Souvent malchanceux au Tour de France, alors qu’il figure indéniablement parmi les rares coureurs français qui ont été en situation de le gagner depuis Bernard Hinault en 1985, que peut espérer Thibaut Pinot alors que va débuter cette édition 2022 ? Tous les espoirs ne sont peut-être pas envolés… Analyse.
Alors que le Tour de France s’élance ce vendredi du Danemark, Thibaut Pinot va rentrer dans la compétition dans un état d’incertitude relative, si ce n’est en interne au moins dans le regard des observateurs. Le leader de la Groupama FDJ a effectué son retour au Tour de Suisse après un début de saison alternant le bien et le « un peu moins bien ». En Suisse, Pinot n’a pas cherché à jouer le classement général, laissant filer assez rapidement du temps. Inquiétant ? Pas sûr, le coureur français allant chercher une belle victoire dans la grande étape de montagne.
Deux lectures possibles du Tour de Suisse
À partir de là, que peut espérer Pinot sur le Tour ? Il y a forcément deux lectures possibles. La première, la position officielle adoptée par la Groupama FDJ, serait de comprendre que le champion français n’a plus vraiment envie de se battre pour le classement général, qu’il aborde ce Tour avec l’objectif principal d’aider David Gaudu en montagne et d’aller chercher des victoires d’étape, sans se soucier du reste. Et bien sûr, Pinot a largement le niveau pour lever les bras sur une étape du Tour. Mais il existe une seconde lecture, plus ambitieuse… Et si Thibaut Pinot avait un peu caché son jeu au Tour de Suisse ? S’il avait surtout cherché à ne pas trop en faire pour garder un maximum de jus pour le Tour de France, et, se sachant en excellente condition, pour avancer un peu caché afin de ne pas attirer le regard des favoris ni des médias pour ne pas être sous pression ? L’hypothèse se tient. Pinot a tout de même brillamment remporté l’étape reine du Tour de Suisse, il monte clairement en puissance au fil des semaines. Il pourrait arriver frais et au top au départ vendredi.
Donc on fait tout pour ne pas faire subir la pression du Tour à Pinot mais aujourd'hui il n'y a que des articles sur lui. Même la une de l'équipe lui est consacrée. ?A ce rythme là ça ne va pas être l'ange gardien de Gaudu mais son paratonnerre.
— Rémi (@Liam_8910) June 30, 2022
En 2019, Pinot était le plus fort
Si cette hypothèse s’avérait exacte, alors tous les espoirs pourraient être permis, car un Thibaut Pinot au sommet de sa forme, l’esprit libre, est capable de tous les exploits et peut lutter avec les meilleurs pour le classement général. N’oublions pas qu’en 2019, non seulement le Français a gagné au sommet du Tourmalet devant les meilleurs, mais il a ensuite démontré qu’il était le plus fort du peloton. Sans cette vilaine élongation, qui l’a contraint à l’abandon après l’avoir diminué lors de la première étape alpestre, Thibaut Pinot aurait pu réellement jouer la gagne à Paris, sachant qu’il n’était pas inférieur au Colombien Bernal, même si ce dernier montait en pression au fur et à mesure de la compétition.
Ne pas attirer l’attention des ténors…
Pour autant, il existe tout de même un élément nouveau par rapport à 2019 : il est slovène, il s’appelle Tadej Pogacar. Autant Pinot a démontré en 2019 qu’au sommet de son art, il pouvait lutter avec Egan Bernal, autant Pogacar semble encore un ton au-dessus. Il a d’ailleurs nettement dominé le coureur colombien en 2020. Pour espérer une victoire à Paris, Pinot devra encore monter son niveau par rapport à 2019, ou alors, plus probablement, peut-il faire en sorte que les circonstances de course lui offrent une ouverture pour gagner du temps au général. Et c’est là que l’on en revient à l’hypothèse d’une avancée masquée au Tour de Suisse afin de ne surtout pas attirer l’attention des grands leaders… Pour mieux tenter un coup de Trafalgar sur les routes du Tour ? Pas si impossible…