Clash à l’OM, Dimitri Payet a encore remis ça
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Dimitri Payet a décidément du mal avec ses entraîneurs. Relégué sur le banc durant la plupart de la saison par Igor Tudor, le milieu offensif n’a même pas fait le déplacement à Lille ce samedi alors que l’OM disputait un match crucial pour la deuxième place qu’il a perdu (2-1), la faute au comportement du joueur à l’entraînement. Un clash de plus pour le Réunionnais. 

Suspendu pour les deux dernières journées de Ligue 1 (l’OM a annoncé son intention de déposer un recors contre cette sanction), Dimitri Payet était attendu à Lille ce samedi pour son dernier match de la saison, voire peut-être de sa carrière alors que son avenir semble s’écrire en pointillé. Mais le Réunionnais n’était pas de la partie pour cette rencontre cruciale dans la lutte finale pour la deuxième place malgré ses dernières apparitions convaincantes. Dimitri Payet a en effet été sanctionné par Igor Tudor, comme Nuno Tavares, à cause de son attitude à l’entraînement. Vexé de ne pas être dans l’équipe des titulaires vendredi, le Français aurait eu un comportement désinvolte, amenant l’entraîneur de l’OM à le rappeler à l’ordre une première fois avant de le sortir de la séance. Ce dernier a finalement décidé de se passer des services du capitaine phocéen, en montant au créneau publiquement. « Tout le monde est logé à la même enseigne. Les joueurs qui sont prêts à aider l’équipe sont là ce soir », a-t-il lancé au micro de Canal+.

Ça n’a jamais été l’amour fou entre Payet et Tudor

Cet épisode pourrait donc venir conclure une saison très éprouvante pour Dimitri Payet, qui a vu son statut voler en éclat après le remplacement de Jorge Sampaoli par Igor Tudor. Entre les deux hommes, la relation a rapidement été compliquée, le Croate voulant asseoir son autorité dès ses premiers pas à Marseille en imposant ses idées. Selon L’Équipe, plusieurs joueurs de l’OM avaient été heurtés par cette manière de faire, dont le milieu offensif au cours d’une préparation estivale qui avait fait parler, avec plusieurs prises de bec à noter. « Oui, ça a été dur au début, confiait Payet en octobre sur Prime, détaillant ses rapports avec l’entraîneur. Mais pas dur comme tout le monde le dit : "Payet-Tudor, ça ne passe pas". Dur envers moi. Tu peux dire ce que tu veux. Il a des méthodes dures, il est brut, il nous rentre dedans. Mais il est entraîneur et un entraîneur, c'est loin d'être fou. Si tu lui fais gagner des matchs, il te fera jouer. Il n'est pas fou l’entraîneur. C'est plus envers moi-même. Il faut que je fasse plus. (...) Je ne dis pas que je ne m’entends pas avec le nouveau coach. Mais c’est une autre façon de fonctionner et de travailler ».

Payet et Garcia ont réglé leurs comptes en public 

Si Dimitri Payet n’avait pas voulu en rajouter une couche sur Igor Tudor au début de la saison, il n’avait en revanche pas mâché ses mots au moment de revenir sur sa relation avec Rudi Garcia avant de le retrouver lors d’un Olympico en novembre 2019. « Je n'oublie pas l'année de la Coupe d'Europe. Mais ce fut difficile après et nos rapports se sont détériorés. Je ne l'oublie pas non plus. Je parle de mon cas personnel. Il y a eu des moments plutôt chauds, une communication qui ne passait plus, des prises de tête. J'ai un caractère assez fort, ça n'aidait pas non plus. On ne s'est pas séparés en bons termes on va dire », reconnaissait-il. Un an plus tard, Rudi Garcia lui répondait sèchement sur La Chaîne L’Équipe : « Si ça (les critiques, ndlr) arrive a posteriori, passez-moi l'expression, mais le joueur n'a pas de couilles. Il faut venir dire les choses en face quand c'est le moment de le dire. Quand, parfois, il y a eu des difficultés avec mes résultats et mes équipes, il y a des joueurs qui ont été grands. Parce que s'ils n'étaient pas d'accord, on échangeait. Celui qui ne dit rien, c'est que c'est un sournois et que ce n'est pas un mec franc du collier. » 

Dimitri Payet reprocherait notamment à son ancien entraîneur le double discours qu’il aurait employé à certains moments, en lui garantissant une place de titulaire lors de certains matches avant de revenir sur sa décision. Pourtant, les deux hommes se connaissaient bien après une première collaboration au LOSC, avant que Rudi Garcia s’implique pour faire revenir le Français à l’OM en janvier 2017 et lui confier le brassard. « Rudi a bataillé pour le faire revenir à l'OM, il lui a donné le brassard de capitaine au détriment de Mandanda, ce qui n'est pas rien. Il ne faut pas avoir la mémoire courte. Il y a des choses qui ne se disent pas. Il aurait dû être beaucoup plus classe », regrettait dans L’Équipe Frédéric Bompard, l'ancien adjoint de Garcia.

Retard et célébration polémique avec Villas-Boas

Remplaçant de Rudi Garcia, André Villas-Boas a lui aussi dû faire avec les humeurs de Dimitri Payet. « Il y a eu des désaccords, c’est arrivé avant et ça arrivera encore avec d’autres entraîneurs », reconnaissait le numéro 10 de l’OM, interrogé par L’Équipe en octobre 2021. L’un des épisodes marquants remonte à un match contre Montpellier en janvier de cette même année. Laissé sur le banc par AVB, Payet avait marqué après son entrée en jeu et n’avait pas oublié la décision de son entraîneur au moment de célébrer, avec un regard appuyé vers le Portugais en faisant le geste de la folie avec sa main gauche. Payet avait également semblé prononcer le mot « fou » durant sa célébration. « Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il y a eu une rupture, ajoutera le Français dans les colonnes du quotidien sportif. Il a voulu me piquer et je lui ai répondu. Ça fait partie du jeu. Pourquoi ça s’est souvent mal terminé avec mes entraîneurs ? Il faut savoir me prendre. Je ne suis pas quelqu’un de facile, même si j’ai l’impression qu’avec le temps je m’adoucis. Mais c’est vrai que j’ai un caractère assez fort et que ça a pu se tendre à certains moments. »

Un épisode survenu quelques jours après un retard à l’entraînement de Dimitri Payet au retour de la trêve hivernale. André Villas-Boas n’avait pas hésité non plus à faire pression sur son joueur pour que celui-ci perde du poids, décidant de le laisser sur le banc tant qu’il ne passait pas sous la barre des 80kg. De quoi visiblement irriter le principal intéressé. 

Bielsa a explosé 

Le ton était également monté quelques années auparavant entre Dimitri Payet et Marcelo Bielsa. En 2014 déjà, le milieu offensif avait raté un match face au LOSC à cause d’une séance d’entraînement qui n’avait pas été du goût d’El Loco. Celui-ci avait rappelé au bout d’une heure un groupe de joueurs formé pour une opposition, dans lequel figurait Payet, alors que la séance devait durer initialement 2h15. S’en était suivi un gros coup de gueule de Marcelo Bielsa selon les informations divulguées à l’époque par RMC, une colère dont avait été la cible le finaliste de l’Euro 2016 avec les Bleus : « Toi, tu peux partir en vacances. Personne n'est indispensable. »

« Il y a une histoire lors d’un entraînement où j’en ai fait un peu moins, pour ne pas dire rien, confirmera Payet dans un documentaire de RMC Sport consacré à Marcelo Bielsa. C’est l’un de ses intendants qui met le feu aux poudres car sur la dernière action de l’entraînement, je fais un petit pont et je marque et l’intendant me félicite. C’est là où il pète les plombs: ‘Tu le félicites alors qu’il n’a rien fait de l’entraînement, il n’a fait que ça et tu le félicites!’ Il fait rentrer tout le monde aux vestiaires. On jouait le dimanche, on était le vendredi et il me dit: 'Tu peux y aller, tu peux partir en vacances, on n’aura pas besoin de toi dimanche'. C’est fou mais c’est lui, et ça m’a fait une petite piqûre de rappel, même si j’étais très bon en match et que je faisais une super saison. Même là, à l’entrainement, je n’avais pas le droit de faire un peu moins. J’ai eu deux jours de vacances de plus. (Sourire.) » Un clash qui n'a pas pour autant terni l’image de Bielsa dans l’esprit de Payet : « C’est un entraîneur qui m’a fait franchir un cap, comme à tous les autres joueurs qui étaient avec moi. Quasiment tout le monde est parti après et a réussi là où il est allé car il nous a rendu meilleurs et plus forts. » 

Le schéma semble donc se répéter pour Dimitri Payet, piqué au vif lorsque son statut est remis en cause à l’Olympique de Marseille à cause de sa méforme physique ou de ses prestations irrégulières sur le terrain ou à l’entraînement. Cette fois-ci, c’est donc Igor Tudor qui en a fait les frais, n’hésitant pas à se passer des services de son joueur pour un match décisif.

Articles liés