Alors que le football européen est en crise depuis dimanche et l’annonce de la Super Ligue européenne par douze clubs espagnols, italiens et anglais, le projet pourrait déjà commencer à battre de l’aile dans un contexte où l’opposition à son encontre n’a de cesse de s’accentuer.
L’Europe du football traverse une crise sans précédent. En effet, ce qui n'était jusque là qu'un serpent de mer qui revenait avec insistance s’est concrétisé dans la nuit de dimanche à lundi : la Super Ligue européenne a officiellement vu le jour. Le Real Madrid, le FC Barcelone, l’Atlético de Madrid, Manchester United, Arsenal, Chelsea, Liverpool, ManchesterCity, Tottenham, la Juventus, l’AC Milan et l’Inter ont conjointement annoncé leur désir de faire naître cette nouvelle compétition en se séparant de l’UEFA avec un objectif commun : accroître leurs revenus en proposant des affiches alléchantes, tout en ayant pour objectif de « sauver le football » en redistribuant cet argent aux autres clubs par effet pyramidal selon le discours tenus par Florentino Pérezce lundi sur le plateau de l’émission espagnole El Chiringuito. Cependant, près de quarante-huit heures plus tard, le moins que l’on puisse dire est que ce projet qui scandalise l’UEFA commence à battre de l’aile, et ce alors que le PSG et le Bayern Munich ont publiquement annoncé qu’ils n’y participeraient pas, jurant ainsi fidélité à l’instance européenne du football.
« On ne peut que fermement désapprouver la création de la Super Ligue »
L’UEFA est de son côté forcément fragilisée par ce jeu politique et cette fronde de douze des plus grands clubs, jusque-là membre de l’ECA. Cependant, l’instance européenne a pu compter sur un soutien ferme du président de la FIFA ce mardi matin, à l’occasion d’un congrès extraordinaire organisé par l’UEFA. « Pour être extrêmement clair : la FIFA est basée sur les vraies valeurs du sport. Les statuts définissent le périmètre de la Fifa et de l'UEFA. On ne peut que fermement désapprouver la création de la Super Ligue. J’ai été 16 ans à l’UEFA, j'ai travaillé pour défendre les principes et valeurs qui ont permis le succès du foot européen. Les clubs vont devoir assumer leur responsabilité et penser à tous les supporters qui ont contribué à ce qu'est le foot aujourd’hui. C’est notre rôle de protéger le foot européen, les compétitions et les équipes nationales pour que le foot survive à travers le monde. Si c'est certains veulent aller dans une autre direction, ils doivent quitter et assumer leur choix. Aux douze clubs : soit vous êtes In, soit vous êtes OUT. Réfléchissez à cela. Tout le monde peut en parler, en discuter, mais il faut toujours respecter les institutions, l'histoire, la passion des gens à travers le monde », a lancé Giani Infantino.
« Revenez à la raison »
De son côté, le président de l’UEFA a une nouvelle fois réaffirmé son entière opposition à un tel projet de ligue fermée, contraire aux valeurs d’équité sportive et de solidarité du sport de haut niveau. « Cette crise nous rendra plus forts, et le football plus fort que jamais, car les autorités ont enfin compris à quel point le football est important pour la société européenne. Cette crise a prouvé une fois pour toutes que le football est ancré dans l'ADN de notre société. Il fait partie de l'histoire de notre continent et de nos mémoires collectives. C'est l'une de ses plus grandes réussites depuis plus d'un siècle. (…) Les clubs qui se croient grands et intouchables aujourd'hui doivent se souvenir d'où ils viennent. Et ils doivent se rendre compte que s'ils sont aujourd'hui des géants européens, c'est en partie grâce à l’UEFA. (…) Aux clubs de Premier League, revenez à la raison. Pas par amour pour le football, je ne crois pas que vous en ayez beaucoup, mais par respect pour les gens qui se saignent pour l’équipe, par respect pour le berceau du football », a notamment lancé Aleksander Čeferin, qui en a également profité pour remercier les présidents du PSG, du Bayern Munich, du Séville FC ou encore de l’Olympique Lyonnais dans cette crise.
De vives réactions, même dans la sphère politique !
Et les prises de paroles à l’encontre de cette Super Ligue européenne ne se limitent pas qu’aux grandes instances du football. Dans la sphère politique, Boris Johnson a par exemple réagit, affirmant qu’il faudrait lâcher une « bombe législative pour arrêter la Super Ligue ». De son côté, l’Elysée s’est exprimé auprès du Parisien en affirmant « qu’il y a urgence à agir », l’exécutif présidé par Emmanuel Macron se demandant « s’il n’est pas nécessaire de modifier le droit européen pour essayer de conforter l’UEFA dans les mesures qu’elle pourrait prendre ». Partout en Europe, les réactions se multiplient, les supporters affirment leur mécontentement, à l’image de ceux de Manchester City qui seraient une centaine à avoir annulé leur adhésion au club afin de manifester leur mécontentement ce lundi comme le rapporte le Daily Mail. De leur côté, les quatorze clubs de Premier League non impliqués dans le projet ont réagit en milieu d’après-midi ce mardi pour affirmer leur ferme opposition au projet de la Super Ligue, expliquant même envisager « toutes les actions disponibles pour l'empêcher de se dérouler », tandis que Jordan Henderson (capitaine de Liverpool), aurait convoqué une réunion d’urgence avec les autres capitaines de Premier League selon le Daily Mail.
Au moins un club anglais commencerait à douter !
Cela sera-t-il suffisant pour compromettre le projet de cette Super Ligue naissante ? Pour l’heure, il serait encore trop tôt pour l’affirmer, mais des doutes commenceraient à naître au sein des clubs contestataires. Concrètement, le Times a annoncé en milieu de journée qu’au moins un des six grands clubs anglais impliqué envisagerait de se retirer. Une information que rejoint le Guardian, donnant même l’identité potentielle du ou des clubs concernés. Selon le média anglais, il s’agirait de Chelsea et de Manchester City. Le Guardian dit s’appuyer sur le témoignage d’un cadre bien placé d’un club ayant été contacté pour rejoindre la Super Ligue. Selon cette source, les deux clubs seraient réellement dans le doute. Plus encore, il y aurait eu des discussions dans les coulisses du congrès de l'UEFA de ce mardi sur la question de savoir si Manchester City et Chelsea pourraient faire demi-tour après la réaction négative du public et la pression croissante des gouvernements et des ligues. Preuve que ce feuilleton qui pourrait bouleverser à jamais le football européen est encore très loin d’être arrivé à son terme.