerait en juillet et pas au Dauphiné, le fait est qu’il n’est plus habité par la même confiance ce matin.