L'année 1984 est une année dorée pour le football français. En juillet, l'équipe de France emmenée par Michel Platini remporte l'Euro 84, le premier titre de son histoire. Un mois plus tard, l'équipe de France olympique décroche la médaille d'or lors des JO de Los Angeles. Parmi l'équipe championne olympique se trouve Guy Lacombe, alors joueur du Toulouse FC, qui raconte, en exclusivité pour le 10sport.com, la magnifique épopée française.
En 1984, vous vous envolez pour les Etats-Unis afin de disputer les Jeux olympiques de Los Angeles. Mais la première partie de la compétition se déroule à Annapolis. Ce n’est pas un peu bizarre ?
« Oui et c’est ce que vivront les équipes de foot en 2024 qui iront à Bordeaux, Lyon, Marseille… Mais je pense que ça nous a encore plus motivés. On avait envie de voir les Jeux, de voir Los Angeles. »
Est-ce que le fait de voir l'équipe de France gagner l'Euro un mois avant, ça vous a donné envie de remporter la médaille d'or ?
« Par ce titre-là, on a été érigés comme favoris des Jeux. On s'est unis très vite et on voulait faire quelque chose ensemble. On ne se prenait pas la tête, on était là pour le football et on a respecté le football et l'équipe. Chacun de nous a donné le meilleur. Chaque joueur, les 17. Et bien sûr, Henri Michel, qui a été un très grand sectionneur. En termes d’unification d'équipe, je pense qu'il n’y a guère meilleur. »
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Est-ce que vous avez été surpris par le niveau de jeu ?
« Disons que le match face au Qatar nous a un peu refroidis (2-2). On pensait que ça allait être une formalité. Ça a été un bien pour un mal. Après, il fallait jouer la Norvège qui avait son équipe 1 et qui est une grande nation. On a souffert pour gagner 2-1. Puis, on a un match contre le Chili et on sait que si on fait match nul, on est qualifiés. Le Chili ouvre le score mais on égalise et on termine premier du groupe. »
Une fois que vous êtes qualifiés, vous allez à Los Angeles. C'est quoi votre premier ressenti ?
« On sait qu'on est dans une ville exceptionnelle et puis l'étendue de cette ville, c’est impressionnant. On a pu profiter un peu des Jeux, on était dans les Jeux. J'ai eu la chance de voir courir Carl Lewis lors du 100 mètres. J’ai encore l'image dans la tête. C’était un dieu du stade. »
Vous vous êtes sentis intégrés ou à l’écart dans le village olympique ?
« Je me souviens d'une athlète qui nous disait « vous êtes des professionnels. » Mais bon, Carl Lewis et tous les gros athlètes étaient professionnels aussi. Oui, certes, on était professionnels, mais on ne gagnait pas ce que les joueurs gagnent maintenant. Si vous saviez la prime qu'on a eue pour les Jeux olympiques, ça vous ferait rigoler. »
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En demi-finale, face à la Yougoslavie, vous marquez le but du 3-2 en prolongation. Est-ce que c’est le but qui vous fait gagner les Jeux olympiques ?
« L'équipe yougoslave était la plus redoutable. On mène 2-0, on se relâche un peu et puis ils égalisent. Pendant les prolongations, j'ai la chance de mettre ce troisième but qui nous soulage. »
Gagner une médaille d'or olympique, est-ce qu'à ce moment-là vous réalisez que c'est quand même quelque chose d'énorme ce que vous avez fait ?
« C'est quelque chose que l’on a fait pour nous, pour la France. En fait, c'est une bande de copains qui se sont unis pour aller gagner match par match. On était venus pour jouer le tournoi et essayer de franchir toutes les étapes. Et on y est arrivé. En finale, face au Brésil (victoire 2-0), on joue devant plus de 100 000 personnes… C’est la première et dernière fois que ça m’est arrivé (rires). »
Quand vous êtes sur le podium avec la médaille d'or et la Marseillaise qui retentit, c'est sans doute une grande fierté ?
« On est très fiers. Chaque fois que l'on se recroisait avec les joueurs, il y avait quelque chose qui se passait entre nous. C’est la plus belle émotion de ma carrière de joueur. C’est le plus beau titre. Je suis l'exemple même de l'amateur. J'aime le football par-dessus tout. Avoir ce titre-là, jamais je n’aurais pu l’imaginer. »