Alors que Paul Seixas a crevé l'écran en cette fin de saison, fracassant à 19 ans à peine les portes du top niveau mondial, s'installant à la table de Pogacar et Evenepoel, la question de sa candidature au Tour de France se pose inévitablement. Du haut de sa longue expérience, lui qui a été le directeur sportif de Lucien Van Impe, Bernard Hinault, Laurent Fignon ou encore Greg Lemond, Cyrille Guimard livre un plan de vol précis au phénomène tricolore, avec un leitmotiv clair : le jour il y va sur le Tour, c'est pour le gagner.
A 19 ans à peine, Paul Seixas a ouvert en grand les portes du très haut niveau en cette fin de saison. Que ce soit lors des championnats d'Europe ou du Tour de Lombardie, deux courses parmi les plus dures de l'année au sommet du cyclisme mondial, le phénomène tricolore a joué avec les plus grands, s'invitant à la table de Tadej Pogacar et Remco Evenepoel lorsque la course s'est jouée, terminant troisième des championnats d'Europe et septième du Tour de Lombardie, une première pour un coureur de son âge sur la course italienne.
« J’ai le sentiment qu’on va rapidement basculer vers une vraie confrontation entre Pogacar et Paul Seixas »
A l'occasion de sa chronique pour cyclismactu.net, Cyrille Guimard pronostique sans hésiter qu'une rivalité Pogacar-Seixas va s'installer au sommet du cyclisme mondial dans les prochaines années : « J’ai le sentiment qu’on va rapidement basculer vers une vraie confrontation entre deux générations : Pogacar et Paul Seixas. Quand des coureurs ont du talent, du panache, du sourire et un vrai rapport avec le public, ça change tout. Et on a de la chance en France, parce qu’avec Seixas et Paul Magnier – qui est en train de devenir l’un des sprinteurs majeurs au monde – on tient peut-être deux moteurs de popularité capables de régénérer l’intérêt du grand public ».
« Aujourd’hui, il n’a pas encore la maturité physiologique et mentale »
Et si cette rivalité doit s'exprimer, ce sera en priorité sur les routes du Tour de France, pour lequel Paul Seixas va rapidement devenir un candidat à la victoire finale s'il poursuit sa progression. Mais pour Guimard, il ne sert à rien de l'aligner trop tôt sur les routes du Tour, il vaut mieux attendre le jour où il sera prêt à le gagner. Compte tenu de la longue expérience du bonhomme en la matière, lui qui a été le directeur sportif de Lucien Van Impe, Bernard Hinault ou Laurent Fignon lorsqu'ils ont ramené le maillot jaune à Paris, sa parole mérite d'être écoutée : « Seixas, ce qu’il fait depuis deux ans, c’est énorme. Le vrai risque, ce n’est pas de "le cramer" physiquement, le talent, ça ne brûle pas, mais de le bousculer psychologiquement avec des attentes démesurées. On entend les mêmes discours qu’à l’époque d’Hinault : "Faut-il le mettre tout de suite sur le Tour ?" J’ai vécu ces débats. Et je le répète : on ne va pas sur le Tour pour apprendre, on y va pour gagner. Un coureur comme Seixas ne peut pas se contenter de venir faire 6e ou 8e. Quand il viendra, ce sera pour jouer la victoire. Aujourd’hui, il n’a pas encore la maturité physiologique et mentale. Elle vient vers 21-22 ans. 2026 doit être une année de construction, basée sur les classiques, les courses d’une semaine, apprendre les pavés, les bordures, les trajectoires… apprendre à frotter. C’est ça, devenir un coureur complet. Ensuite, il pourra viser un Grand Tour. Mais pas avant d’être armé pour gagner, pas pour "participer" ».