Tour de France : Les étapes clés où tout pourrait basculer
Alexandre Higounet

Comme à chaque édition, le parcours du Tour de France recèle quelques moments clés où la course pourra se jouer et permettre aux favoris, comme aux outsiders, de faire la différence. Certains sont attendus, d’autres moins… Le 10 Sport passe au grill les étapes clés du Tour avec 7 rendez-vous à ne surtout pas manquer…

Etape 2/Etape 4 : Roskilde-Nyborg – 202.2 km / Dunkerque-Calais – 171.5 km

Comme souvent désormais, et dans un souci louable d’apporter une course de mouvements là où on ne l’attend pas forcément, les organisateurs de la Grande Boucle ont programmé certaines étapes particulièrement piégeuses dès les premiers jours de compétition. En effet, la deuxième étape, alors que la caravane sera toujours au Danemark s’annonce comme un authentique chantier. L’étape longera en effet la côte pendant toute sa partie finale, sur au moins 80km. Autant dire que le vent sera obligatoirement de la partie et que la probabilité de bordures est extrêmement élevée. Entre les équipes qui chercheront à éliminer certains sprinters avant l’arrivée et celles qui viseront une vaste opération de lessivage pour le classement général, des intérêts convergents vont apparaître pour créer une étape dantesque, susceptible de créer des écarts bien supérieurs à une étape de montagne. Au soir de cette étape, certains auront perdus le Tour c’est une évidence.

Et comme si cela ne suffisait pas, les organisateurs ont décidé d’organiser un match retour avec la 4ème étape Dunkerque-Calais, avec encore une vingtaine de kilomètres le long de la mer dans le final, créant de nouveau un terrain propice à de grosses opérations de bordure. Et ce d’autant plus qu’avant ce final dans le vent, les coureurs auront affronté un parcours particulièrement exigeant et vallonné, déjà susceptible de créer du mouvement… Cette première semaine s’annonce vraiment terrible. Et ce n’est pas fini…

Etape 5 : Lille-Arenberg – 153.7 km

Au lendemain de l’étape de Calais, les coureurs du Tour auront devant eux une nouvelle étape de folie, au cœur des pavés du nord. Et pas en échantillon comme cela pouvait parfois se pratiquer. Cette fois, ASO revient à la tradition, comme lors des années 70-80, où c’est une moitié de Paris-Roubaix que le peloton devra affronter pour rallier l’arrivée. Là encore, l’étape s’annonce destructrice pour le classement général. Ou alors propice à des revirements de situation suite aux premières étapes venteuses du Nord. Certaines équipes spécialistes vont forcément chercher à mettre une pagaille monumentale, notamment la Quick-Step, alors que d’autres formations risquent de souffrir… Si la Jumbo Visma paraît suffisamment armée pour protéger au maximum son leader Primoz Roglic, l’équipe UAE de Pogacar pourrait être mise à rude épreuve. Certes, le tenant du titre a démontré lors du Tour des Flandres qu’il savait frotter et affronter les rudesses des parcours du Nord et des pavés, mais ceux des Flandres n’ont rien à voir avec Paris-Roubaix. Cette étape, indéniablement, constitue l’une des clés du Tour de France. Si Pogacar en sort sans trop de temps perdu au général, comme de cette première semaine dans son ensemble, alors il aura assurément fait un premier très grand pas vers une victoire finale à Paris, car ensuite, il ne trouvera que des parcours plus conformes à ses qualités premières.

Etape 11/12 : Albertville-Col du Granon – 151.7 km / Briançon-Alpe d’Huez – 165.1 km

Après un enchaînement déjà corsé entre les Vosges (l’arrivée à la Planche des Belles Filles), le Jura (avec une étape exigeante et vallonnée avant l’arrivée sur Lausanne) puis deux étapes éprouvantes dans les Alpes du Nord, les coureurs arrivent ici sur deux authentiques monstres alpestres, rappelant ici le légendaire Tour 1986, celui du duel Hinault-Lemond, avec l’arrivée au Col du Granon, réputé le plus dur de France (jamais emprunté avant et après 1986…), avec ensuite la copie confirme de l’étape de 1986 Briançon-L’Alpe d’Huez, au cours de laquelle Hinault et Lemond avaient finalement enterré la hache de guerre dans la montée de l’Alpe d’Huez après avoir concassé tous leurs adversaires au préalable, le troisième, le Suisse Urs Zimmermann, arrivant seul à quasiment 6 minutes… D’abord l’étape du Granon… Déjà, avant d’arriver dans ce col monstrueux, les coureurs auront déjà gravi les lacets de Montvernier, très raides, puis l’enchaînement terrible Col du Télégraphe-Col du Galibier par son versant le plus dur… Puis le Granon : une montée terrible de 11.5 km à 9.2% de moyenne, sans absolument aucun replat (pas un kilomètre à moins de 8% de moyenne), une route étroite où se combinent la longueur, la pente et l’altitude (2450 mètres à l’arrivée). Une montée violente, infernale, où en 1986 certains coureurs connurent des défaillances mémorables, comme Jean-Claude Bagot, qui était tellement « décalqué » qu’il posa son vélo pour poursuivre à pied, avant qu’un spectateur ne lui ramène son vélo en lui signalant gentiment qu’il allait finir par avoir besoin de sa machine…

Le lendemain, autre parcours de légende, avec trois cols hors-catégorie, le Col du Galibier (par Briançon et le Lautaret cette fois), puis la Croix-de-Fer, soit deux montées absolument interminables, avant l’Alpe d’Huez pour finir. Bref, pas besoin de dessin, si la course est au rendez-vous, ces étapes vont marquer les mémoires.

Etape 14 : Saint-Etienne-Mende – 192.5 km

Après ce menu alpestre de dingue, les coureurs repartiront ce jour pour une étape piégeuse par excellence. D’apparence promise au baroudeur avec son menu très vallonné, sans quasiment aucun replat, où aucun sprinteur n’est en mesure d’arriver pour la gagne, cette étape paraît donc programmée pour être celle d’une échappée longue durée de costauds non dangereux au général, destinée à se jouer la victoire sur la montée finale de Mende, terre de l’exploit légendaire de Laurent Jalabert en 1995. Déjà, cela annonce un combat terrible dans la première journée pour que cette échappée de constitue. Combat qui en mettra partout sur la route. Et c’est là que l’étape pourrait devenir historique. Si un leader se retrouve en effet relativement esseulé ou affiche certaines faiblesses, l’étape présente un profil parfait pour une offensive en règle dans un contexte totalement désorganisé, propice à un bouleversement parmi les leaders du général. Surtout qu’il y a de fortes chances que ce parcours se déroule sous une forte chaleur, dans un climat étouffant, propices aux plus grandes défaillances.

Étape 18 : Lourdes-Hautacam – 143.5km

En ce jeudi 21 juillet, les coureurs vont aborder la dernière grande étape de montagne du Tour de France, l’étape reine des Pyrénées, avec un enchaînement très corsé du Col de l’Aubisque (16.4 km à 7.1%), du col de Spandelles (10 km à 8.3%) et de la montée finale vers Hautacam (13.6 km à 7.8%). Si l’affaire n’est pas encore réglée pour le général, les coureurs trouveront ici le terrain pour s’expliquer une bonne fois pour toute avec ces trois obstacles, qui s’enchaînent avec peu de vallée, ce qui fait que les attaques de loin risquent moins d’être annihilées par une équipe roulant dans la plaine. Au sortir de la présentation en octobre dernier, Guillaume Martin avait d’ailleurs glissé : « À chaud, c’est plutôt une impression positive que j’ai. Il y aura évidemment des pièges et des parties qui seront moins à ma convenance à l’image des étapes disputées au Danemark sur du plat et les risques de bordures. Ça le sera également sur les pavés jusqu’à l’arrivée à Arenberg. Concernant la montagne, il y a quelques étapes mythiques. On pense forcément à l’arrivée à l’Alpe d’Huez avec un dénivelé assez impressionnant de 4700 mètres. Celle d’Hautacam dans les Pyrénées sera aussi impressionnante et particulièrement intéressante puisqu’il s’agit de la dernière étape de montagne de ce Tour de France… »

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