WWE - Hulk Hogan : Le scandale avant sa mort…
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Hulk Hogan, légende incontestée du catch, s'est éteint à 71 ans, laissant derrière lui une empreinte indélébile sur l'industrie du divertissement sportif. Connu pour ses performances sur le ring et son charisme, sa carrière fut marquée par des succès importants et des controverses qui ont divisé les fans, dont un scandale raciste dont il ne s’est jamais remis.

Depuis jeudi, et l’annonce du décès de Hulk Hogan à l’âge de 71 ans des suites d’un arrêt cardiaque, les messages se succèdent pour saluer la mémoire du légendaire catcheur reconnaissable par son bandana et sa moustache blonde, qui a grandement contribué au succès international de la discipline à partir des années 1980. Dwayne "The Rock" Johnson a rendu hommage au « plus grand de tous les temps », tandis que Vince McMahon, ex-patron emblématique de la WWF (devenue WWE) poussé vers la sortie en janvier 2024 après avoir été visé par une accusation d'agressions sexuelles, n’a pas oublié le rôle essentiel de son ancienne tête de gondole dans la réussite de son entreprise en évoquant « un précurseur, le premier à être passé du statut de star du catch à celui de phénomène mondial ». Des messages élogieux qui ne font pourtant pas l’unanimité auprès des fans, et ce malgré l’héritage laissé par le Hulkster.

Un scandale raciste dont Hulk Hogan ne se remettra jamais

Vainqueur de The Iron Sheik au Madison Square Garden de New York en 1984 pour lancer la Hulkamania, le début du mythe, partenaire de l’acteur Mr. T lors du premier WrestleMania en 1985, adversaire du Français Andre the Giant deux ans après, toujours à WrestleMania, un show devenu en partie grâce à lui et ses six main event sur les huit premières éditions le Super Bowl du catch… Les exploits de Hulk Hogan ont été nombreux, et ce jusqu’au début des années 2000 après avoir été le leader de la New World Order chez la compagnie rivale (WCW). Les casseroles de Terry Bollea, son vrai nom, ne manquent pas non plus. Quelques années après la divulgation d’une sextape, Hulk Hogan se retrouva au cœur d’une autre controverse plus grave en 2015 qui restera collée à sa peau jusqu’à ses derniers jours lorsqu’un enregistrement datant de 2007 a fuité, dans lequel on l’entend tenir à plusieurs reprises des propos racistes en évoquant une relation entretenue par sa fille avec un homme noir. Son contrat légende avec la WWE sera alors rompu et son exclusion du Hall of Fame actée, avant une réintégration en 2018.

Le soutien remarqué à Donald Trump

Malgré son retour à l’écran à diverses occasions, Hulk Hogan n’est plus le héros américain qui fit l’unanimité au début de sa carrière, et chacune de ses venues s’accompagne de sifflets plus ou moins forts. Lors de sa dernière apparition à la WWE le 6 janvier 2025, pour les débuts de l’émission Raw sur Netflix, il avait été fortement hué par la foule du Intuit Dome. Son ralliement à Donald Trump, incarnant le mouvement MAGA (Make America Great Again) selon les mots du président américain jeudi soir en décrivant Hogan comme « fort, coriace, intelligent, mais avec le plus grand des cœurs », avait un peu plus clivé le public. La figure du catch US avait participé à la Convention républicaine de 2024 pour soutenir l’ancien magnat de l’immobilier, lançant à la foule, en déchirant son maillot comme lors de ses grandes heures : « Que la 'Trumpamania' devienne sauvage, mon frère ! Que la 'Trumpamania' règne de nouveau ! Que la 'Trumpamania' rende l'Amérique grande de nouveau ! ».

Une vie faite de succès et de polémiques

Hulk Hogan n’a pas attendu ses dernières années pour faire parler de lui hors du ring. Derrière la légende, l’homme ne manquait pas de défauts selon ceux qui l’ont côtoyé. À la WWE, l’Americain a usé de son influence pour maintenir sa position dominante dans la compagnie, en refusant par exemple en 1993 de céder le titre à Bret Hart, en pleine ascension. Il en sera de même à la WCW, qui lui accorda le contrôle créatif de son personnage pour le convaincre de signer, un pouvoir dont il abusera et qui sera à l’origine de la chute de l’organisation fermée en 2001 selon les spécialistes.

Hulk Hogan fut également pointé du doigt par ses pairs pour s’être rangé du côté de Vince McMahon, son patron, lorsque les stars de la WWF ont cherché à créer un syndicat pour se protéger et sécuriser leur avenir. Un projet avorté.

En 1994, une autre affaire est venue ternir l’image de Hulk Hogan lorsque celui-ci a reconnu avoir pris des stéroïdes durant son passage à la WWF, tout en affirmant l’avoir fait de sa propre initiative, sans être poussé par Vince McMahon, accusé à cette époque et acquitté grâce à ce témoignage. Hogan avait pourtant indiqué auparavant ne pas être un adepte d’anabolisants. Les mensonges, un autre trait de la personnalité de la star américaine qui multipliera au fil des années les sorties hasardeuses en affirmant par exemple qu’Elvis Presley, mort en 1977, était l’un de ses fans, ou qu’il n’était pas passé loin de devenir bassiste dans le groupe Metallica.

Au lendemain de sa mort, nombreux sont ceux qui préfèrent se souvenir du personnage héroïque de Hulk Hogan à l’écran, symbole de la pop culture, exhortant ses jeunes fans à faire leurs prières le soir, prendre leurs vitamines et à croire en eux-mêmes. D’autres, en revanche, ont plus de mal à faire abstraction de la face obscure de Terry Bollea. Seul fait incontestable, l’Immortel, comme il se faisait appeler, a changé la face du catch. Et ça, ce n’est pas un mensonge de plus.

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