Tour de France : L’année qui change tout pour David Gaudu ?
Alexandre Higounet

Alors que Thibaut Pinot aborde le Tour de France en embuscade, sans garantie officielle qu’il joue un top classement à Paris, David Gaudu pourra avoir la possibilité de viser le général en étant protégé. S’il y parvenait, il changerait assurément de statut. Pour autant, l’affaire n’est pas si simple. Analyse.

Alors que le leader historique de la Groupama FDJThibaut Pinot apparaît en reconstruction (avec éventuellement une très belle surprise à la clé pendant le Tour de France), David Gaudu, son ancien lieutenant, se retrouve désormais régulièrement avec le costume de leader sur les grandes compétitions, à l’image du Dauphiné Libéré au début du mois de juin.

Un nouveau trou d’air au Dauphiné…

Si au Dauphiné le coureur breton a apporté plutôt satisfaction, remportant par exemple une étape de manière impressionnante devant Wout Van Aert, il n’en reste pas moins qu’il a une nouvelle fois flanché sur une journée, comme cela peut parfois lui arriver, ce qui a pour conséquence de lui fermer les portes d’un top 5 au général, voire mieux. Du côté de la Groupama FDJ, on a fatalement dû noter cette faiblesse, qui fragilise un potentiel statut de leader absolu. A l’occasion du Tour de France, David Gaudu va donc avoir l’occasion de démontrer qu’il est capable d’enchaîner trois semaines à haute intensité sans baisse de régime. S’il y parvient, avec un top 5 à la clé, il franchira alors le cap nécessaire à un statut de numéro un à la FDJ. Cyrille Guimard, interrogé par cyclismactu.net, pointe un autre danger pour le jeune coureur breton : « David Gaudu, il faut qu'il passe sans encombres les premières étapes ». Il est vrai qu’entre les étapes promises à des bordures dantesques et celle des pavés, presqu’une moitié de Paris-Roubaix, le jeune grimpeur de la FDJ sera soumis à un véritable crash-test en première semaine !

Guimard : «Je ne sens pas Pinot en capacité de jouer le général»

Thibaut Pinot débutera l’épreuve avec une position d’électron libre, les deux visant le meilleur classement possible sans s’interdire d’aller chercher une étape, mais c’est bien Gaudu qui assumera la responsabilité du leadership. Marc Madiot l’a confirmé à la veille du départ : « Nous allons partir avec un seul leader pour le classement général : David Gaudu. L'équipe est articulée autour de lui, a été pensée pour lui. Il mérite sa chance. Il a su se mettre au service de Thibaut Pinot il y a quelques années, aujourd'hui on inverse les rôles. Thibaut sera l'ange gardien de David en montagne, comme Michael Storer. Il n'y a aucune concurrence ni rivalité. Le but du jeu, c'est de partir à l'assaut. À l'assaut du podium. Même si j'ai lu que c'était trop ambitieux pour nous de le viser... On l'a déjà fait ! Et à une période où on n'y pensait pas trop. Thibaut, comme David, ont montré qu'ils étaient capables de ça, on n'a rien à envier aux autres. Si je regarde ce qu'on a effectué sur les grands évènements, on a montré qu'on était au niveau. On sera au niveau sur ce Tour de France. » Thibaut Pinot est donc laissé plus libéré, dans un rôle le lieutenant, afin d’évoluer sans pression, sans pour autant ne pas jouer le général à fond si les jambes sont là. Cyrille Guimard, sur cyclismactu.net, reste lui relativement circonspect au sujet de Pinot : « Je pense surtout qu'il se cherche... Certes, il gagne une étape au Tour des Alpes et une autre au Tour de Suisse, mais en étant le plus fort de l'échappée et non du peloton. Il ne faut donc pas se tromper sur la valeur de ces victoires et bien regarder comment il est allé les chercher et face à quelle opposition. Ceci dit, ce sont deux très belles victoires et il en avait besoin pour se remettre dans le coup. Mais est-ce qu'on peut dire qu'il va jouer la gagne du Tour grâce à ça, ça me paraît un peu difficile de le prétendre. Aujourd'hui, je ne le sens pas en capacité de jouer le classement général du Tour de France ».

Une opportunité de démontrer qu’il peut être un leader fiable

Gaudu ayant connu son trou d’air au Dauphiné, le parti pris de la Groupama FDJ reste osé et la pression sera forte sur les épaules du coureur breton. Pour le petit grimpeur français, indépendamment de son coéquipier, l’enjeu sera bel et bien là : apporter la preuve à la direction de la Groupama FDJ, et notamment à son big boss Marc Madiot, qu’il a l’étoffe pour endosser un rôle de leader sur le Tour sans connaître de jour sans.

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