XV de France : Quelle stratégie face à l’Ecosse ?
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

Dépossession ou repossession ? Le sélectionneur des Bleus a jusque-là brouillé les codes de la sémantique pour expliquer le jeu du XV de France. Mais la défaite en Irlande a remis en question la stratégie choisie par Fabien Galthié. En Ecosse, l’occupation sera prépondérante. 

Dépossession en 2022, repossession en 2023. Fabien Galthié a défini le projet de jeu des Bleus ainsi. Sans qu’on comprenne vraiment le contenu et la différence des deux. Le constat pourtant, c’est que les Bleus n’ont pas été bon dans l’occupation contre l’Irlande. Peu de jeu dans leur camp, peu de temps dans leurs 22 mètres, les Bleus ont perdu la bataille du gagne-terrain. Pire, en voulant priver les Irlandais de ballon, ils ont préféré conserver et jouer dans des zones dangereuses, et se sont brûlés les ailes face à une défense agressive et organisée. Le staff tricolore a donc perdu le match face Gregor Townsend et la mécanique bien huilée de l’Irlande (du Leinster). 

Un jeu plus restrictif

L’Ecosse, ce n’est pas l’Irlande. Le XV du Chardon a un déficit de puissance évident qu’il compense par beaucoup de mobilité et de vitesse. « Si les Bleus nous servent un jeu complétement décousu et désordonné, ça va jouer le jeu des Ecossais, explique l’ex-deuxième-ligne international David Gérard. Mais les Bleus savent aussi faire autre chose. Jouer un jeu un peu plus restrictif basé sur la puissance des avants. Il faudra qu’on soit bon dans l’occupation pour ne pas griller nos mecs trop vite. Et qu’on se mette à jouer quand on le décide dans les zones de marques. Si on joue trop loin des zones de marques ça ne sert à rien, on va crever nos joueurs. Les Ecossais n’ont pas la puissance pour nous mettre mal. Donc il faut les maintenir chez eux ». 

L’importance du jeu au pied

Après la repossession, voici donc le temps de l’occupation. Ce qui induit un bon jeu au pied. Arme en déficit évident à l’Aviva Stadium face aux « kicks » chirurgicaux des Irlandais. « On est très déficient dans le jeu au pied par rapport aux autres nations, avoue David Gérard, désormais consultant rugby sur Canal+. Pourtant, avec une bonne occupation, on se fatigue moins et on peut mettre du rythme quand on le décide, dans les bonnes zones, ou quand on pense que c’est le bon moment ». Le staff a surement ciblé les défaillances de Dublin pour mettre en place la bonne tactique au Stade de France dimanche. Et peut-être retrouver le pragmatisme qui a fait sa force l’année dernière. Ce sera surement moins romantique, mais ce sera plus efficace.

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