Cyclisme : Nouveau cyclisme ? Lefévère monte au front avec Madiot !
Alexandre Higounet

Après les déclarations chocs d’Eusebio Unzue, le boss de la Movistar, préconisant des remplacements en première semaine de Tour ou la réduction des Grands Tours à 15 jours, Patrick Lefévère a rejoint Marc Madiot pour venir s’opposer fortement à cette idée au nom de l’histoire et de l’ADN du cyclisme.

Lors d’une conférence de presse en parallèle du Tour de Colombie, que son équipe dispute avec Nairo Quintana à sa tête, Eusebio Unzue, le patron de la formation Movistar, a lancé des pistes de réflexion pour une évolution du cyclisme. Unzue avait notamment déclaré : « Nous devons changer les règlements, humaniser les athlètes et peut-être arrêter d’être si dur, si exagérément inhumain. Pourquoi ne pas autoriser des remplacements dans un grand Tour lorsqu’un abandon intervient en première semaine ? Toutes les équipes se préparent avec 10 ou 11 coureurs, nous en laissons deux ou trois à la maison au dernier moment, et si un coureur chute, on n’a pas le droit de trouver une solution ? Ce ne serait pas un changement tactique ou technique bien sûr. Au football, il n’y avait pas remplacement possible pendant des années. Pourquoi ne pas essayer ? Faisons un pas en avant et voyons si tout le monde trouve ça intéressant. Il faut du changement. Si par exemple les Grands Tours faisaient 15 jours, les coureurs pourraient courir le Giro, le Tour et la Vuelta la même année. Cela serait aussi compétitif et offrirait plus de qualité ».

Après Marc Madiot…

Le10sport.com avait eu l’occasion d’expliquer dans la foulée pourquoi ce projet apparaissait insensé et même dangereux, car en totale contradiction avec les fondamentaux du sport cycliste. Et ils n’ont d’ailleurs pas tardé à faire réagir. Marc Madiot, le manager de la Groupama-FDJ avait été le premier à s’en étonner dans les colonnes de Ouest France : « Je connais un peu Unzue, il a envie de polémiquer, mais je ne suis pas certain qu’il le pense vraiment. On n’est pas le foot, on est le vélo. Quand on est fatigué, on se repose. On est tous sur une même ligne de départ et ceux qui survivent sont sur la ligne d’arrivée. Si on commence à changer les mecs en cours de route, c’est mort, ce n’est plus l’ADN de la course. Ça favoriserait évidemment les grosses équipes. Je n’ai même pas envie de rentrer dans ces débats-là. Notre sport a ses particularités, s’est construit pendant un siècle, on ne touche pas à l’ADN ! »

« Les remplacements ? Avec cette règle, vous effacez l’histoire des Grands Tours »

Et ces dernières heures, c’est autour de Patrick Lefévère, le boss de la Soudal-Quickstep, de venir en opposition, comme rapporté par cyclismactu.net : « Je connais Unzué depuis longtemps. Il a de bonnes intentions, mais il est parfois trop gentil. Dans ce cas, je ne suis pas d'accord avec lui. Avec cette règle, vous effacez toute l’histoire des Grands Tours. Le défi est de tenir le coup pendant trois semaines. Le Tour, le Giro et la Vuelta durent 21 jours, pas 17 ou 15. Malheureusement, les chutes et les maladies font partie du jeu. Une grande partie du succès de votre équipe réside dans sa résilience, sa capacité à passer à un plan B. Ce sont les moments où les grands champions se lèvent, rebondissent après un revers, c'est ce que les gens veulent voir. La course, c'est de la boxe : ce n'est pas parce qu'on est dans les cordes à un moment donné qu'on va perdre le combat ».

Articles liés