A l’occasion de sa chronique sur cyclismactu.net, Cyrille Guimard a livré son analyse sur la passe d’arme entre Isaac Del Toro et Richard Carapaz sur les pentes du col del Finestre lors de l’avant-dernière étape du Giro, passe d’arme ayant coûté son maillot rose au premier au profit de Simon Yates.
Samedi dernier dans les pentes du col del Finestre, le coup de bluff tenté par Isaac Del Toro, alors leader du Giro, qui a refusé de rouler derrière le troisième du général Simon Yates afin de contraindre le deuxième Richard Carapaz à mener à sa place, a constitué une erreur fatale tant l’écart entre les trois hommes n’étaient pas suffisants pour laisser de la place à ce type de calcul. Tant également il était évident que Carapaz n’allait pas défendre le maillot rose à la place du principal intéressé…
« Si Del Toro se retient, c’est qu’il n’a pas les jambes »
Interrogé à l’occasion de sa chronique sur cyclismactu.net, Cyrille Guimard a livré une autre analyse, réfutant la possibilité d’une erreur tactique du maillot rose : « Quand Yates est sorti, un, il avait les jambes, et derrière, qui fait l'effort ? Carapaz ou Del Toro ? Logiquement, c'est Del Toro qui doit le faire, parce que c'est lui qui a le maillot. Si Del Toro se retient, c'est qu'il n'a pas les jambes pour aller le chercher. Et là, après, il va rester sur une course de marquage. Et puis, ni l'un ni l'autre n'ont été capables de faire la différence ou d'assurer un tempo qui leur aurait permis, éventuellement, dans la dernière ascension de Sestrières, de remettre les compteurs à zéro. Là, en plus, lorsqu'ils ont laissé Simon Yates prendre plus d'une minute d'avance, il y avait Wout Van Aert qui était devant... »
L’argument physique de Guimard tape juste, mais...
Indéniablement, l’analyse de Guimard sonne juste sur un point : il était tellement évident que Del Toro allait tout perdre à refuser de rouler qu’il apparaît incompréhensible qu’il ait persisté dans cette voie sans issue (d’autant qu’il était alerté que Van Aert était devant et qu’il attendrait Simon Yates une fois le col franchi, et donc qu’il ne fallait surtout pas laisser l’Anglais prendre du champ), à moins de supposer qu’il n’avait en fait pas les jambes pour le faire. Cependant, cette hypothèse physique doit aussi être tempérée : Del Toro a pu suivre Carapaz lorsque ce dernier a tenté par la suite de le décrocher, il n’était donc pas à l’agonie. Sans forcément pouvoir revenir, il avait assurément les moyens de maintenir un écart stable avec Simon Yates, d’autant qu’il y avait possibilité de négocier un partage des tâches avec Carapaz puisque l’Equatorien avait commencé à chasser avant de stopper net devant le refus de Del Toro de rouler avec lui.