Cyclisme - Tour de France : « Evenepoel, tant qu’il ne passera pas des pourcentages supérieurs à 6 %... »
Alexandre Higounet

A l’occasion de sa chronique pour cyclismactu.net, Cyrille Guimard, l’ancien directeur sportif de Fignon et Hinault et ancien sélectionneur de l’équipe de France, est revenu sur les chances de Remco Evenepoel dans sa lutte face à Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard pour le maillot jaune. Son constat est sans appel.

Dans deux jours, le Tour va s’élancer du Nord de la France. Comme l’an dernier, Remco Evenepoel prendra le départ avec l’objectif d’aller chercher le maillot jaune. A l’image de l’analyse du jeune retraité Tomas De Gendt, le leader de la Soudal-Quickstep se présente au départ dans l’idée qu’il peut dominer Pogacar, quand bien même il sait que cela sera difficile : « Ce qui est intéressant, c'est que, pour Remco, même Pogacar n'est probablement pas hors de portée. Mais si vous êtes à sa place et que vous pensez que Pogacar est trop fort, vous êtes déjà perdu avant le départ. C'est pareil pour Vingegaard : il ne pensera pas à la deuxième place, seulement à la victoire. Je crois connaître suffisamment Remco pour savoir qu'il pense pouvoir battre Pogacar dès le premier contre-la-montre. Après tout, Remco était presque 45 secondes plus rapide que lui au Dauphiné. S'il remporte ce premier contre-la-montre et ne perd pas autant de temps en montagne ensuite, Remco pensera qu'il pourra battre Pogacar au classement général ».

« Arriver prêt, cela veut dire qu’il soit beaucoup plus maigre qu’il ne l’est »

Evenepoel a-t-il vraiment une marge de manœuvre ? A l’occasion de sa chronique pour cyclismactu.net, Cyrille Guimard a livré un constat sans appel : « Evenepoel, je ne le sens pas. Du moins, pas pour jouer à ce niveau-là. Tant qu'il ne passera pas les pourcentages à plus de 6%, ce sera exclu pour lui de l'emporter. A moins qu'il ait fait ce qu'il fallait pour les passer. Je n'attends qu'une chose, c'est qu'il arrive vraiment prêt au départ du Tour. Ce n'était pas le cas l'an dernier. Arriver prêt, ça veut dire qu'il soit beaucoup plus maigre qu'il ne l'est. C'est pour ça que je parlais des 6%. Dans les ascensions, quand ça passe au-dessus, son rapport poids-puissance devient défavorable. Mais en a-t-il conscience ? Est-ce que les gens qui le conseillent et l'encadrent lui ont fait prendre conscience que quand vous avez des kilos en trop, il faut les monter ? Et les monter, ça coûte de l'énergie, ça coûte des watts. C'est la raison. Plus la pente est importante et plus le poids en trop devient un élément de votre incapacité à suivre. Oui, s'il arrive à son poids de forme, il peut éventuellement jouer, dans la mesure où il y a un contre-la-monte sur lequel il pourrait faire des écarts. Le deuxième étant en bosse, sur celui-là, il risque plutôt de perdre du temps que d'en gagner. Honnêtement, je le vois acteur, mais pas pour gagner le Tour de France ».

Tout pourrait avoir changé cette année...

L’analyse de Cyrille Guimard apparaît incontestable sur le fond. A une nuance près : il se pourrait qu’Evenepoel ait justement fait ce qu’il fallait cette année. En effet, à la vue de son visage et de sa silhouette lors du championnat de Belgique disputé dimanche dernier, le leader de la Soudal-Quickstep est apparu exceptionnellement affûté, vraiment amaigri. Le signe que le champion belge a bien cerné d’où venait ses difficultés en montagne et qu’il a agi en conséquence pour se mettre au plus proche du duo Pogacar-Vingegaard

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