A l'occasion du podcast Grand Plateau sur RMC, Jérôme Pineau, ancien coureur et directeur d'équipe aujourd'hui consultant pour la radio, a lancé l'idée de rendre payant l'accès aux passages clés ou mythiques des grandes courses, à l'image des derniers kilomètres de l'Alpe d'Huez sur le Tour de France, pour permettre aux équipes de trouver de nouvelles sources de financement. A l'analyse, il existerait un autre moyen bien plus efficace pour dégager des revenus pour les équipes.
Comme l'a encore démontré l'arrêt de l'équipe Arkea-BB Hôtels, l'économie des équipes cyclistes, 100% dépendantes des contrats de sponsoring pour leur financement, apparaît bien trop fragile et aléatoire, et le cyclisme gagnerait à ce qu'elles trouvent d'autres sources de revenus pour assurer leur viabilité au-delà de l'arrêt d'un sponsor. Conscient de cette réalité, Jérôme Pineau, ancien coureur et directeur d'équipe lui-même, qui a vécu l'arrêt de sa formation, a lancé une idée sur RMC pour trouver de nouveaux financements pour les équipes.
Faire payer le public ? Option improbable
Il l'a expliqué en détail à l'occasion du podcast Grand Plateau sur RMC, comme rapporté par cyclismactu.net : « Je vais en choquer certains, mais ils ont créé une étape qui va monter deux fois l’Alpe d’Huez. Privatisons donc les cinq derniers kilomètres de l’Alpe d’Huez. Faisons payer l’entrée, ayons des VIP, créons quelque chose pour gagner de l’argent ! Historiquement, le cyclisme est un sport populaire, un sport libre. Mais un sport libre où il n’y a plus de coureurs sur la route parce qu’il n’y a que deux équipes, Bahreïn et les Émirats arabes unis, est moins amusant, n’est-ce pas ? Les spectateurs viennent regarder la course pour voir vos coureurs, mais vos coureurs n’ont rien sur la feuille de revenus. C’est ce qui n’est pas juste. Des zones d’accueil sont organisées sur le Tour et dans d’autres grandes courses, mais c’est l’organisateur qui prend l’argent, pas les gens qui font le spectacle ».
Il existe une solution plus efficace pour que les équipes dégagent des ressources
Est-ce une réelle possibilité ? Il est permis d'en douter. Outre le fait qu'il faudrait que les organisateurs acceptent de redistribuer une grande partie des revenus générés aux équipes, ce qui est loin d'être gagné, il apparaît très peu probable qu'en dehors de quelques passages mythiques des grandes classiques, du Tour de France voire du Giro, il existe un réel potentiel financier derrière l'idée, au point de constituer une réelle source de financement pour les équipes. Plus efficace, assurément, serait la redistribution par les organisateurs des grandes courses (Grands Tours, grandes classiques), d'une part des revenus des droits télés. Le sujet est sur la table, mais très sensible, car conflictuel. Si l'idée est bien sûr de constituer un panel de ressources, dans lesquelles les droits TV pourrait s'inscrire, la solution la plus efficace pour permettre aux équipes de se financer serait de constituer un véritable marché des transferts à l'image du football, les grandes équipes disposant de très gros moyens payant des transferts pour les meilleurs coureurs des échelons inférieurs, et ainsi de suite. De la sorte, en réalisant deux ou trois ventes importantes (à son échelle), une équipe pourrait assurer plus aisément son avenir en cas de d'arrêt d'un gros sponsor, quitte à réduire temporairement sa voilure. Un tel système aurait de surcroit une conséquence heureuse : la signature de contrats plus longs pour les coureurs, ce qui leur permettrait aussi d'avoir une plus grande assurance sur leur avenir personnel qu'actuellement.