XV de France : Attention à la casse !
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Le décompte est lancé. Il reste moins de 7 mois avant le début de la Coupe du monde. Pour les joueurs du XV de France, la blessure longue durée n’est plus permise. Pourtant, certains joueurs, à l’image de Jonathan Danty, reprennent la compétition précocement. Avec une grosse prise de risque en cas de rechute.

Puisqu’on ne peut pas les mettre dans la glace ou le formol jusqu’au 8 septembre, date du match d’ouverture de la Coupe du monde (France - Nouvelle-Zélande), les joueurs de l’équipe de France de rugby vont continuer à jouer. En club, comme en sélection. En Top 14, en Champions Cup ou dans le Tournoi des 6 Nations. C’est ainsi. Malgré le risque de ce sport qui génère toujours plus de chocs, plus de vitesse, et plus de changement d’appuis. Et toujours plus de pression pour les cadres qui doivent jongler avec les exigences de leur club et les échéances incontournables avec les Bleus.

Beaucoup de casse depuis septembre

Depuis le début de la saison, Fabien Galthié a de quoi être inquiet pour l’état de ses troupes. Le sélectionneur du XV de France a déjà vu la plupart de ses titulaires rejoindre un temps l’infirmerie : Peato Mauvaka, Cyril Baille, Cameron Woki, Thibaud Flament, François Cros, Romain Ntamack, Jonathan Danty, Gael Fickou, Damian Penaud, Melvyn Jaminet, Gabin Villière... Pour certains, ce fut une convalescence de courte durée. Pour d’autres, plus longue, ou avec des traumatismes qui peuvent s’étaler dans le temps. Car la reconstruction du corps n’est pas toujours optimale au moment où les joueurs reprennent la compétition. Pour exemple, Gabin Villière a enchaîné plusieurs pépins durant l’année 2022. Mais il était revenu à Capbreton en janvier pour participer au stage des Bleus. Et ce seulement quelques jours après son retour à l’entraînement avec Toulon. Résultat, il s’est fracturé le péroné de la cheville gauche. Pas de chance ? Non, rechute ! C’est exactement la même blessure qui l’avait éloigné des terrains depuis le début de la saison. A nouveau opéré, il sera de retour en avril.

Danty : Retour précoce

Le cas de Jonathan Danty pose également question. Blessé au genou le 31 décembre lors du déplacement de La Rochelle à Perpignan, le centre rochelais souffrait d’une rupture du ligament croisé postérieur. Conclusion : Opération et trois mois de convalescence au minimum. Et pourtant, Jonathan Danty a déjà rejoué et est actuellement à Marcoussis pour préparer le match contre l’Ecosse. Il ne s’est finalement pas fait opérer. Et après avoir travaillé dur pour réparer les ligaments endommagés et conserver son tonus musculaire, il était sur la pelouse de Pierre-Fabre samedi dernier pour participer au succès des Maritimes en terre castraise, avec trois semaines d’avance. Il est entré avant la mi-temps avec un énorme strap’ sur le genou, n’a pas paru gêné, mais a confié avoir « un peu d’appréhension » à l’issue du match au micro de Canal +.

Sujet sensible

Une reprise si rapide interroge. Ses partenaires de jeu sont admiratifs. « On a été surpris, avoue le capitaine rochelais Romain Sazy. Mais il n'est pas fait comme tout le monde. Il a bossé fort. C'est un compétiteur. Il a un corps hors norme. On a peut-être les mêmes mollets mais le reste, ce n'est pas pareil ». Mais l’inquiétude est de rigueur. Plusieurs internationaux ont déjà connu des rechutes avec une guérison trop rapide. Et le nombre de joueurs susceptibles de repartir à l’infirmerie sont nombreux. Surtout au regard du calendrier qui ne va pas les laisser souffler. C’est tout le travail de la bonne communication entre le staff des Bleus et les staffs dans les clubs de Top 14. En bonne intelligence pour éviter la casse au mauvais moment. Et le mauvais moment commence maintenant...

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