Alors qu’il sort d’une campagne de classiques sans le moindre résultat tangible, Julian Alaphilippe est-il encore en mesure de briller au Tour de France ? Ou a minima d’espérer atteindre le niveau pour faire parler de lui à l’avant et décrocher un beau succès d’étape ? Analyse.

Après une campagne de classiques sans résultat, Julian Alaphilippe doit briller au Tour de France afin d’apporter la preuve qu’il reste un coureur capable de remporter de grandes courses. En est-il capable ? Si l’on analyse de près la situation du Français, c’est loin d’être impossible. En effet, lorsque l’on regarde la réalité des courses du champion du monde sur les classiques, le constat est à l’exact inverse de celui affiché par son manque de résultats : Julian Alaphilippe s’est véritablement rapproché du top niveau. Sur l’Amstel, son attaque en cote à 50 kilomètres de l’arrivée, a fait une vraie différence, et seul Pogacar a été en mesure de le suivre. Seulement ensuite le Français s’est mis dans le rouge dans l’échappée avec le ténor slovène et ces efforts l’ont empêché d’aller chercher un top 10. A la Flèche Wallonne, Alaphilippe a été tétanisé par la pluie battante et le froid, des conditions climatiques qu’il déteste, et il a calé dans le mur de Huy. Sur Liège, il était dans le coup pour le podium, dans un groupe de quatre en chasse derrière Pogacar dans le final, avant que des crampes intervenues à 10 kilomètres de l’arrivée ne ruinent ses espoirs.
Il lui faut répéter les efforts à intensité maximale en course
Après Liège, dans des propos relayés par cyclismactu.net, le Français préférait positiver, même si sa frustration était logiquement palpable : « Je n'ai aucun regret. Je me suis senti bien toute la journée, mais après La Redoute, j'étais à la limite. J'ai essayé de tenir avec Ciccone, Pidcock et Healy, et de pousser sur la Côte de la Roche-aux-Faucons, mais c'était vraiment difficile et les crampes sont arrivées. Je n'ai pas pu en faire plus – c'est pourquoi je n'ai aucun regret. C’est encourageant d’être à ce niveau et de me sentir fort. L’équipe a fait un travail incroyable. Nous sommes restés concentrés, avons roulé à l’avant, et au final, les résultats dépendent des jambes. Bien sûr, c’est décevant de ne pas repartir avec un gros résultat, surtout que la première partie de ma saison est presque terminée. Mais je dois rester patient. J'ai toujours tout donné et couru avec cœur. Parfois, ce sont juste les jambes. Aller chercher un résultat, j'en ai vraiment envie. Je me sens bien depuis quelques semaines, même si les résultats ne le reflètent pas ». Que manque-t-il alors à Julian Alaphilippe pour concrétiser son retour au haut niveau ? Probablement le dernier étage de la fusée, à savoir une capacité à reproduire des efforts à intensité maximale durant la course. Sur Liège par exemple, le Français était au rendez-vous du très haut niveau, mais il n’a pas tenu la distance, sans doute parce qu’il n’a plus l’habitude de se retrouver dans ces situations. Mais c’est justement avec ce type de course que le Français remettra son métabolisme en capacité de maintenir une intensité maximale pendant longtemps. On a déjà pu mesurer ses progrès entre l’Amstel et Liège. Tout cela s’avère donc au final encourageant pour la suite, notamment en vue du Tour de France.
Il aura une marge de manœuvre intéressante en juillet
De plus, du fait qu’il n’a pas concrétisé en résultats sa campagne de classiques, Julian Alaphilippe n’a pas attiré l’attention de ténors du Tour de France ni des médias internationaux. De fait, lorsque les enjeux de la prochaine Grande Boucle seront analysés, le sujet Alaphilippe ne sera pas mis sur la table. Le Français évoluera loin des écrans radars des candidats au maillot jaune, avec une grande marge de manoeuvre. Il aura assurément des opportunités lors de la première semaine pour partir dans des coups. Pas dans des échappées publicitaires vouées à l’échec, mais bien dans des étapes dédiées aux puncheurs-grimpeurs. Non seulement, le double champion du monde sera en mesure de jouer sa carte pour une victoire d’étape, mais si les circonstances de course s’y prêtent, il pourrait partir dans un coup que le peloton laissera avec une large avance à l’arrivée. De quoi alors rêver du maillot jaune et d’une aventure prolongée en jaune, la condition sine qua non pour qu’il soit en mesure d’obtenir un bon classement général à Paris.