Parc des Princes, Stade de France… Le PSG doit-il changer de stade ?
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Depuis quelques jours, le bruit court que le PSG songe à quitter le Parc des Princes, faute d’accord avec la ville de Paris pour racheter le stade historique du club de la capitale. Une possibilité confirmée par Nasser Al-Khelaïfi, lassé des négociations aussi houleuses qu'infructueuses avec la mairie alors que le Qatar souhaite une enceinte digne du nouveau standing de l’écurie parisienne. Un déménagement inéluctable ?

Alors que la Coupe du monde bat son plein au Qatar, avec le lancement des huitièmes de finale, le pays organisateur n’hésite pas à monter son créneau pour réhabiliter son image écornée par plusieurs polémiques, liées notamment à la question écologique et des droits humains. Mais un autre sujet commence à échauffer les Qataris, et cela concerne cette fois le PSG. Arrivé dans la capitale en 2011, le Qatar a fait passer le club parisien dans une autre dimension en recrutant certains des meilleurs joueurs de la planète (Messi, Neymar, Mbappé) tout en procédant à d’importants changements en interne, avec par exemple la construction d’un nouveau centre d’entraînement d’envergure à Poissy pour l’année 2023 ou le coup de lifting donné au Parc de Princes peu après le rachat du PSG. Mais l’état-major qatari veut désormais franchir une nouvelle étape avec le rachat du mythique stade de la Porte de Saint-Cloud, un dossier qui suscite des tensions entre la direction et la ville de Paris.

Passe d’armes entre le PSG et la mairie de Paris

Entre les deux camps, les déclarations assassines se multiplient alors que le Qatar espère mettre la main sur le Parc des Princes. « Notre première option est de rester, mais je ne pense pas que le Conseil municipal veuille que nous restions. Ils font pression pour que nous partions », a notamment déclaré Nasser Al-Khelaïfi cette semaine dans Marca, de quoi faire bondir la mairie de Paris. « Lire que la Ville veut "les chasser du Parc" est insultant », a répondu dans Le Parisien Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo. « La Ville a toujours dit sa disponibilité pour étudier les meilleurs moyens d’accompagner le développement de ce club. On avait posé deux options. Une privilégiée par le PSG, qui est celle d’acheter pour investir. Et l’autre, privilégiée par la Ville, de dire : comme vous allez investir, on est prêts à vous signer un bail sur une durée très longue qui permettra sans nul doute l’amortissement de l’investissement. Nous étions à un stade de discussions. Et là, on a vu ces déclarations. (…) Nous allons attendre qu’il revienne du Qatar et nous reprendrons les discussions, s’il le souhaite », a indiqué Emmanuel Grégoire, pas fermé à l’idée de céder le Parc des Princes, « mais au juste prix. » La question du tarif est justement le point de discorde entre les propriétaires du PSG et la mairie. « Le PSG en propose 40 millions d’euros. C’est moins cher que Paredes. Franchement ? ! Vous pensez vraiment que le Parc vaut moins que Leandro Paredes acheté 50 millions d’euros ? Ce n’est pas sérieux », peste ouvertement le premier adjoint d’Anne Hidalgo, rajoutant de l’huile sur le feu.

« Nous sommes de gentilles personnes, mais nous ne sommes pas stupides »

« Lui, il parle trop. En face de nous, il nous dit quelque chose et dans le journal sa version est différente. Ça, je ne peux pas l’accepter, a réagi samedi Nasser Al-Khelaïfi dans les colonnes de L’Équipe. S'il y a un problème, on se parle en face. Pas dans le journal. Si j'ai un message, je le fais en direct ». Alors que les rumeurs d’un départ du Parc des Princes se font insistantes depuis quelques jours, le président du PSG révèle que cela fait « cinq ans » que le Qatar tente de devenir propriétaire de son stade. « À chaque fois, on nous a dit : "Après l'élection à la mairie". Puis : "Après l'élection du Président." On a perdu cinq ans. On aurait déjà pu construire un nouveau stade. Mais regardez les autres clubs ! Nous, on a besoin de je ne sais combien d'accords. On n'avance pas dans les discussions », martèle Nasser Al-Khelaïfi, qui hausse désormais le ton face à la ville de Paris : « Nous sommes de gentilles personnes, mais nous ne sommes pas stupides. On a été très gentils, maintenant, c'est fini. Ils profitent du fait qu'on a été gentils. Ça suffit ! » 

Poissy, Saint-Cloud, le Stade de France, différentes options sur la table

L’option d’un déménagement est donc sur la table face aux négociations houleuses avec la mairie de Paris, et plusieurs options sont sur la table comme l’a reconnu Nasser Al-Khelaïfi. « Je ne peux pas vous dire où, mais on pourra construire un nouveau stade à Paris. » Selon L’Équipe, l’une des pistes du PSG se trouve à Saint-Cloud, à l’emplacement de l’hippodrome, l’autre à Poissy où s’achève justement la construction du futur centre d’entraînement de 74 hectares, une ville dans laquelle le PSG est le bienvenu. « Poissy a déjà montré sa capacité à trouver des solutions quand d’autres ne cessaient de communiquer sur les problèmes, a déclaré cette semaine au Parisien Karl Olive, député-maire de la ville située dans les Yvelines. Alors si nous pouvons rendre service, avec tous les partenaires institutionnels, nous saurons saisir cette opportunité extraordinaire pour le territoire yvelinois et pour le club ! Le PSG, à l’instar du Real Madrid ou du Bayern Munich mérite un stade digne de ce nom. Après son futur centre d’entraînement, c’est la prochaine étape indispensable pour faire grandir le club et remporter de grandes compétitions. Le Parc devient un écrin trop étroit et la ville de Paris a tort de ne pas aller dans le sens du club. » Néanmoins, la construction d’un nouveau stade de grande ampleur obligerait le Qatar à réaliser un investissement tout aussi gros, estimé entre 500M€ et 1 milliard par Le Parisien, ce qui pourrait alors refroidir les propriétaires du PSG

L’autre piste serait alors à quelques kilomètres du XVIe arrondissement pour s’installer du côté du Stade de France, enceinte de plus de 80 000 places. L’objectif étant au final pour le PSG « d'augmenter les revenus et la valeur du club » avec un stade digne du nouveau statut de l’écurie parisienne, et ainsi rattraper le FC Barcelone, le Real Madrid, le Bayern Munich et les mastodontes de Premier League, en avance sur ce point. « Une fois, on a dû fermer 2 000 places à cause d'un souci. La technologie n'est pas au niveau non plus. Le PSG n'a pas le stade pour arriver au top niveau financier et même sportif, clame Al-Khelaïfi dans son interview donnée à L’Équipe, conscient malgré tout de la fronde naissante des supporters historiques face à l'idée d'un départ du Parc. J'adore le Parc des Princes, je l'ai toujours défendu, c'est le cœur du PSG. S'ils sont raisonnables, on restera pour toujours au Parc. Mais nous sommes dans une situation qui n'est plus possible. » 

Le CUP prêt à tout faire « pour que le PSG reste au Parc »

De leur côté, les supporters ont d’ores et déjà manifesté leur hostilité concernant un déménagement du PSG. « C'est au Parc que l'histoire s’écrit, rappelle le Collectif Ultras Paris dans un communiqué. Nous n'avons pas vocation à nous immiscer dans les discussions, les négociations et les rapports de force entre le club et la Mairie de Paris, mais nous savons une chose : nous nous battrons de toutes nos forces pour que le PSG reste au Parc. » Les Ultras concluant par un tacle adressé à la ville, qu'ils n'ont « jamais considéré comme un partenaire sincère du club, ni comme un soutien de ses amoureux. » Le bras de fer pourrait donc bientôt se faire à trois, tandis que le PSG ne sait pas avec certitude où il disputera ses matchs à domicile à moyen-terme.

Mais selon vous, le PSG doit-il changer de stade ? À vos votes

Articles liés