En marge du Tour de Colombie disputée par son équipe avec Nairo Quintana à sa tête, Eusebio Unzue, le patron de l’équipe Movistar, l’une des formations les plus anciennes du peloton international, a livré des pistes de réflexion pour le cyclisme de demain. Et elles font plutôt peur…
A l’occasion d’une conférence de presse en marge du Tour de Colombie, que son équipe dispute avec Nairo Quintana comme leader, Eusebio Unzue, l’historique patron de la formation Movistar, présente dans le peloton mondial depuis une quarantaine d’années sous différentes appellations, a livré ses pistes de réflexion sur l’avenir du cyclisme.
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— le10sport (@le10sport) February 6, 2024
Remplacement autorisé en cours de Tour ?
Dans des propos rapportés par globalcyclingnetwork, Eusebio Unzue a notamment affirmé : « Nous devons changer les règlements, humaniser les athlètes et peut-être arrêter d’être si dur, si exagérément inhumain. Pourquoi ne pas autoriser des remplacements dans un grand Tour lorsqu’un abandon intervient en première semaine ? Toutes les équipes se préparent avec 10 ou 11 coureurs, nous en laissons deux ou trois à la maison au dernier moment, et si un coureur chute, on n’a pas le droit de trouver une solution ? Ce ne serait pas un changement tactique ou technique bien sûr. Au football, il n’y avait pas remplacement possible pendant des années. Pourquoi ne pas essayer ? Faisons un pas en avant et voyons si tout le monde trouve ça intéressant. Il faut du changement. Si par exemple les Grands Tours faisaient 15 jours, les coureurs pourraient courir le Giro, le Tour et la Vuelta la même année. Cela serait aussi compétitif et offrirait plus de qualité ».
Des non-sens absolus
Autant de pistes de réflexion qui pourraient prêter à sourire si elles ne reflétaient pas des options qui doivent être actuellement discutées entre certaines équipes… L’hypothèse d’un changement en cours de Tour, quand bien même en première semaine et quand bien même sur chute, est un pur non-sens, le coureur entrant étant par essence avantagé par rapport aux autres puisqu’il n’aurait pas le même niveau de fatigue, ce qui fausse de facto la course. Le principe originel reste que tout le monde fasse la même épreuve, sinon plus rien n’a de sens. La comparaison avec le football n’a pas de sens non plus : le cyclisme est un sport où des individus sont en compétition, même s’ils sont regroupés en équipe, alors qu’en football ce sont les équipes qui s’affrontent. Donc autoriser un changement en football peut faire sens puisque c’est l’équipe qui compte. Pas en cyclisme où c’est un individu qui gagne. Et question subsidiaire : le coureur entrant entrerait avec quel classement général ? Celui du remplacé ? Non-sens absolu. Quant à idée de réduire les Grands Tours à 15 jours, elle renie l’un des principes fondamentaux du cyclisme, qui est un sport d’endurance. Cela équivaudrait à supprimer tous les débuts d’étape pour ne conserver que les 50 derniers kilomètres puisqu’en général, c’est là que se joue la course. Avec de telles pistes de réflexion, le cyclisme de demain ne part assurément pas du bon pied.