Première historique sur le Tour de France, Marion Rousse dit tout
Bernard Colas -
Journaliste
Passionné de sport, de cinéma et de télévision (à l’écran comme derrière) depuis son enfance, Bernard est journaliste pour le 10 Sport depuis 2018. Plus habile clavier en main que ballon au pied, il décide de couvrir principalement un sport adulé, critiqué et détesté à la fois (le football) et un sport qui n’en est pas un (le catch).

Alors que les coureurs se disputent le Maillot Jaune sur cette édition 2022 du Tour de France, tout ne s’arrêtera pas aux Champs-Élysées cette année. En effet, pour la première fois de l’histoire, une Grande Boucle féminine professionnelle se tiendra du 24 au 31 juillet sous la direction de Marion Rousse, enthousiaste en évoquant l’événement.

Au fil des jours, le peloton se rapproche un peu plus des Champs-Élysées. Le Tour de France s’apprête à entamer sa 14e étape ce samedi et va entrer dans sa dernière semaine. Pour l’heure, c’est Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) qui domine les débats, leader au général, mais Tadej Pogacar (UAE) reste à 2’22", de quoi prévoir une belle bataille dans les prochains jours. L’arrivée est prévue le 24 juillet, date à laquelle les fans de cyclisme auront droit à une dernière semaine bonus cette année.

« Ravie d'avoir un rôle dans cette épreuve grandiose »

En effet, le Tour de France ne s’arrêtera pas totalement sur les Champs-Élysées. Pour la première fois de l’histoire, une édition féminine professionnelle de la Grande Boucle se tiendra du 24 au 31 juillet sur un circuit de 1.033,6 km. 24 équipes s’élanceront à Paris et parcourront les régions Île-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté. Une grande satisfaction aux yeux de Marion Rousse. Alors qu’elle commente pour France Télévisions l’édition masculine du Tour de France, l’ancienne coureuse est également directrice de la Grande Boucle féminine. L’occasion pour elle de se prononcer sur ce grand rendez-vous dans un entretien accordé à France 24. « Ce poste de directrice du Tour, il représente beaucoup de choses. Il y a beaucoup de fierté. Quand on me l'a proposé, je me suis revue à l'âge de six ans commençant le vélo… Je me suis rappelé le chemin parcouru. Moi qui n'aie jamais pu participer au Tour de France, je suis ravie d'avoir un rôle dans cette épreuve grandiose », confie-t-elle. 

« On veut être encore là dans 100 ans »

Alors que les comparaisons seront forcément nombreuses avec le Tour de France masculin, Marion Rousse a notamment évoqué le tracé de l’édition féminine qui ne comporte que 8 étapes. « Sportivement parlant, les filles seraient capables de tenir trois semaines. Le Giro Donne (Tour d'Italie féminin, NLDR) d'ailleurs est un peu plus long que le Tour de France et compte déjà dix étapes. Cependant, il faut comparer ce qui est comparable et ce n'est pas le cas quand on se mesure à ce qui se fait chez les hommes, justifie la directrice du Tour de France féminin. Dans les équipes masculines, il y a environ 30 coureurs. Donc elles peuvent se permettre d'envoyer des équipes sur plusieurs fronts. Dans les équipes féminines, il n'y a qu'une dizaine de coureuses. Donc si le TDF bloquait trois semaines du calendrier de compétition, ce serait au détriment d'autres courses. Nous n'avons pas envie de ça. Il faut également voir que l'écosystème du cyclisme féminin reste faible. Il ne faut donc pas voir trop grand. On veut être encore là dans 100 ans. Donc on veut commencer par huit jours. Cependant, cette longue semaine s'effectuera dans les mêmes conditions que les hommes, avec la caravane sur toutes les étapes, des hébergements dans les mêmes conditions qu'eux. Et on ne ferme pas la porte à une durée plus longue du Tour de France Femmes dans le futur. » 

« On veut que le Tour de France soit notre grand frère et devenir une véritable 4e semaine du Tour »

Un moyen d’offrir une belle vitrine au cyclisme féminin et de susciter des vocations chez les jeunes spectatrices. « Il n'y a pas de mots sur l'impact que peut avoir ce Tour de France pour le cyclisme féminin. Que ce soit chez les hommes ou désormais chez les femmes, l'impact de cette course va bien au-delà du support, explique l’ancienne championne de France. Le milieu du cyclisme se féminise peu à peu. Personnellement, je suis fière à l'idée que des petites filles seront sur le bord de la route au mois de juillet pour apercevoir le Tour. Elles vont enfin pouvoir s'identifier à des championnes. Moi, quand j'allais voir les étapes du Tour et que je m'entraînais le soir en refaisant la course, je m'identifiais à Robbie McEwen (coureur australien trois fois vainqueur du maillot vert du classement à points entre 2002 et 2006, NLDR). Elles, elles auront enfin des modèles féminins. (…) Nous sommes dans une continuité, poursuit Marion Rousse, réfutant l’idée d’un "féminisme d’opportunisme" derrière cette idée. J'étais attentive à ça quand on m'a offert le poste. Je voulais que cette une course soit l'égale des hommes et pas une course secondaire. Christian Prudhomme, le directeur de la Grande Boucle masculine, est tout aussi impliqué dans le bon déroulé du Tour féminin. On veut que le Tour de France soit notre grand frère et devenir une véritable 4e semaine du Tour. »

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