Mercredi, à l’occasion du contre-la-montre du Dauphiné, premier rendez-vous au sommet entre les prétendants au Tour de France, Tadej Pogacar a subi une défaite incontestable face à Remco Evenepoel, ce qui pouvait être attendu, et à Jonas Vingegaard, ce qui l’était beaucoup moins. Le Slovène a avancé des arguments pour l’expliquer. Que faut-il en penser ? Décryptage.

A trois semaines du Tour de France, Tadej Pogacar a subi une défaite non négligeable lors du contre-la-montre du critérium du Dauphiné, laissant 49 secondes à Remco Evenepoel, vainqueur de l’étape, et surtout 28 secondes à son rival Jonas Vingegaard, alors qu’il est censé être à son avantage dans l’exercice chronométré par rapport au Danois.
« Il reste encore quelques progrès à faire sur le vélo de chrono »
Au lendemain matin de l’étape, le leader de l’équipe UAE Team Emirates cherchait logiquement à minimiser le résultat du chrono, avançant notamment l’argument habituel que l’essentiel serait d’être prêt au Tour de France, déclarant dans des propos rapportés par cyclismactu.net : « C'était un bon contre-la-montre, il faisait assez chaud, et oui, un peu déçu d'avoir perdu autant de temps. Mais je pense qu'au final, je peux tirer un bilan positif de la journée d'hier. Il reste encore quelques progrès à faire sur le vélo de contre-la-montre. Donc, une journée plutôt solide, je pense. En raison de la saison des classiques, je me suis concentré davantage sur la préparation en altitude et la préparation pour les grandes montagnes. C'était donc peut-être un peu insuffisant sur le contre-la-montre. Nous avons plutôt bien analysé hier, où nous avons perdu du temps. Je pense donc que nous pouvons également améliorer cela pour le Tour. Remco Evenepoel est toujours aussi bon en contre-la-montre, alors je m'attendais à ce qu'il soit aussi performant, je ne suis pas surpris. J'ai été impressionné, notamment sur les sept premiers kilomètres : j'ai perdu énormément de temps sur Remco et, surtout, sur Jonas, mais ensuite, j'ai été vraiment bon dans la montée et aussi dans la descente. Je verrai bien comment je me sens. Hier, juste après l'arrivée, j'étais déçu. Je me disais : ‘’Bon, maintenant je vais tout donner pour le week-end, mais on verra bien, je ne suis pas pressé’’. Bien sûr, je veux gagner le Dauphiné un jour, mais si ce n'est pas cette fois, je ne stresserai pas, car je veux vraiment être en pleine forme pour le Tour ».
L’hypothèse que Pogacar soit moins fort que Vingegaard en l’état apparaît plus probable
Que faut-il penser des arguments avancés par le leader slovène ? On en compte principalement deux. Le premier est d’attribuer en partie sa défaite contre-la-montre par un déficit de travail de l’exercice du fait d’une préparation pour le Tour de France un peu « resserrée » par une campagne de classiques intense. L’argument peut s’entendre. Mais peut-il réellement expliquer que Pogacar perde 28 secondes sur Vingegaard là où en d’autre temps, il lui en aurait pris au moins 30 ? L’hypothèse que Pogacar soit en l’état moins fort que Vingegaard apparaît plus probable. A ce sujet, le Slovène avance un deuxième argument : l’essentiel se joue au Tour de France et il lui reste trois semaines pour monter en régime, argument classique dans ce genre de circonstance, mais dont il est difficile de tirer des enseignements. Vingegaard pourrait-il être à l’inverse au top trop tôt ? Tout cela est impossible à évaluer aujourd’hui. L’intérêt principal pour Pogacar est surtout ici de se focaliser sur la suite des événements sans trop ruminer sa défaite.