En coulisses, Roland Romeyer et Bernard Caïazzo ne cacheraient pas leurs divergences notamment sur le profil des prochains acquéreurs. Difficile d'y voir clair pour les candidats au rachat, qui pour certains se retrouvent découragés.
En avril dernier, dans une lettre publiée dans les colonnes du Progrès, Roland Romeyer et Bernard Caïazzo officialisaient leur envie de passer la main. Présents à l’ASSE depuis 2004, les deux hommes étaient prêts à passer la main. Directeur du Directoire, Romeyer espérait boucler ce dossier avant la fin de l’année civile. « Je souhaiterais que la vente se fasse avant la fin de l’année 2021. J’espère qu’on trouvera le successeur adéquat assez rapidement, c’est-à-dire quelqu’un qui a les valeurs de l’ASSE et qui pourra l’aider financièrement afin d’aller titiller les cinq à six premières places » avait-il confié en septembre dernier. Mais les mois ont défilé et il est toujours aussi difficile d’y voir clair dans ce dossier, qui traîne en longueur. D’un point de vue sportif, le club stéphanois est au bord du précipice. Lanterne rouge du championnat, l’ASSE n’a pas le droit à l’erreur face à l’OL ce vendredi. En ce qui concerne la vente du club, ce n’est pas plus brillant. Mandaté pour sélectionner les meilleures candidatures, le cabinet KPMG avait rendu son avis il y a maintenant plusieurs mois, mais depuis, c’est le calme plat dans le Forez. En raison évidemment de la situation sportive de l’ASSE, qui décourage les actionnaires, mais aussi en raison de la relation glaciale entre Roland Romeyer et Bernard Caïazzo.
Entre Romeyer et Caïazzo, les tensions sont présentes
« C’est le froid polaire ». Un familier de l’ASSE a résumé pour RMC Sport le lien qui unit Roland Romeyer à Bernard Caïazzo. Les deux hommes, pourtant associés depuis de nombreuses années, ont deux visions opposées. « Cela laisse des traces, c’est la fin de leur histoire et Roland en a gros sur la patate de l’attitude à ses yeux, au mieux indélicate de son co-actionnaire » lâché un proche du club. Des divergences, qui ne datent pas d’aujourd’hui. En 2017, les deux dirigeants s’étaient déjà opposés au moment de trouver une solution pour la succession d’Oscar Garcia. Roland Romeyer voulait placer sur le banc Julien Sablé, tandis que Bernard Caïazzo avait jeté son dévolu sur Jean-Louis Gasset. Une opposition, qui se retrouve, aujourd’hui, dans le dossier de vente. « C’est clair que si les deux étaient sur la même longueur d’ondes, l’affaire était réglée depuis longtemps » juge une source bien informée. Atteint par la situation sportive de son équipe, Roland Romeyer, resté à Saint-Etienne, se montre le plus actif des deux, n’hésitant pas à s’entretenir avec des actionnaires locaux et étrangers. Basés à Dubaï, Bernard Caïazzo ne se montrerait pas suffisamment impliqué.
Le dossier de vente remis en question ?
« Je n’ai jamais vu le bout de son nez » a confirmé un candidat au rachat. Et pour cause, selon certains, Bernard Caïazzo chercherait à gagner du temps. Souhaitant rester dans le milieu du football selon certains acteurs, le président du conseil de surveillance traîne les pieds. « Il espère en la société commerciale qui sauvera le foot français et donc l’ASSE et donc ses parts du gâteau et donc sa présence dans le foot français » a confié une source proche de l’ASSE à RMC Sport. Toutefois, le média précise que c’était Caïazzo, qui avait présenté le dossier menant à Total Sports Investments. Un échec selon un acteur local : « Les Russes sont simplement venus voir un match de Messi ». Car Bernard Caïazzo espère un actionnaire millionnaire étranger, à l’instar de Frank McCourt à l’OM ou de Nasser Al-Khelaïfi au PSG. De son côté, Roland Romeyer ne verrait pas de mal à donner les clés à un acteur local. L’horizon est brouillé, les intentions sont floues. Devant ce marasme, certains candidats n’ont pas hésité à jeter l’éponge. « D’échanges en visio, entre novembre 2020 et juin 2021, il fallait à chaque fois amener d’autres garanties, sans jamais à l’étape d’après avoir accès à la Dataroom. Mon donneur d’ordres, une grande fortune du continent asiatique, peu au fait de ce type de fonctionnement dans ses affaires, en a pris ombrage en estimant ne pas être respecté » a admis l’un d’eux. Pour l’heure, le processus de vente est sur pause, mais le passage de témoin paraît inéluctable. Les deux hommes n’ont plus les moyens d’assurer leur mission. L’ASSE espère un miracle et un maintien en Ligue 1, ce qui pourrait permettre d’attirer des actionnaires ; En cas de descente, le club court à la catastrophe. « Car il faudra aussi gérer la baisse de train de vie d’un étage à l’autre. Et là, cela veut dire de passer d’un budget de 65M€ à une quinzaine. Personnellement, je ne sais pas faire… » explique un spécialiste des reprises d’entreprise. Une chose est sûre, l’ASSE est en danger.