Depuis 2021, Marion Rousse s'investit dans le renouveau du Tour de France Femmes. Un projet qui lui tient à cœur, elle qui a pu constater l’écart de popularité entre le cyclisme masculin et féminin durant sa carrière, de quoi l’obliger à faire une croix sur certains rêves, dont une participation à la Grande Boucle.
Marion Rousse a débuté une nouvelle mission en 2021 avec le lancement du Tour de France femmes, un projet qui tient à cœur à la compagne de Julian Alaphilippe, elle même ancienne coureuse. A l’époque, celle qui officie également sur France Télévisions pour commenter chaque été la Grande Boucle a pu remarquer la différence de popularité entre le cyclisme masculin et féminin, de quoi la motiver dans sa mission.
« Quand j'étais en carrière, on ne parlait pas de nous »
« Il y a eu des Tours de France Femmes, qui s'appelaient à l'époque la Grande Boucle féminine. Mais ça s'est terminé dans les années 80. Moi je n'ai pas eu la chance de pouvoir participer à un Tour de France Femmes. Cela n'existait pas, tout simplement parce que le cyclisme féminin n'était pas assez développé. Quand j'étais en carrière, on ne parlait pas de nous, on n'avait pas l'impression d'avoir un statut social car on ne voyait pas de cyclisme féminin à la télé », regrettait Marion Rousse en janvier 2024, interrogée par Geo.
« Tu regardes le Tour de France chaque année, et tu sais que puisque tu es une femme, tu ne le feras jamais »
Alors qu’elle a mis un terme à sa carrière en 2015, Marion Rousse a déjà constaté une vraie différence dans le cyclisme féminin en à peine dix ans. « J'ai l'impression de ne pas avoir fait du tout le même sport, affirmait-elle. Nous, on dormait dans des lycées, les médias ne s'intéressaient pas à nous, il n'y avait pas d'argent… Seulement quatre ou cinq filles étaient rémunérées pour faire du vélo, donc c'était forcément les mêmes qui gagnaient. Moi, j'étais cycliste professionnelle, mais je n'avais de "professionnelle" que le mot, parce qu'il fallait que j'aille m'entraîner le matin, et que j'aille travailler l'après-midi pour gagner de l'argent. Heureusement, ça a évolué. Je me bats aussi pour ça en tant que directrice de course, parce que justement, j'ai vécu l'avant. C'est hyper triste quand tu es jeune – moi, j'ai commencé la compétition quand j'avais six ans : tu regardes le Tour de France chaque année, et tu sais que puisque tu es une femme, tu ne le feras jamais. En plus, on ne pouvait s'identifier qu'à des garçons puisqu'il n'y avait qu'eux qu'on voyait courir. Donc de voir maintenant des petites filles qui peuvent rêver, s'imaginer cyclistes professionnelles, et en plus un jour faire le Tour, c'est génial ! Il y a encore dix ans, on ne pouvait pas l'imaginer. »