Alors que la pandémie de Covid-19 a contraint les Jeux olympiques de Tokyo à être décalés d’une année, les organisateurs ont confirmé que ceux-ci auraient bien lieu cet été — avec toutes les précautions sanitaires nécessaires. Des Jeux qui revêtent une importance toute particulière pour le Japon bien sûr, mais aussi pour le monde du sport en général, car ils pourraient marquer le coup de départ d’une sortie de crise.
Le Covid fait vaciller la flamme olympique, mais ne l’éteint pas
Le Comité olympique japonais l’a décidé le 2 février : la 32e olympiade de l’ère moderne se tiendra bel et bien du 23 juillet au 8 août 2021. Il y a un an, alors que naissait la crise mondiale due au Covid-19, ce Comité évoquait des ajustements des jeux — initialement prévus du 24 juillet au 9 août 2020 — avant de demander leur report d’un an le mois suivant. Cette déclaration met donc un terme aux rumeurs colportées par des oiseaux de mauvais augure annonçant un nouveau report, voire une annulation de l’événement, notamment dans la presse britannique. Le 21 janvier encore, The Times annonçait avec assurance que « les Jeux olympiques de Tokyo devront être annulés en raison du coronavirus ». Le dernier papier d’une série d’articles jetant le doute sur l’avenir des JO de Tokyo, rapidement contredit par le gouvernement japonais qualifiant ces allégations de « catégoriquement fausses ». Le directeur général de Tokyo-2020, Toshiro Muto, a quant à lui affirmé que « la tenue des Jeux est notre cap inflexible », une position identique à celle du président du CIO, Thomas Bach. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour tous les amateurs de sports et de grands évènements populaires en général, dans un monde qui a grand besoin de rouvrir ses frontières et de retrouver un sentiment d’unité, comme l’avait prédit le célèbre coureur olympique Carl Lewis alors que les Jeux d’été de Rio tiraient à leur fin et que l’attention se tournait vers le Japon pour les Jeux de 2020.
Des mesures sanitaires hors du commun pour un évènement hors normes
Des jeux qui auront une saveur particulière pour les participants, en raison des mesures sanitaires qui seront mises en œuvre afin d’assurer une sécurité maximale à tous les protagonistes : contrôle sanitaire avant l’arrivée au Japon, tests réguliers une fois sur place, restrictions et traçages au Village olympique pour les 11 000 sportifs venus de 200 pays… Des mesures qui ne devraient impacter que modérément le déroulé des épreuves, les responsables olympiques soulignant le succès d’autres événements sportifs durant la pandémie. Certains pays ont par ailleurs annoncé qu’ils prévoyaient de vacciner leurs sportifs avant l’été, tandis que le CIO et le Japon n’ont pas fait de la vaccination une condition préalable pour participer à ces jeux. Côté spectateurs, rien n’a pour le moment été fixé : les organisateurs attendent de voir où en sera l’épidémie au printemps avant de prendre une décision pouvant aller jusqu’à la limitation voire l’interdiction des spectateurs dans les enceintes sportives. Une situation à laquelle les téléspectateurs sont déjà habitués, avec parfois l’ajout d’un fond sonore recréant l’ambiance d’un stade bondé.
Des JO pour rallumer la flamme
Si Tokyo cherche autant à rassurer la scène internationale, c’est parce que le Japon tient à ses Jeux d’été — les premiers qu’il accueille depuis 1964. Avec 15 milliards d’euros dépensés, un nouveau stade national de 68 000 places et huit nouveaux sites olympiques, le pays du soleil levant a passé des années à œuvrer pour que les Jeux de 2020 soient un succès. À la manette, le nouveau Premier ministre Yoshihide Suga, mais aussi Yoshiro Mori, patron des JO de Tokyo. Ce dernier, durement attaqué par une partie de la presse d’opposition japonaise après sa sortie hasardeuse et quelque peu sexiste sur les femmes, est pourtant une personnalité unanimement respectée au pays du soleil levant : ancien premier ministre, il avait été en charge de la très réussie coupe du monde de rugby organisée dans son pays en 2019. Un succès populaire et économique qui l’a conduit ensuite à piloter les Jeux olympiques de Tokyo, dont le monde du sport attend beaucoup. Leur annulation représenterait en effet un immense gâchis pour les athlètes qui se sont préparés pendant quatre ans, voire pour certains durant toute leur vie. Pour les spectateurs du monde entier, ce sera aussi l’occasion de renouer avec « le retour à la vie normale » après un an et demi de chaos économique, sanitaire et politique. Les JO revêtent donc une dimension à la fois symbolique pour l’ensemble du globe et très concrète pour les sportifs dont a conscience le CIO par exemple lorsque son président affirme qu’« il est important de maintenir l’expérience des athlètes, avec en particulier la participation à la cérémonie d’ouverture ». Un point de vue partagé par le directeur exécutif des Jeux au CIO, Christophe Dubi : « la cérémonie, c’est l’expérience d’une vie pour un athlète et on ne peut pas y toucher ». Une conviction qui n’empêche pas le Suisse de rappeler que « le village olympique doit être l’endroit le plus sûr de Tokyo », en s’appuyant sur une politique basée en priorité sur les tests, puis sur les protections individuelles (distanciation, masque, gel hydroalcoolique…) et enfin sur la vaccination. Une vaccination qui pourrait bien, pour certains optimistes comme le professeur Jean-François Delfraissy, nous faire « sortir de cette crise autour de septembre 2021 » (une hypothèse émise sur Franceinfo le 13 janvier dernier). Quel magnifique symbole seraient alors les Jeux olympiques de Tokyo, qui marqueraient quelques semaines plus tôt le retour à une « vie normale ». Symboliser l’entrée dans le « monde de demain » post-Covid avec un évènement qui unit la communauté internationale, voici le pari qu’a décidé de faire Tokyo en maintenant ses JO, avec un mélange d’audace et de responsabilité digne du pays des samouraïs.