Irlande - France, les raisons de la défaite (1/3) : Les Bleus ont-ils trop joué ?
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Face à l’Irlande, les Bleus ont rivalisé, tenu, et tenté. Mais ils ont commis trop d’erreurs pour espérer renverser cet incroyable XV du Trèfle et préserver leur invincibilité. Malheureusement, les Bleus ont trop souvent offert les ballons d’attaque aux Irlandais pour espérer l’emporter.

Sans trop se perdre dans des histoires de sémantique en essayant de qualifier la stratégie des Bleus entre possession, dépossession et repossession, le constat est que les Bleus n’ont ni vraiment possédé, ni vraiment dépossédé, et pas vraiment repossédé. Ils se sont surtout laissés griser par la géniale inspiration de Damian Penaud dès la 18ème minute, qui avec le relais d’Anthony Jelonch est allé inscrire un essai venu du fin fond du parking. Ensuite, les Bleus ont tenté d’autres coups, pilonné le premier rideau vert, gardé le ballon sur de longues séquences, parfois dans leur moitié de terrain, mais sans réussite. On a bien vu que le logiciel officiel offensif des Bleus avait évolué par rapport à 2022. Mais on n’a pas pu voir son efficacité.

Les Bleus ont surjoué

« On a surjoué », a avoué Fabien Galthié à l’issue du match. Le sélectionneur a prétexté quelques choix tactiques venus directement du terrain. Romain Ntamack explique lui qu’ils ont voulu éviter de « redonner trop vite des ballons » aux Irlandais. Autrement dit, les Bleus se sont franchement donnés quelques libertés par rapport à leur quadrillage habituel du terrain. Ils ont donc fait le choix de jouer plutôt que d’occuper dans certaines zones du terrain où la raison et la rigueur invoquent habituellement la prudence. Pour le spectacle, c’était parfait. Tous capot ouvert, les Bleus n’ont pas ménagé d’effort dans l’audace. Par leurs initiatives, le XV de France a même parfois donné l’illusion de dominer les débats. Mais dans les faits, les Bleus n’ont jamais vraiment « braké » cette défense irlandaise, et se sont au contraire usé à taper contre un mur. Alors, dans les statistiques, les Irlandais ont cassé la ligne défensive à huit reprises. Et ce malgré l’incroyable abnégation des Français dans les plaquages : 28 plaquages pour Thibaud Flament, 23 plaquages pour Julien Marchand. « On aurait dû occuper d’avantage, jouer plus haut, reconnaît Fabien Galthié. C’est d’ailleurs ce qui était prévu. On s’est exposés. Faire reculer l’équipe adverse simplement et efficacement, c’est un de nos points forts normalement ».

Trop de ballons de récupération pour l’Irlande

Résultat, les ballons d’attaque mal négocié, hasardeux ou perdus bêtement des Bleus sont rapidement devenus des armes de destruction massive pour le XV du Trèfle qui a profité des offrandes pour regagner le camp français et revenir dans la zone de marque. « D’habitude, l’Irlande n’entre pas aussi facilement dans nos 22, explique le sélectionneur. Ils y entrent à cause de nos turnovers. Ça les arme, et ça nous désarme ». On revoit alors dans l’ordre la mauvaise relance de Thomas Ramos, la passe interceptée de Romain Ntamack, la sortie de ruck loupé de Greg Alldritt... 10 ballons perdus en une seule mi-temps côté tricolore. Trop pour espérer rivaliser face à des Irlandais opportunistes. « On n’a voulu jouer, sans regrets », estime Romain Ntamack. Merci donc pour le panache. Merci quand même.

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