Attaquant du « PSG thaïlandais », il casse la baraque et remplit son armoire à trophées !
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

C’est l’histoire on ne peut plus originale de Lonsana Doumbouya, attaquant de 32 ans qui s’offre une carrière hors du commun et des sentiers traditionnels. Formé à Châteauroux, passé par Guingamp, la Belgique puis l’Ecosse, le voilà en globe-trotter du foot sur la pointe de l’attaque du Buriram United, le club phare de la Thaïlande. Au sortir d’un deuxième triplé historique, le buteur guinéen prend le temps de se raconter.

Comme Francis Smerecki, Karim Aït-Fana ou encore Laurent Koscielny, Lonsana Doumbouya a porté les couleurs du Limoges FC aux prémices de sa jeune carrière. Des étoiles (de Ligue des Champions) plein la tête, il rêve de jouer pour les plus grands clubs européens et d’être un attaquant qui compte, un étendard du football africain, lui le Guinéen d’origine. A Guingamp, puis en Belgique, il goûte à la machine professionnelle et touche du doigt son premier rêve. « Comme beaucoup, je rêvais d’abord d’être pro, c’était mon objectif », raconte Lonsana. Le football belge lui offre ses premières émotions dans la marmite du professionnalisme. Jusqu’à ce que l’Ecosse, et l'Inverness Caledonian Thistle FC, lui propose de venir goûter au frisson d’Outre-Manche. En 2016-2017, Lonsana Doumbouya vit son rêve à plein poumon. « Clairement, c’est la meilleure période de ma carrière. C’est dans ce club que j’ai pu passer un vrai cap, que j’ai pu grandir en tant que footballeur ».

Premiers pas en sélection

Après l’Ecosse, c’est la sélection nationale qui lui ouvre ses portes. Une histoire pas toujours simple, avec des convocations qui finissent parfois par tomber à l’eau, sans trop savoir pourquoi. Mais l’honneur de porter le maillot de la Syli National est au-dessus de tout. « Aujourd’hui, il y a une nouvelle génération en place, un nouveau coach, un nouveau staff, explique Lonsana Doumbouya. J’accepterai toujours d’honorer la sélection, je ne dirai jamais non. A un moment, ça été mon tour, même si ça n’a pas toujours été simple… Mais avec ou sans moi, je ne souhaite qu’une chose, c’est que la Guinée soit performante ». Et performant, Lonsana continue de l’être à 32 ans, sous les couleurs du Buriram United, le club mythique du foot thaïlandais. Après avoir signé un triplé coupes nationales et championnat la saison dernière, les Bleu et Blanc viennent de remettre le couvert ! « C’est historique dans l’histoire du football thaïlandais de ces 30 dernières années, souligne Lonsana. Collectivement, c’est une réussite exceptionnelle, on marque l’histoire de notre pays et de notre sport. Et à titre individuel aussi, ce sont beaucoup d’émotions. Je n’ai pas pu jouer pendant un temps à cause d’une fracture du nez. Mais je termine quand même avec 12 buts en 16 matchs de championnat et 3 buts en 5 matchs de Coupe. Je suis content (sourire) ».

« J’ai vu trop de joueur s’obstiner et s’éteindre »

Dans un championnat thaïlandais en pleine expansion (5 joueurs étrangers par effectif, 3 sur la feuille de match), Lonsana Doumbouya fait partie des attaquants vedettes et référence. Un parcours d’une étonnante richesse qu’il n’échangerait contre rien au monde : « Plus jeune, je voulais briller en Europe, gagner des titres et rivaliser avec les meilleurs. Mais quand l’opportunité s’est présentée d’avoir tout cela mais dans un univers différent de celui que j’avais imaginé, avec la possibilité de remporter des trophées en Asie, d’être important pour mon équipe et de compter dans l’histoire d’un club, d’un pays… J’ai dit oui. Bien sûr, au début, j’ai eu peur. Et beaucoup de joueurs qui mènent la réflexion de quitter l’Europe, de s’expatrier, ont peur. C’est normal. Mais ça vaut le coup. J’ai recommencé à zéro, j’ai construit de nouveaux rêves, différents des premiers. J’ai vu beaucoup de joueurs s’obstiner à vouloir s’imposer en Europe et s’éteindre avec le temps. Je ne voulais pas ça. Alors oui, je sais que le niveau n’est pas le même qu’en Europe et que ça peut paraître moins fort que si j’avais gagné en France, en Espagne, en Angleterre.... Mais j’ai gagné (sourire). Dans mon palmarès, il y a ces titres, ces triplés. Et ça, peu importe où on joue dans le monde, ça compte ».

En route vers une prolongation ?

Sous contrat avec Buriram jusqu’en 2024, Lonsana Doumbouya prend le temps de savourer ce nouveau triplé. Avec ce que beaucoup considèrent comme « le PSG thaïlandais », il va repartir à l’assaut d’un nouveau grand chelem dans quelques mois. La suite, elle pourrait s’écrire à nouveau en Thaïlande, avec Buriram. « Avant d’arriver en Asie, je rêvais de découvrir la Chine et son championnat. J’ai réalisé ce rêve, j’y ai joué deux saisons. Juste avant de revenir en Thaïlande, le Japon me tentait. J’ai eu des opportunités d’y aller. Mais quand le plus grand club thaïlandais frappe à ta porte, tu ne peux pas refuser (rire). Donc je continue et il y a des chances que je prolonge. Je suis assez serein avec tout ça ». Sourire dans la voix, maturité dans les jambes, Lonsana Doumbouya semble avoir beaucoup d’autres chapitres à écrire avant de raccrocher.

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