Tour de France : Les 5 prologues les plus marquants de l'histoire
Alexandre Higounet

S’il donne toujours quelques petites indications sur l’état des forces en présence, un prologue n’apparaît que rarement déterminant pour le classement final du Tour de France. C’est pourtant arrivé une fois, lors de l’édition 1989. Pourquoi ? Découvrez les cinq prologues les plus marquants de l’histoire de la Grande Boucle.

1995

En 1995, en pleine ère Miguel Indurain, qui assomme chaque année l’épreuve lors du grand contre-la-montre avant la montagne, avant de gérer ensuite son avance dans les cols, la mode est au gros rouleur capable de grimper pour gagner le Tour de France. Au sein de l’équipe Gan de Roger Legeay, héritière de la formation Peugeot des années 70 et 80, l’idée est alors de propulser l’Anglais Chris Boardman, champion du chrono, détenteur du record de l’heure et qui a démontré en quelques circonstances qu’il pouvait passer les terrains vallonnés, dans un rôle de leader du Tour. Cette année-là, l’Anglais prend le départ avec un gros niveau de forme, au point que les observateurs l’ont coché parmi les noms à suivre pour le classement final. Pour ce chrono de Saint-Brieuc, disputé pour la première fois en fin de journée pour apparaître en « prime time » à la télévision, une pluie battante s’abat sur les coureurs. Dans une partie légèrement descendante, l’Anglais chute dans un enchaînement de virages. Il se casse la clavicule. Son Tour s’arrête après quelques kilomètres de course.

2007

Si un contre-la-montre est rarement décisif sportivement, offrant tout juste quelques légères indications, il est parfois l’objet d’images spectaculaires, avec une foule impressionnante massée sur les quelques kilomètres du parcours. Si en la matière, il faut retenir une image, c’est bien celle du prologue du Tour de France disputé en 2007 à Londres. Outre les photos majestueuses des couleurs évoluant au milieu de la capitale londonienne, la foule incroyable présente ce jour-là a offert à l’épreuve des moments mémorables. A côté, anecdotique est la victoire du jour du Suisse Cancellara.

1985

En 1985, la France attend le grand retour de Bernard Hinault. Dominé l’année précédente par Laurent Fignon, alors qu’il revenait d’un an de coupure due à une opération du genou, Hinault retrouve le Tour le couteau entre les dents, avec un fort sentiment de revanche et la ferme volonté d’aller chercher un 5ème succès pour rejoindre les géants Anquetil et Merckx. En revanche, il ne pourra rendre sa monnaie à Fignon, absent pour blessure. Ce grand retour s’effectue à Plumelec, dans sa Bretagne natale. Un chrono particulier, avec l’arrivée au sommet de la côte de Cadoudal (1.6 kilomètre à 6% de moyenne). Transcendé par le public breton en délire massé dans la bosse, Hinault arrache tout et l’emporte haut la main. Il gagnera son cinquième Tour de France cette année-là et entrera définitivement dans la légende.

1986

Après la Bretagne en 1985, changement de décor en 1986, avec un prologue en terre parisienne, du côté de Boulogne-Billancourt, avec cette fois un parcours plat comme la main. Si ce prologue de 1986 a marqué les esprits, ce n’est pourtant ni pour le parcours, ni pour le résultat sportif, le gros rouleur de chez Cyrille Guimard, Thierry Marie, allant chercher la victoire, mais pour un vélo ! Celui du vainqueur du jour présentant un appui lombaire, ce qui n’était pas interdit par le règlement. Contestée par les adversaires, la victoire du Français fût bien validée par les commissaires. En revanche, l’UCI s’empressera par la suite d’interdire l’utilisation d’appuis lombaires sur les vélos.

1989

S’il y a une édition où le Tour de France s’est peut-être jouée dès le prologue, c’est bien ce Tour 1989. A priori, cela apparaît plus que surprenant, la victoire finale s’étant jouée à 8 secondes entre Lemond et Fignon, soit le plus petit écart de l’histoire, à l’occasion du chrono le dernier jour sur les Champs. Et pourtant… Ce duel Fignon-Lemond n’aurait peut-être jamais eu lieu sans ce prologue au Luxembourg. Ce jour-là, Pedro Delgado, tenant du titre, manque par inadvertance son heure de départ. Il s’élance avec un débours de 2’40’’ sur l’heure programmé. Et perd d’entrée quasiment toute chance de victoire finale à Paris, surtout qu’il enchaîne avec une fringale dans le chrono par équipe deux jours plus tard qui le place loin au général, à environ 7 minutes. Tout au long de l’épreuve, Delgado se montre le plus fort en montagne et refait son retard en marge du duel Fignon-Lemond. Sans ce débours initial, il aurait assurément joué la gagne à Paris, lui qui terminera l’épreuve 3ème à… 3’34’’ de Greg Lemond.

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