Galthié, Dupont, Ntamack et des ovnis : Un XV de France taillé pour être champion du monde !
Romain Amalric -
Journaliste
Journaliste depuis 20 ans, je suis homme de terrain de Canal+ sur le Top 14 et la ProD2 et correspondant pour Radio France

La Coupe du Monde de rugby ouvre ses portes le 8 septembre prochain. Et pour tout le peuple français, le rêve de voir le XV tricolore en finale le 28 octobre est bien là. Fabien Galthié et son staff le savent, ils ont entre les mains la plus belle génération du rugby français. Plus que jamais, la possibilité et l’envie d’être champion du monde, pour la première fois de son histoire et après trois finales perdues, sont là.

Inutile de tourner autour du pot : la France est favorite du prochain Mondial ! Incontestablement ! Plus que toute autre génération tricolore qui, depuis 1987, part à la conquête du Trophée Webb Ellis. Cette équipe-là, porté par un capitaine exceptionnel en la personne d’Antoine Dupont, a tout pour réussir sa quête de gagner enfin un titre mondial. Toutes les planètes sont alignées. Le XV de France est dans les rails pour aller au bout. Jamais les Bleus n’avaient autant été estampillé favori avant une Coupe du monde de rugby. Et tous les observateurs s’accordent : « Avec les derniers résultats obtenus et sa maturité dans le jeu, cette génération est exceptionnelle, confirme l’ancien demi-de-mêlée international Aubin Hueber. Rien ne peut les égratigner ».

La politique du JIFF a payé

L’ancien toulonnais a bien connu cette génération déjà double championne du monde U20 lors de son passage en tant que technicien dans les catégories jeunes à la fédération. Et pour lui, cette génération magique n’est pas le fruit du hasard. « Depuis 2015, un gros travail a été fait sous la houlette de Didier Retière et de Sébastien Piqueronnies pour faire progresser les joueurs, explique le futur manager de Grenoble. Et pas que les joueurs premiums. Lorsqu’un Romain Ntamack ou un Louis Carbonel sont sortis du lot, et ont joué dans les équipes de France en jeune, on a aussi travaillé avec des mecs comme Antoine Hastoy ou Léo Berdeu qui étaient juste derrière. On a bien bossé sur l’autonomie des joueurs et leur prise de responsabilité. Et la politique de JIFF (Jeunes Issus de la Formation Française) a aussi contribué à faire jouer les mecs dans les clubs. Aujourd’hui, on récolte les fruits de tout ce travail ». Car cette génération actuelle, c’est aussi une partie de cette équipe de France U20 championne du monde en 2018 et 2019. Une équipe qui a tout gagné et qui ne craint plus personne. Et en club, ces mêmes joueurs-là surfent sur une dynamique positive. Le championnat de Top 14 est l’un des meilleurs du monde. Et depuis trois saisons, les clubs français font la razzia dans les deux coupes d’Europe. De quoi décupler la confiance à l’heure de partir défier les autres grandes nations avec le maillot bleu.

Un groupe de 42 et plus pour gagner le Mondial

Il y a quelques semaines, à Montgesty, dans son village lotois natal, devant la presse, Fabien Galthié avait annoncé qu’il y avait de la place pour tout le monde avant l’échéance du Mondial. Plus précisément, il avait incité tous les joueurs qui ont l’ambition de faire partie de l’aventure à forcer le destin pour gagner leur place. « Ces joueurs devront avoir l'ambition de rentrer dans le vestiaire des 42. Depuis quatre ans, nous parlons avec tous les joueurs qui ont cette ambition et nous leur répétons de venir chercher ce maillot, de rentrer dans le vestiaire. J'invite l'élite du rugby français à se préparer à monter dans le bus de l'équipe de France ». C’est ainsi que dans la liste des 42 annoncés le 21 juin, on note la présence de deux petits jeunes prometteurs, et deux petits vieux revenants. Des « ovnis » qui ont intégré le groupe France dans le money time. Même si Fabien Galthié se défend désormais d’utiliser le termes « ovni » : « On ne parle plus d’ovni, car on les connaît tous, explique le sélectionneur. Ceux qui émergent sont venus au moins une fois participer à un camp d'entraînement ».

Un vivier tricolore hors du commun

Pour les deux petits jeunes, chipés au dernier moment à l’équipe de France U20 qui défend actuellement son titre mondial en Afrique du Sud, il s’agit en effet de confirmation. Le centre palois Emilien Gailleton a ébloui le Top 14 de son talent cette saison, terminant meilleur marquer d’essais du championnat avec 14 réalisations. Il est considéré comme le grand futur trois-quarts centre des Bleus. Même promesse pour le jeune bordelais Louis Bielle-Biarrey au poste d’ailier ou arrière. Mais attention, leur place dans les 33 qui joueront le Mondial n'est pas acquise, le staff des Bleus a promis que la liste était modulable, en fonction des besoins, des méformes, ou des blessures. Le vivier est grand et la concurrence est rude désormais pour avoir sa place dans la liste officielle des 33 qui sera annoncée le 21 août. Au poste d’arrière, par exemple, la présence de Brice Dulin dans la liste des 42 est un indice qui laisse penser que le stage à Monaco va déjà donner quelques indications. Le Rochelais était jusque-là banni des Bleus depuis mars 2021. Son retour provoque une concurrence directe avec Melvyn Jaminet et Thomas Ramos. De même que Baptiste Serin n’a pas été appelé seulement en guise de récompense pour son retour au premier plan. Le Toulonnais va faire bouger les lignes dans la hiérarchie des demi-de-mêlée derrière Antoine Dupont. Maxime Lucu et Baptiste Couilloud le savent bien. Mais peut-on se plaindre d’avoir autant de talents ? La France peut se targuer d’avoir un vivier très important d’excellents joueurs.

Des adversaires que les Bleus ont déjà battus

Particularité de cette génération tricolore, les Bleus d’aujourd’hui ne craignent plus personne. D’abord parce que beaucoup d’entre eux ont déjà été champion du monde dans les catégories jeunes. Mais surtout parce que durant les quatre années écoulées, les Bleus de Fabien Galthié n’ont chuté qu’une seule fois à domicile. C’était contre l’Ecosse lors du Tournoi des 6 Nations 2021. Tous les autres adversaires sont tombés à Marseille ou au Stade de France. Le XV de France actuel peut également se targuer d’avoir un ratio de plus de 80% de victoires, dont une année 2022 sans aucune défaite. Et surtout les coéquipiers d’Antoine Dupont ont désormais battu tout le monde, une ou plusieurs fois. De leur succès en Australie en 2021, à leur écrasante démonstration à Twickenham face à l’ennemi anglais lors du dernier Tournoi, en passant par les victoires marquantes contre les All Blacks en 2021, ou face aux champions du monde Sud-Africains en 2022, les Bleus ont marché sur toutes les grandes nations du rugby. Y compris l’Irlande, le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Argentine. Un bilan exceptionnel en contraste avec les années difficiles durant les périodes Saint-André, Novès ou Brunel entre 2011 et 2019. Depuis 2019, cette génération Bleu n’en finit plus de grandir. Et de progresser ensemble. « La grande force de cette équipe, c’est d’avoir engrangé de la confiance collective, confirme Aubin Hueber. Désormais, la plus grosse crainte qu’ils peuvent avoir, c’est d’eux-mêmes. C’est l’équipe de France. La Coupe du monde est à la maison, il y a beaucoup d’attente. Attention à la pression. Même si j’ai quand même l’impression, que ça coule sur eux ». Aubin Hueber est confiant car le XV de France s’appuie aussi sur des individualités fortes, talentueuses et expérimentés. Des références mondiales à leur poste tels qu’Antoine Dupont, Grégory Alldritt, Cyril Baille ou Julien Marchand. « Finalement, la plus grande crainte, c’est de péter des mecs, rappellent Aubin Hueber. Mais je fais confiance au staff pour ça ». L’été sera long, et dur pour la grosse quarantaine de Bleus qui vont préparer ce Mondial en France. Une Coupe du monde qu’ils attendent depuis des années. Les supporters aussi. C’est l’échéance de leur vie. Un immense col à gravir. Espérons qu’ils iront au sommet.

La liste des 42 de Fabien Galthié

Piliers : Atonio, Aldegheri, Baille, Bamba, Gros, Laclayat, Wardi.
Talonneurs : Marchand, Mauvaka, Bourgarit.
Deuxièmes lignes : Chalureau, Flament, Verhaeghe, Taofifenua, Willemse, Woki.
Troisièmes lignes : Alldritt, Tanga, Pa. Boudehent, Cretin, Cros, Ollivon, Macalou.
Demis de mêlée : Couilloud, Dupont, Lucu, Serin.
Demis d’ouverture : Hastoy, Jalibert, Ntamack.
Trois-quarts centre : Danty, Fickou, Gailleton, Moefana, Vincent.
Ailiers : Bielle-Biarrey, Dumortier, Penaud, Villière.
Arrières : Dulin, Jaminet, Ramos.

Le programme complet des Bleus

2-14 juillet : Stage de préparation à Monaco
24 juillet-3 août : Stage de préparation au CNR de Marcoussis
7-25 août : Stage de préparation à Capbreton
5 août : Match de préparation Ecosse-France (à Edimbourg)
12 août : Match de préparation France-Ecosse (à Saint Etienne)
19 août : Match de préparation France-Fidji (à Nantes)
21 août : Annonce liste officielle des 33 joueurs retenus pour le Mondial
26 août : Match de préparation France-Australie (au Stade de France)
 
Coupe du monde 2023
Vendredi 8 septembre (21h) : France – Nouvelle-Zélande (Stade de France)
Jeudi 14 septembre (21h) : France – Uruguay (Lille)
Jeudi 21 septembre (21h) : France – Namibie (Marseille)
Vendredi 6 octobre (21h) : France – Italie (Lyon)

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